Quelques points d’attention pour un premier accueil des aînés


une équipe de Responsables de Formation
de l’Internoviciat de Chevilly-Larue

Pour aider la mission des Services des Vocations auprès des " aînés " de 35 à 45 ans, il nous semble important de noter quelques points.

Un vocabulaire inadéquat

Le vocabulaire utilisé à propos de ces personnes n’est pas ajusté : les tracts de propositions des services sont souvent rédigés pour les 18-35 ans (les 35-45 ne trouvent pas de propositions spécifiques) ; d’autres portent la mention " pour jeunes de 18 à 40 ans " ! De plus, le terme " aîné " n’est-il pas celui qui, au sein des congrégations religieuses, désigne les personnes du troisième et quatrième âge ?

N’y aurait-il pas là, à l’occasion de ces difficultés de vocabulaire, une réflexion à mener pour mieux situer effectivement ces personnes ?

Deux types d’appel

Il y a une grosse différence entre les personnes de 35-40 ans et celles de 40-45 ans : le premier groupe se situe davantage dans l’élan d’un premier appel tandis que le second correspondrait à celui du " deuxième appel " tel que tout homme et toute femme peut le vivre au passage de la quarantaine.

De nombreux cas de figure

Différentes raisons conduisent ces hommes et ces femmes dans cette position " d’aîné en recherche ". Ces différentes raisons déterminent des groupes très divers et donc, aussi, des temps et des modes d’accompagnement divers suivant la manière dont se pose la question de la vocation. Plusieurs cas de figure peuvent se présenter :

Le candidat, la candidate, a déjà fait un ou plusieurs essais dans un séminaire ou institut.

Poussé par son milieu social et par ses capacités intellectuelles, il s’est investi dans une situation professionnelle passionnante et gratifiante qui a étouffé, endormi momentanément, un premier appel entendu durant l’enfance ou l’adolescence. Au bout de quelques années, il s’interroge sur ce qu’il vit et laisse resurgir cet appel.

Il est issu d’un milieu très modeste qui a laissé, ou pu laisser croire, qu’il ne pouvait pas " entrer en religion " car il n’avait pas le niveau " intellectuel ".

Il a connu une situation familiale qui ne lui a pas permis de se libérer plus tôt.

Il a vécu une conversion qui a bouleversé sa vie et la conduit à envisager maintenant une orientation radicalement nouvelle.

Il a retrouvé la foi de son enfance, recommence à croire et s’interroge sur ses choix de vie.

La variété de ces situations souligne combien chaque vocation " d’aîné " est un itinéraire bien particulier. Difficile de faire entrer ces personnes dans des programmes pré-établis ; les temps de formation et de rencontres prévus sur les diocèses ne leur conviennent pas nécessairement.

Pourtant, pour ces 35-45 ans comme pour les plus jeunes, les étapes qui précèdent l’entrée en formation dans un institut ou un séminaire sont très importantes et relèvent tout-à-fait des services que peuvent rendre les services des vocations. Un accompagnement personnel soutenu, fait d’écoute et de clairvoyance dans un climat de grande vérité aidera cette personne à articuler son désir de répondre à l’appel entendu avec la réalité de son histoire déjà riche.

Pour l’accompagnateur ou l’accompagnatrice, il faudra sans doute gérer une certaine impatience et, peut-être, prendre le risque d’une parole nette pour ne pas entretenir ce qui se présenterait clairement comme une illusion. C’est en effet un réel service rendu à la personne que de lui éviter de subir, inutilement, un échec (une entrée suivie d’une sortie).

L’expérience montre qu’il y a toujours, malgré les précautions prises, un certain décalage entre ce qui est considéré par les formateurs comme un " essai " et la manière dont la personne vit ce temps. Cette étape est revêtue, du côté du candidat, d’un caractère de décision sinon irrévocable, du moins " public " très investissant. Le retour à la vie ordinaire réclame une bonne dose d’énergie !

Il arrive qu’un accompagnateur ou une accompagnatrice de SDV reçoive une personne qui, sans prendre conseil de quiconque, a déjà arrêté son travail et demande au SDV de lui trouver un " point de chute " dans les trois mois ! Sans céder à cette pression et sans prendre la personne à contre-pied trop violemment, il faudra l’aider à clarifier ses motivations et l’inviter à se mettre dans une meilleure condition de discernement. Cela voudra peut-être dire reprendre un travail lâché trop vite sous le coup d’un bouleversement affectif trop fort.

Quand un candidat est passé par un service des vocations, les responsables de formation reconnaissent le bénéfice du travail fait au SDV : une capacité à relire et à rendre compte de sa vie et à s’ouvrir à une médiation ecclésiale ; autant d’éléments qui vont favoriser la poursuite du discernement. Les liens de confiance entre les SDV et les instituts et séminaires ne peuvent que servir les candidats et la mission de l’Eglise.