Edito


Eric JULIEN
Epoux

Dieu est pénible. Convenir qu’il Lui est possible d’appeler quelques hommes honorables à se donner à son service parce que faisant partie d’une élite, passe. Accepter que chacun, chacune d’entre nous reçoive à part égale un appel à travailler pour Lui dans des charismes ou des ministères variés, c’est déjà plus difficile à admettre. Surtout quand il s’agit de nos enfants. Mais qu’Il puisse appeler à son service des personnes ne correpondant pas au profil habituel du novice ou du séminariste : un comble ! Parmi ceux-là, figurent sans doute ceux que notre monde, avide d’une juvénile efficacité, a relégué au placard de la ringardise. Les " quadras " n’ont pas bonne presse. Trop d’habitudes, plus assez de souplesse, dépassés… à quarante ans, on est bon pour laisser sa part du gâteau aux dents acérées des jeunes requins… qui n’attendent que ça. Ce monde ingrat envers l’âge noble, inutile de nous en cacher, nous en avons épousé la méfiance. Qu’un quadragénaire pousse la porte de nos presbytères avec le projet bizarre d’une vocation venue d’on ne sait où, nous voilà aussitôt sur nos gardes, le dévisageant d’un air suspicieux, nous demandant si cet illuminé ne va pas nous mettre trop en retard pour la réunion suivante. Caricature ? Peut-être. Mais Dieu s’est toujours amusé à choisir qui il voulait pour les missions qu’il voulait bien nous confier. Et les Ecritures regorgent de récits de vocation ou l’élu ne correspondait pas vraiment au désir de ceux à qu’il il était envoyé. Bien sûr, restons prudents, demandons du temps, de la patience (pas trop quand même, à cinquante ans…), mais soyons, par principe, souriants devant un être qui, autant qu’un jeune de vingt ans, est " une terre sainte " parce que l’appel de Dieu a envahi son cœur. Ouvrier de la dernière heure, il a sans doute des défauts, mais qui n’en a pas ? Il a aussi une sagesse, une expérience dont toute l’Eglise peut bénéficier. Les surprises que Dieu nous ménage sont un régal spirituel pour qui sait rire de sa prétention à tout maîtriser. Dieu est pénible est c’est très bien comme ça.