Le SDV dans le champ apostolique d’un diocèse


Le service diocésain des vocations est un des services de l’Eglise locale, sa mission lui est donnée par l’évêque. Cette mission concerne explicitement l’appel aux vocations spécifiques : vocation au ministère presbytéral, vocation à la vie consacrée. En France, la plupart des diocèses ont fait le choix d’avoir un autre service pour le diaconat permanent.

père Jacques Anelli
coordonnateur du Service National des Vocations

I - AU SERVICE DE TOUTES LES VOCATIONS

Dans son action et sa prise de parole, le service diocésain des vocations doit tenir compte d’interpellations contradictoires :

- "Vous ne parlez pas assez des vocations spécifiques, et principalement du ministère presbytéral ! "

- "Et le mariage, et le diaconat permanent, et les communautés nouvelles ! "

- Et celles, plus négatives, qui considèrent que les conditions actuelles de l’appel sont dépassées.

Il va de soi qu’un service diocésain s’inscrit dans la vie et le magistère de l’Eglise. Sa réflexion et ses propositions s’inscrivent donc, bien naturellement, dans ce cadre.

De plus, le terme même de "vocation" est sujet à interprétation. Pour les uns, il faudrait réserver ce mot aux vocations spécifiques ; pour d’autres, puisque toute vie est vocation, insister sur les vocations spécifiques semble être un repli frileux pour la sauvegarde de l’espèce. Ces tensions se retrouvent pour l’emploi du mot "ministère". De telles difficultés tiennent au fait que, trop souvent, on oppose ce qui s’additionne voire s’appelle.

Dans la suite du concile Vatican II, peut-on évoquer les vocations spécifiques autrement qu’en référence à la vie baptismale ? La vie consacrée et les ministères ordonnés sont des manières parmi d’autres de répondre à l’appel du Christ à le suivre. Aussi, plus que dans le passé, il faut rendre compte de ce qui justifie de tels engagements : les difficultés liées à la diminution du nombre de prêtres et la survie de tel ou tel institut n’étant pas des raisons suffisantes.

1 - Tous appelés

Il faut dire et redire que, parce que tout baptisé est appelé à la sainteté, il doit accueillir sa vie en Christ comme une réponse à l’appel du Seigneur. Et en cela, le mot "vocation" définit la vie de tous les baptisés (Lourdes 1971).

Le SDV n’est pas un service ou un mouvement comme les autres. D’une certaine manière, il ne fait pas nombre avec les autres services, les autres mouvements d’un diocèse. La pastorale des vocations doit être au cœur de toute l’Eglise. Aussi, la mission du service diocésain des vocations se situe au cœur même de tout ce qui fait la vie de l’Eglise diocésaine.

En 1981, à Lourdes, le cardinal Etchegaray, alors président de la Conférence des Evêques de France, disait :"Il ne faut pas se le cacher : notre Eglise commence à peine son exode... Nous ne sentons plus sous nos pas l’humus chrétien, qui a nourri tant de générations."

Aussi le SDV, avec tous ceux qui ont mission dans l’Eglise, se doit d’ "aller au cœur du mystère de l’évangélisation, car ce qui compte, c’est la nouveauté de la foi, le fait que Dieu se propose à une liberté humaine et vient transformer une existence" (cardinal Louis-Marie Billé, Lyon 2001 aux séminaristes de France).

Dans cet esprit, la lettre des évêques aux catholiques de France, Proposer la foi dans la société actuelle nous invite :

- à un regard lucide, sans nostalgie ni culpabilité ;

- à une prise en compte de la situation dans laquelle nous nous trouvons ;

- à une affirmation sans complexe ni arrogance de notre foi ;

- aux appels nécessaires au service de la Bonne Nouvelle.

Tous ceux qui vivent un engagement en Eglise savent bien combien cette démarche concerne déjà tous les baptisés, pratiquants ou non, et comment eux-mêmes, par leur acceptation d’un engagement en Eglise, ont éprouvé le besoin d’approfondir leur foi.

Tous les services diocésains, tous les mouvements, toutes les paroisses ont à recevoir du SDV cet élément constitutif de toute pastorale : il n’y a de service de l’autre, de vie donnée qui ne soit réponse à l’appel de Dieu de se recevoir de lui en toutes choses. Il conviendrait sans doute d’être attentif à la manière dont tous ceux qui ont en responsabilité la préparation et la célébration des sacrements de l’initiation et de celui du mariage y intègrent la dimension vocationnelle.

2 - Une Eglise appelante

Dans leur diversité, les vocations sont autant de manières de manifester et de servir la richesse de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ, et le sens dernier de toute vie. Dans la suite du Concile, cette conviction est le terreau de bien des interpellations lancées à des hommes et à des femmes de prendre leur part dans un service de l’Eglise. Nombreux sont ceux qui sont entrés dans ce dynamisme de nos communautés. Nombreux, mais insuffisants, aussi est-il important de rappeler à tous qu’ils sont appelés et qu’ils ont à vivre leur vocation baptismale en étant témoins du Christ Ressuscité.

La majeure partie des vocations au ministère presbytéral et à la vie consacrée naît dans des familles chrétiennes impliquées dans la vie de l’Eglise. Il ne semble pas absurde de penser qu’une augmentation des vocations spécifiques passe nécessairement par une implication du plus grand nombre dans la vie de l’Eglise. Seule une perception des choses à courte vue peut donner à croire que la diversité des collaborations ou des ministères nuirait aux vocations spécifiques. Les chiffres sont là, ces engagements en sont le terreau.

Permettre à chacun de se reconnaître appelé et en vivre, pour être appelant, revient à l’ensemble de l’Eglise diocésaine, mais sans doute revient-il au service diocésain des vocations d’en permettre l’effectivité.

II - AU SERVICE DES VOCATIONS SPECIFIQUES

La mission habituellement confiée aux SDV est l’appel au ministère presbytéral et à la vie consacrée (vie monastique, vie religieuse apostolique, vie missionnaire, institut séculier...) c’est-à-dire les vocations qui engagent au célibat consacré.

1 - Appel au ministère presbytéral

Osons dire que la première mission du SDV est l’appel au ministère presbytéral.

Cette mission s’enracine dans sa réalité de service diocésain collaborant, pour la part qui lui revient, à la mission de l’Evêque. Et dans ce cas précis de mettre en œuvre une pastorale susceptible de susciter les collaborateurs dont il a besoin pour la vie de l’Eglise locale.

La diminution du nombre de prêtres n’est pas la seule justification de cette priorité. L’article de Jean-Paul Russeil, "Initier une culture de l’appel" (Jeunes et Vocations n° 93) peut aider à mieux comprendre cet accent premier de la pastorale vocationnelle du diocèse. Comme il le rappelle, la vocation à un ministère appartient à la structure de l’Eglise. Ce que souligne bien le rituel de l’ordination. L’Eglise est sujet de l’appel quand il s’agit de la vocation à un ministère : "Père, l’Eglise demande que vous ordonniez..." Le dialogue initial entre ceux qui ont accompagné l’ordinand et l’évêque fait passer d’un projet personnel à la mission de l’Eglise. Enfin, précise encore cet article : "La vocation à un ministère inscrit dans une Eglise locale-diocésaine, à partir de l’évêque, c’est-à-dire à partir de l’apostolicité de l’Eglise, pour une tâche qui est au service d’hommes et de femmes situées dans une culture, une histoire, une géographie. Une vocation à un ministère se situe dans une Eglise particulière et pour un peuple."

Aussi chaque équipe diocésaine aux vocations, dans la diversité de sa composition, doit être bien au clair sur cet aspect premier de la pastorale des vocations de son diocèse. Agir autrement serait une démarche d’arrière-garde. Ensemble, dans une Eglise où chacun est appelé à prendre sa place et à être reconnu dans cet engagement, il faut avoir la conscience claire de la nécessité du ministère presbytéral pour le devenir des communautés, mais aussi pour le service de toutes les vocations.

2 - Présentation de la vie consacrée

Si le SDV est au service de la structure ministérielle de l’Eglise, il est aussi au service de tout baptisé voulant vivre la suite du Christ dans une vie donnée se caractérisant par le choix libre du célibat.

"Vivre ensemble, pour toujours, et à la manière de...", telle est la demande que fait celui ou celle qui s’engage à la vie religieuse. Sous la réserve du vivre ensemble cela est aussi vrai pour une consécration en lien avec un institut séculier, ou pour toute autre forme de consécration Aussi, encore aujourd’hui, nombre de ceux qui s’engagent dans la vie religieuse ou monastique prennent directement contact avec une communauté qui semble correspondre à leur attente ; ce qui est, d’une certaine manière, dans la nature même de ces vocations.

Même si la vocation à la vie consacrée "ne concerne pas la structure hiérarchique (ou ministérielle) de l’Eglise, elle appartient cependant inséparablement à sa vie et à sa sainteté". Il revient donc bien au SDV de la présenter, et de proposer les accompagnements nécessaires.

Dans certains diocèses existent des ateliers "vie consacrée" ; dans beaucoup d’autres, une telle structure n’arrive pas à se mettre en place. Il serait sans doute intéressant que SDV et représentants de la vie consacrée prennent du temps dans une certaine gratuité pour partager sur la présentation de la vie consacrée comme une manière possible de vivre la suite du Christ.

3 - Deux appels à ne pas opposer

Il est important de souligner que ces deux formes d’appel ne sauraient s’opposer. Il s’agit toujours d’être témoin du don de Dieu, de la manière dont chacun y répond et d’offrir un accompagnement en vue d’un pré-discernement. En amont, il convient de se donner les moyens de sensibiliser les communautés chrétiennes sur la diversité des vocations spécifiques et d’en faire la proposition.

En outre, il ne faut pas mésestimer la nécessité d’une présentation simple de ce que sont les vocations spécifiques, de ce qui les caractérise, et de dire en quoi elles sont nécessaires pour l’Eglise, parce que nécessaires pour le monde.

III - Un SDV pourquoi ?

Un travail important d’initiation aux enjeux d’une pastorale des vocations reste à faire après du plus grand nombre. Des moyens existent, notamment ceux produits par le Service National des Vocations :

  • Une revue trimestrielle, Jeunes et Vocations, qui est un véritable outil de formation et d’information. Ses dossiers s’inscrivent dans l’actualité pastorale de l’Eglise de France.
  • Un dossier d’animation produit chaque année : il n’est pas uniquement là afin de préparer la journée mondiale de prière pour les vocations ; c’est un apport théologique, pédagogique, pastoral et liturgique accessible à tous.
    Si vraiment les vocations sont l’affaire de tous, autrement que dans une prière incantatoire et une litanie de jérémiades, un tel document devrait être considéré comme un élément indispensable à tous les lieux pastoraux.

1 - Pour les autres services

Pour éviter que "Eglise d’appelés, Eglise appelante" ne soit qu’une pieuse incantation, comment dans leur responsabilité d’appel, les SDV :

  • aident-ils tous ceux qu’ils appellent à vivre leur mission comme une participation au ministère de toute l’Eglise ?
  • les accompagnent-ils dans une meilleure appropriation de la foi, dans l’écoute de la parole de Dieu et de l’enseignement de l’Eglise ?
  • leur proposent-ils un accompagnement spirituel ?

La vie diocésaine est le lieu où se vivent bien des appels, par tous les aspects de la vie diocésaine, c’est bien l’Eglise hiérarchique qui appelle des hommes et des femmes à vivre des collaborations en Eglise. Pourquoi ce type d’appel semble-t-il si peu pratiqué, en ce qui concerne notamment le ministère presbytéral, alors qu’il est pratique courante pour cet autre ministère ordonné qu’est le diaconat permanent ?

Certains disent "Comment peut-on appeler au célibat ?", "Comment peut-on appeler à un ministère qui implique le célibat ? " Et pourtant, la question du ministère sacerdotal était bien explicitement posée dans les petits séminaires ou dans les patronages. Ces lieux n’existent pour ainsi dire plus. Aussi, c’est l’ensemble de ce qui fait la vie du diocèse qui devient le lieu où peut être sollicitée la liberté d’un jeune. A un jeune bien impliqué dans la vie de la communauté chrétienne, ne faudrait-il pas oser cette question : "As-tu pensé à suivre le Christ comme prêtre ?"

Mgr Albert Rouet, dans sa préface du livre de Jean-Paul Russeil, Une culture de l’appel pour la cause de l’Evangile, constate que les vocations au ministère presbytéral s’inscrivent dans une logique de candidature semblant répondre à une grâce divine déposée directement par Dieu dans le cœur du candidat. Mais il ne faudrait pas oublier que l’Eglise est présente dans leur démarche. En effet, dans l’expérience de l’accompagnement de tels jeunes, on constate qu’ils sont le plus souvent impliqués dans leurs communautés chrétiennes. Et que c’est cet engagement, et une expérience de rencontre personnelle avec le Christ, à la suite d’une lecture continue de la Parole de Dieu, des Confessions de saint Augustin, ou bien une retraite, qui suscite en eux le désir de se mettre au service de leurs frères comme prêtre. En cela, il nous faut reconnaître qu’il y a eu don de Dieu et appel d’une Eglise vivante.

Mais, il faut le dire, ce type de démarche n’est numériquement pas suffisant pour le service des communautés chrétiennes. Au nom même de sa catholicité, notre Eglise ne peut se satisfaire que ceux qui sont signes de la communion en Christ, soient de plus en plus loin de ce que l’étymologie du mot paroisse (paroikia, groupe d’habitations voisines) supposede relative proximité.

Si toute vocation est don de Dieu, toute vocation doit être appel de l’Eglise. Aussi le SDV doit-il aider tous les acteurs de la pastorale à être responsables de l’appel au ministère presbytéral, et notamment dans l’accompagnement de jeunes participant déjà activement à la vie del’Eglise.

2 - Pour tous

Pour beaucoup encore, il s’agit "d’avoir la vocation..." et tout le monde n’a pas cette grâce. Il y a donc comme une résignation passive : "Et que fait Dieu ?" Insister sur des thèmes comme : "Toute vie est vocation", "Tous appelés : qu’il me soit fait selon ta Parole" doit aider à dépasser cette "sacralisation" de la vocation.

Dans la société occidentale actuelle, être prêtre ou engagé dans la vie consacrée est perçu, par bien des familles chrétiennes, comme n’étant pas un projet de vie bien valorisant. Il s’agit de répondre, non seulement à partir des problèmes que pose la diminution des effectifs mais aussi de l’urgence de l’annonce du salut du monde en Jésus-Christ.

Proposer à un jeune de devenir prêtre, c’est lui donner l’occasion de réfléchir sur le sens qu’il veut donner à sa vie, lui permettre de faire un choix libre. Les acteurs de la pastorale, les parents chrétiens sont-ils dans une telle disposition d’esprit ?

Il faut renouveler le regard sur le célibat consacré, comme le souligne Mgr Hippolyte Simon, dans son livre Libres d’être prêtres : la proposition du célibat dans la suite du Christ est une nouveauté de l’Evangile. Cette liberté chrétienne tranchait aux premiers siècles, elle permit par conséquent de percevoir le mariage aussi comme un choix libre et non plus comme une obligation sociale. Nous avons à redécouvrir cette dimension de liberté portée par la double proposition évangélique du célibat et du mariage. Rappeler que le célibat est un choix libre dans la suite du Christ, c’est aussi respecter ceux qui l’ont fait et le vivent.

"Il nous faut nous réapproprier le service de l’appel comme essentiel pour la vie de l’Eglise et pour sa mission" (Sr Suzanne David, au Congrès Vocations du Sud-Ouest).

3 - Pour les jeunes

Une pastorale de la proposition passe par des lieux de formation et d’initiation à la vie spirituelle. Aider les jeunes à découvrir la dimension singulière de leur existence, c’est leur dire qu’ils sont utiles aux autres. Pour cela, il faut faire exister, dans un diocèse, des lieux où les jeunes peuvent s’ouvrir à une intelligence de la foi, à un approfondissement de leur relation personnelle au Christ, des lieux où ils pourront prendre le goût du service des autres, le goût d’une vie donnée pour le service de la Bonne Nouvelle.

Ces dernières années, beaucoup ont réfléchi à l’importance d’avoir des lieux vocationnels repérables. Le service diocésain des vocations est le plus naturel de ces lieux. Il est important que son adresse soit largement diffusée et qu’il soit présenté comme un lieu où chacun puisse venir en toute confidentialité, avec la certitude que sera respectée sa liberté. Fréquemment, le délégué aux vocations est le premier témoin de la démarche d’un jeune.

Le lien qu’un service des vocations doit avoir avec ses partenaires de la pastorale des jeunes devrait de plus en plus se traduire par ces interrogations :

- Comment vos activités pastorales sont-elles au service de l’éveil d’une liberté spirituelle ?

- Comment aident-elles à "un être avec le Christ" ?

- Comment vos temps forts, notamment au niveau diocésain (marches, récollections, etc.) peuvent-ils faire une place à une animation en lien avec les vocations spécifiques ?

Le SDV doit avoir l’initiative de propositions spécifiques auprès des jeunes : elles participent à sa visibilité. Elles doivent être réalistes et déterminées.

Proposer des journées, des week-ends, des retraites, des récollections sur l’appel à suivre le Christ et présenter explicitement les vocations spécifiques n’attire pas les foules. En être conscient, c’est se donner les moyens d’honorer la démarche proposée quel que soit le nombre de réponses. Il y a là des idées nouvelles à trouver, même si pour avoir une certaine pérennité, il faut les envisager à plusieurs diocèses. Que soit clairement manifestée l’existence de groupe de recherche pour les garçons comme pour les filles. Il faut que chaque chrétien sache qu’existe un lieu qui l’aidera à réfléchir, non seulement sur sa manière de vivre son baptême, mais aussi sur les appels de l’Eglise et du monde.

Par sa simple existence, par des propositions variées, le SDV exprime l’appel à suivre le Christ dans une vie donnée pour ses frères. Il est le témoin visible d’une Eglise qui appelle.

En cela, sa propre visibilité participe à celle du diocèse. Nombreux sont les jeunes qui découvrent la réalité du diocèse en participant à un groupe de recherche.

En guise de conclusion

Il faut être lucide, même si certains n’en sont pas encore pleinement conscients : les années à venir vont être éprouvantes pour nombre de diocèses. Chacun aimerait que "la coupe s’éloigne" (Lc 22, 42). Mais par-delà l’épreuve, nous avons les promesses de la vie éternelle. Notre foi pascale doit nous aider à regarder, dans ce qui se vit, ce qui est germe d’espérance.

Synodes diocésains, rassemblements, réaménagements pastoraux aident à découvrir la réalité diocésaine, l’importance de l’Eglise locale rassemblée autour de l’évêque. De plus, "notre Eglise progresse dans le sens d’une pastorale de la proposition et donc de l’appel ; nous prenons de plus en plus l’habitude de solliciter des personnes, d’éveiller leur liberté pour répondre". Alors faut-il "désespérer de notre capacité à le faire aussi pour le presbytérat" ? Le père Patrick Braud, au congrès vocations du Sud-Ouest, précisait encore que "la tâche d’éducation du peuple chrétien, en ce sens, est l’un des défis les plus importants de la pastorale des vocations..."

A travers ces lignes, il ne s’agissait pas de décrire tout ce que peut et doit être un SDV, mais "d’inscrire le dynamisme de l’appel dans les divers aspects de la vie de l’Eglise, pour aider les jeunes à penser leur avenir en termes de réponse à Dieu qui les aime" (Dans nos communautés proposer de devenir prêtre, Commission épiscopale des ministères ordonnés). Car "la pastorale des vocations demande que nous consentions à aller nous-mêmes au bout de notre propre vocation, évangéliquement, par passion du Christ et passion de hommes." (P.Yvon Bodin, Jeunes et Vocations n° 69).

Cela passe aussi par une prière chrétienne pour les vocations. Une prière qui soit pour chacun une manière de s’en remettre à "sa douce Volonté". "Qu’il me soit fait selon ta Parole", ces mots de Marie ne sont-ils pas une école de prière et donc de vie, puisque c’est accueillir en nos vies une volonté dont nous demandons chaque jour qu’elle soit faite sur terre comme au ciel.

Prier pour les vocations c’est, pour chaque baptisé, s’offrir toujours plus à l’amour, révélé en Jésus-Christ qui a donné sa vie pour que nous ayons la vie en plénitude. C’est, pour chacun, répondre aux appels l’invitant à prendre sa place dans la vie de l’Eglise, et donner un goût d’évangile à la vie du monde.

Prier pour les vocations, c’est aussi rendre chacun attentif, et notamment les plus jeunes, aux appels de l’Eglise : pour que les communautés aient les prêtres dont elles ont besoin comme ministres de la communion et de l’invitation à la mission ; pour que des hommes et des femmes soient, dans la vie consacrée solidement enracinée dans le Christ, témoins de l’annonce du Royaume où les petits, les plus pauvres, ont la première place.

Prier le Maître de la moisson est l’affaire de tous. Une Eglise qui prie le Maître de la moisson, c’est une Eglise qui entre dans le désir du Christ, qui veut que l’Evangile soit annoncé à chacun et que soit proclamée la venue de son Règne. Que notre prière nous ouvre au don de Dieu et aux appels de son Eglise.