L’Eglise vous accompagne


Michel BOUVOT
diacre, président de la Fédération nationale des CPM

Le sacrement de mariage est le seul sacrement qui engage deux êtres avec Dieu, c’est pour cela qu’une préparation sérieuse s’impose. Celle-ci n’est pas à envisager uniquement dans les temps qui précèdent le mariage mais tout au long de la vie de ceux qui se lancent dans cette aventure formidable du mariage. Ainsi, la préparation va-t-elle permettre de passer ensemble du stade de la promesse à la réalité librement consentie du mariage : engagement irréversible fécond et fidèle. De même qu’on ne construit pas une maison sans avoir réfléchi à son implantation, à son financement, à son nombre de pièces, on ne se marie pas sans avoir réfléchi à l’origine de son amour, à ce qui le fera grandir, à ce que l’on veut qu’il soit. La préparation ne peut donc se résumer à quelques rencontres avec le prêtre ou le diacre et à une soirée - si riche soit-elle - proposée par les CPM. C’est dès le plus jeune âge de l’enfant que l’amour se construit, comme il grandira dans l’exigence de l’amour fraternel.

Les étapes de la préparation

La préparation au mariage doit s’envisager de façon continue et en respectant trois étapes, ainsi que nous le rappelle Familiaris Consortio.

Eloignée

Elle commence dès l’enfance. L’éducation consiste à conduire l’enfant à se découvrir lui-même et à se respecter. Ce respect en sera d’autant plus facilité que l’homme respectera sa femme et réciproquement. Même si le couple n’existe plus, la façon dont on parle de l’autre engendre ou détruit le respect.

« La préparation éloignée commence dès l’enfance, selon la sage pédagogie familiale qui vise à conduire les enfants à se découvrir eux-mêmes comme doués d’une psychologie à la fois riche et complexe et d’une personnalité particulière, avec ses propres forces et aussi ses faiblesses reste la période durant laquelle on inculque peu à peu l’estime pour toute valeur humaine authentique, dans des rapports interpersonnels comme dans les rapports sociaux avec ce que cela comprend pour la formation du caractère, pour la maîtrise de soi et l’usage correct de ses propres inclinations, pour la manière de considérer et de rencontrer les personnes de l’autre sexe. […] En outre, spécialement pour les chrétiens, est requise une solide formation spirituelle et catéchétique, qui sache montrer dans le mariage une véritable vocation et mission, sans exclure la possibilité du don total de soi à Dieu dans la vocation sacerdotale ou religieuse. » (Familiaris Consortio 66)

Prochaine

Au contact des copains (copines) puis des ami(e)s, la relation d’amour s’ouvre sur la découverte de l’altérité pour conduire à l’invention de la fraternité. En effet, poursuivant un but commun, marchant dans un idéal commun, les affinités se font jour et encouragent à développer la richesse de l’autre et par là même sa propre valeur.

« …Une telle préparation, en présentant le mariage comme un rapport interpersonnel de l’homme et de la femme à développer de façon continuelle, devra encourager les fiancés à approfondir les problèmes de la sexualité conjugale et de la paternité responsable. On ne devra pas négliger la préparation à l’apostolat familial, à la fraternité et à la collaboration avec les autres familles, à l’insertion active dans des groupes, associations, mouvements et initiatives ayant pour finalité le bien humain et chrétien de la famille. »

Immédiate

Au-delà de la préparation de la célébration, elle consiste à finaliser le projet de vie qui visera à ce que chacun des futurs époux soit « inventeur » de la richesse dans la complémentarité du couple. Cette préparation mettra l’accent sur les valeurs fondamentales et incontournables du couple qu’ils vont former : liberté, fidélité, fécondité, indissolubilité. L’engagement qu’ils vont prendre, qu’il soit devant la société ou avec Dieu est irréversible, il restera inscrit dans leur histoire. « La démarche pastorale consistera, de plus, à révéler tout le sens du mariage chrétien et sa signification ecclésiale, à faire découvrir pleinement que la réalité humaine, dont ont conscience les époux, est élevée par le Christ à la grandeur de sacrement. Par la foi, l’amour humain est reconnu et vécu comme amour même de Dieu. » (Praenotanda du Rituel Romain du mariage)

« …Parmi les éléments à communiquer dans ce cheminement de foi, analogue au catéchuménat, il doit y avoir aussi une connaissance approfondie du mystère du Christ et de l’Eglise, de ce que signifient la grâce et la responsabilité inhérentes au mariage chrétien, sans compter la préparation à prendre une part active et consciente aux rites de la liturgie nuptiale. »

Cette préparation a également été redéfinie, en novembre 2002, par l’Assemblée plénière des Evêques de France. En effet dès la première orientation, le cadre est posé, qui ne fait que renforcer Familiaris Consortio.

Ainsi, notre rôle d’équipe de Centre de Préparation au Mariage ne peut pas et ne doit pas être la seule instance dans l’accompagnement catéchuménal de ceux qui, librement, s’engagent dans le sacrement de mariage.

• C’est parce que nous sommes parents que nous pouvons témoigner, envers nos enfants, de notre vie de couple, non comme modèle mais comme expérience vécue, avec ses forces et ses faiblesses. A ce sujet, il me semble important de dire et redire que, même en situation d’échec, (divorce, séparation) les membres de l’ex-couple ont quelque chose à dire de la vie de leur couple et de leur parentalité exercée en commun

• C’est parce que nous faisons partie d’un groupe social que nous devons accompagner ceux qui s’engagent sur un chemin fait de respect dans la dignité des droits de l’homme et de la femme, dans une communauté fraternelle (paroisse, mouvement...), nous devons nous mettre au service de ceux qui s’engagent sur un chemin d’amour annoncé par Jésus.

Une préparation variée

Cette préparation sera d’autant plus riche qu’elle alternera des temps de rencontre en groupe, en couple, personnelles.

En groupe

Parce que l’Eglise, peuple de Dieu, est riche de sa diversité et parce que Dieu a créé chacun de nous différent mais plein de richesses, nous nous devons d’entendre chacun et de le recevoir comme un point de départ vers une nouvelle richesse. C’est aussi au contact des autres couples (animateurs ou animés) que nous pourrons progresser dans notre vie d’homme et de baptisés. La rencontre en groupe permet d’entendre d’autres expériences (ex. : familles nombreuses… travail des deux… garde des enfants…) ; elle doit aussi permettre qu’il soit le lieu d’expression des peurs, des non-dits, des critiques par rapport à l’image souvent maltraitée de l’Eglise, institution. Enfin l’Eglise Peuple de Dieu n’est pas un ensemble d’individualités ou de dualités mais bien un peuple en marche et quoi de plus normal que des personnes qui ont un projet commun le partagent avec d’autres.

En couple

Parce que Dieu nous a voulu libre et qu’il a créé chacun de nous différents la spécificité de la rencontre en couple est nécessaire, ne serait-ce que pour vérifier que chacun des conjoints est vraiment libre devant cet engagement, notamment en raison des implications éventuelles de leur situation antérieure (orientation 2). Mais aussi en ce qui concerne tel ou tel point des valeurs essentielles du mariage qu’il faudrait approfondir avec tel ou tel couple. A ce sujet, il me semble important, voire primordial, qu’une véritable connexion s’instaure entre l’équipe de préparation au mariage et le ministre qui célèbrera avec eux ce sacrement de l’Alliance. Il en va de même pour préparer le temps de la célébration…

Personnel

Parce que chacun est aimé de Dieu dans son intégralité, il serait bon qu’il y ait un temps de rencontre entre chacun des membres du couple et le ministre du sacrement. C’est à cette occasion que certains pourront plus facilement s’exprimer. C’est peut être aussi ce moment privilégié pour faire une relecture de la vie du futur(e) marié(e) (le deuil d’une relation précédente est-il fait ?) qui peut aller jusqu’au sacrement de réconciliation. Ce temps est aussi un appel à démarrer ce dialogue nécessaire à la construction du couple, y compris sur les valeurs spirituelles, pas toujours faciles à partager (orientation 3, 1ère partie). Ce temps peut être assuré aussi par un membre de l’équipe CPM

Cette préparation serait insuffisante si nous omettions de renvoyer ce service demandé à l’Eglise à une obligation par rapport à la communauté ecclésiale.

C’est ainsi que la déclaration d’intention devra, bien sûr, permettre de préciser leur compréhension des éléments la composant (orientation 4) mais aussi quelle profession de foi par rapport à Dieu et leur engagement dans l’Eglise.

• En tant qu’homme et femme, qu’est-ce que l’engagement dans le sacrement de mariage va changer dans leur vie :

- en matière de liberté,

- en matière de fidélité,

- en matière de fécondité,

- en matière d’indissolubilité ?

• En tant que baptisé(e), qu’est-ce que le sacrement de mariage va les appeler a vivre avec Dieu :

- de la liberté,

- de la fidélité,

- de la fécondité,

- de l’indissolubilité ?

• En tant que chrétiens, comment le sacrement de mariage va-t-il les appeler à% témoigner

- dans la liberté,

- dans la fidélité,

- dans la fécondité,

- dans l’indissolubilité ?

A ce niveau, il est bon de préciser ce qu’il est possible de vivre en paroisse et que l’on peut faire cheminer d’une demande (mariage, baptême, enterrement) vers un rôle actif (eucharistie, confirmation).

Les jeunes que nous rencontrons ont décidé de poser un acte qui les engagent ; la communauté présente à leur côté au jour de l’engagement public pourrait se manifester. Il y a certainement à inventer dans ce domaine. Nous ne pourrons jamais accueillir les époux que nous rencontrons sans les rendre acteurs. A nous d’être inventifs, à nous de savoir entendre leurs besoins, leurs attentes ; la solution du parrainage est certainement une piste à creuser. Je reste cependant persuadé que (comme pour la préparation au mariage) il n’y a certainement pas de parcours préétabli mais qu’il y a à construire en fonction de leurs désirs.

Chaque fois que cela sera possible (orientation 6) la mise en route vers le sacrement de confirmation sera proposée. Cependant attention aux couples où l’un serait moteur, ne lui laissons pas porter tout(e) seul(e) cette démarche. En effet, il (elle) pourrait s’y épuiser rapidement.

C’est à nous de répondre à une personne qui manifesterait son désir de ne pas donner suite à une démarche catéchuménale : « Aujourd’hui tu ne souhaites pas donner une suite, mais demain ? »

Permettez-moi enfin de faire un petit aparté sur la place du témoin lors de la célébration du mariage et dans le sacrement du mariage (orientation 7).

• Définition :

- Une histoire en commun ;

- Des liens forts qui unissent ;

- Des valeurs sûres partagées.

• Convictions

- Renforcer par un signe cette amitié, cette histoire, ces valeurs ;

- Attester de la valeur de l’engagement ;

- Reconnaître l’autre comme digne de l’un ;

- Partager l’amour de l’un avec l’autre.

• Enjeux

- Etre co-responsable de l’engagement des deux (nullité) ;

- Etre soutien dans les joies comme dans les peines.

N’est-ce pas là la place de celui qu’ils nomment Dieu et de celle que l’on nomme Eglise ?