Les équipes Tibériade du diocèse de Chartres


Le diocèse de Chartres, département d’Eure et Loir, possède une superbe cathédrale connue internationalement... Mais la cathédrale mise à part, il est un diocèse de moyenne importance : 400 000 habitants répartis sur un espace peu homogène. Il est à la fois très rural (la Beauce et le Perche) et à la fois " grande banlieue " (tout le nord du diocèse). Une réalité à prendre en compte est la quasi absence d’enseignement supérieur qui rend très difficile le contact avec les plus de 18 ans.

Père Laurent PERCEROU
Maryse GIRARD

Comment ces équipes sont-elles nées ? Un peu d’histoire

  • L’évêque de l’époque, mgr Perrier, souhaitait que le SDV mette en place des équipes capables d’accompagner des jeunes en recherche de vocations particulières. Des équipes qui puissent être ouvertes également à des jeunes désireux de s’affermir dans la foi mais qui ne portaient pas un appel spécifique.
  • Ce souhait rejoignait un besoin ressenti dans le diocèse : " Les missions jeunes ", présentes dans les agglomérations les plus importantes et chargés de coordonner la pastorale des jeunes, disaient combien il leur était difficile de reprendre avec les jeunes leurs différents engagements pour y relire avec eux les signes de l’Esprit, combien il était également urgent de proposer un itinéraire de structuration de la foi pour ces jeunes en responsabilité.
  • La conjugaison de ces deux demandes déboucha sur le projet d’équipes pour lycéens et au-delà, qui soit un lieu de discernement : " à travers ce que je vis, que me dit Dieu ? " et " Que veut-il pour moi ? " Un discernement reposant sur trois piliers : l’approfondissement de la foi, la relecture de vie, la structuration de la vie spirituelle. L’idée de départ n’était donc pas un groupe pour jeunes en recherche de vocations particulières mais un groupe " tout venant " mêlant des jeunes souhaitant faire le point sur leur vie chrétienne et des jeunes portant un questionnement affirmé de vocations particulières.
  • l’élément déclencheur : le week-end " vocations " de mars 96. Vingt-deux jeunes y participèrent. Dix exprimèrent leur volonté de poursuivre la réflexion auxquels se rajoutèrent cinq autres jeunes. Ainsi démarra " Tibériade " en septembre 96.
  • A l’issue de cette année 96-97, le SDV proposa une seconde année aux cinq jeunes (3 filles, 2 garçons) en recherche de vocations particulières. Ce qui donna naissance à " Tibériade 2 ". La proposition de la 1ère année Tibériade fut faite de nouveau : douze répondirent à l’appel à la rentrée 97. Deux équipes fonctionnèrent en 97/98 avec chacune leur programme. Elles se réunissaient aux mêmes dates et aux mêmes lieux, ce qui favorisaient les contacts entre les deux équipes.
    Où en sommes-nous à la rentrée 98 ? Les " Tibériade 2 " sont devenus " Tibériade 3 ", ultime année d’accompagnement. Cinq de " Tibériade 1 " ont souhaité poursuivre leur recherche en " Tibériade 2 " et une nouvelle promotion de " Tibériade 1 " est en train de germer.

Pédagogie et organisation

Le fonctionnement de ces équipes s’inspirent largement de la plaquette proposée par le SNV intitulée " Accompagnement de groupes, points de repères pour les accompagnateurs. ".

  • Quatre rencontres sont proposées dans l’année (le samedi de 14h00 à 22h00) plus un week-end " Réco " en abbaye pour les trois équipes.
  • Chaque rencontre est centrée sur un thème qui colore les trois temps de l’après-midi : partage de vie, structuration de la foi et temps de prière-Eucharistie.
  • La rencontre est animée par un intervenant extérieur à l’équipe SDV (prêtre, religieux-religieuse essentiellement, du diocèse ou hors diocèse). Cela donne de la diversité dans les styles d’intervention, les âges, les sensibilités. Le fait que l’équipe SDV organise et structure les rencontres mais ne les anime pas permet d’observer davantage l’évolution des jeunes et donne une grande liberté pour interpeller l’intervenant, souligner ce qu’il dit d’important. L’intervenant, quant à lui, apporte son regard extérieur sur le fonctionnement des équipes et favorise ainsi les remises en cause.
  • Un dossier est expédié à chaque jeune un quinzaine de jours avant la rencontre. Il présente le thème qui sera abordé, propose quelques pistes de réflexion pour le partage de vie, donne un texte d’Ecriture à travailler et un ou deux articles à lire pour préparer le terrain au temps de structuration de la foi. Un dossier qui, même s’il n’est pas toujours travaillé à fond, permet au jeune de s’imprégner du thème et qui constitue une " mémoire " de ce qui a été découvert dans ces années " Tibériade ".

Les programmes

  • Tibériade 1 :
  1. La première rencontre veut montrer aux jeunes que Dieu parle aujourd’hui, qu’il leur fait signe et les appelle à emprunter un chemin de bonheur.
  2. " Tous appelés... Mais comment savoir que Dieu appelle ? "

  3. La seconde est consacrée à la prière :
  4. " Priez sans cesse ! " (1 Thess 5, 16-18)

    "center">La prière, constitutive de la vie chrétienne et source de l’agir chrétien.

  5. La troisième rencontre va au cœur de la foi :
  6. " Pour vous, qui suis-je ? Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ",

    une confession de foi qui met en état de conversion et de mission.

  7. La quatrième et dernière) rencontre initie au mystère de l’Eglise :
  8. " Tout commence au baptême,

    C’est sur le baptême que se fondent toutes les vocations dans l’Eglise. "

 

  • Tibériade 2 (année proposée aux jeunes en recherche de vocations particulières)

Avant même de parler de programme, deux exigences :

  • Un accompagnateur spirituel
  • La tenue d’un carnet de bord dans lequel, régulièrement, (deux à trois fois par semaine) le jeune mentionne tel ou tel événement de sa vie ou de son entourage en précisant en quoi cet événement l’a interpellé, comment il a réagi, à quelle attitude du Christ il a été renvoyé.

Au début de chaque rencontre, l’équipe prend le temps de partager ces événements apportés par les jeunes.

Thème de l’année : " au cœur de l’Eglise, je serai l’amour "

(Ste Thérèse de l’enfant Jésus)

" A LA DECOUVERTE DE L’EGLISE "

  1. Découvrir l’Eglise

Une vocation n’a de sens que si elle tient sa source de l’Eglise (c’est l’Eglise qui est médiatrice de l’appel et qui authentifie cet appel) et si elle est invitation à se mettre à son service. Or, les jeunes n’ont qu’une vision floue et brouillée de ce qu’est l’Eglise.

  1. Par une approche théologiquequi utilise le plan de l’ouvrage d’Henriette DANET, L’Eglise, aux Editions de l’atelier :
  • " église-Eglise... Quand le bâtiment-église nous parle de la communauté Eglise "
  • " Le temps des commencements : la naissance de l’Eglise. " Il est vraiment ressuscité, nous en sommes témoins ! "
  • " L’Eglise, mystère de communion "
  • " Une Eglise toute entière missionnaire "
  • b) Par une approche pratique. Rencontres de réalités ecclésiales présentes dans notre diocèse avec reprise de ces rencontres permettant une entrée dans la mission de l’Eglise.

    c) Par une découverte des différentes manières de répondre à l’appel. Vivre son baptême au quotidien ; devenir signe du Christ serviteur dans le diaconat, signe du Christ pasteur dans le presbytérat ; devenir signe de la fidélité de Dieu dans le sacrement du mariage ; devenir signe du Christ qui comble toute vie par le choix de la consécration...

  • Tibériade 3
    1. Tenue du carnet de bord et accompagnement spirituel comme pour les Tibériade 2 avec les mêmes objectifs.

    2) Prise d’un petit engagement d’Eglise(à définir avec chacun)

    3) Pour la structuration de la foi,un besoin se fait sentir :

    • centrer l’année sur la place incontournable de la Tradition. Nous nous recevons de ce qu’ont vécu nos frères et soeurs aînés dans la foi. Nous ne partons pas de zéro... Tout n’est pas à inventer !
    • Une présentation de l’histoire de l’Eglise
    • Une introduction aux grands courants spirituels avec des sous questions :
    • -Qu’est-ce que la vie spirituelle ? Quelle est ma vie spirituelle ?Comment la nourrir ?

      -Présentation des principaux courants spirituels

      4) prise de contact avec des communautés religieuses et des prêtres diocésains :

      L’an dernier chaque jeune avait pris contact durant deux week-end avec, pour les filles, des communautés religieuses et, pour les garçons, avec des prêtres diocésains. L’expérience sera poursuivie sous la forme d’une semaine durant un temps de vacances.

      En guise de conclusion, une difficulté et quelques questions que nous posent l’accompagnement de ces équipes :

      • La difficulté : Le lien avec la pastorale des jeunes (même si la proposition semblait répondre à une attente). Il est très difficile de faire connaître la proposition et d’en faire sentir la pertinence. Les mouvements, les missions jeunes, ont leur programme, leurs activités, leurs propres structures de formation. Il ne voit pas toujours l’intérêt d’une telle proposition diocésaine.

      Nos programmes ont été constitués en fonction des désirs des jeunes, de ce qui nous semblait bon pour eux, à la suite aussi de rencontres de " partenaires " : des prêtres du diocèse, des mouvements de jeunes... Mais comment bâtir un programme pour de telles équipes ? Quels seraient les passages obligés ou recommandés ?

      Dans ces équipes, nous rencontrons parfois des jeunes qui ont des difficultés psychologiques, relationnelles, affectives... Comment les aider, les orienter ? Comment, en douceur et avec charité, leur faire découvrir parfois que le chemin qu’ils envisagent n’est pas nécessairement le meilleur pour eux ?

      Des jeunes vont sortir d’une troisième année d’accompagnement... Le SDV sent bien qu’il " faut passer la main ", donner la possibilité à ces jeunes d’être accompagnés par d’autres, leur faire des propositions qui les aident à faire un pas de plus dans leur discernement. Mais comment les orienter ? En fonction de quels critères ?