Edito


Eric Julien
Laïc, marié

Former une Eglise qui appelle

Acte 3 : "Comment cela va-t-il se faire ?"

Nos deux précédents numéros nous ont permis de faire un état de la situation actuelle, puis de nous replonger dans le mystère de l’appel que Dieu adresse à chacun. Notre troisième étape continue de suivre la démarche de la Lettre aux Catholiques de France : comment, à partir de tout cela, avancer, changer ce qui doit l’être, trouver un nouvel élan... bref, comment sortir de la crise actuelle ?

On devine, derrière ce "comment", toute l’impatience qui peut être la nôtre devant un problème à règler et dont il faudrait trouver ici la, ou les solutions. Pourtant, pas de remède miracle dans ce numéro. Pas de recette ni de mode d’emploi à suivre pour que les jeunes générations répondent en masse à l’appel de Dieu et de l’Eglise. Alors ?

Alors, il s’agit pourtant, vous allez pouvoir en juger, d’un numéro remuant, secouant, presque prophétique par la richesse et la variété des remises en cause qu’il nous adresse.

Oui, la beauté et l’art, la liturgie, la vie communautaire, la pratique du service comme le don total de soi jusqu’au martyre, tout cela peut servir l’éveil à cette conscience d’être appelé de toute éternité par un formidable amour. Mais ce réveil ne peut avoir lieu si notre "comment", notre impatience à trouver des solutions à nos problèmes ne se convertit pas.

Il va donc nous falloir apprendre à prononcer notre comment avec le ton de Marie lors de l’Annonciation : "Comment cela va-t-il se faire ?". Parce que toute vocation est un travail d’enfantement, un travail à la fois collectif - le travail d’une Eglise entière -, et à la fois personnel : chaque chrétien, appelé par le Christ à la vie en Dieu, devant faire de son aventure humaine le travail d’enfantement de sa propre vocation, jusqu’à pouvoir, un jour, approcher le Père dans le face à face du Royaume.

Voilà le défi : que chaque disciple du Christ, au lieu, bien souvent de voir en la vocation un "problème" d’organisation relégué à des spécialistes, puisse se réapproprier ce mystère et dire, avec l’émerveillement et la confiance de Marie, "comment cela va-t-il se faire ?", je suis ton serviteur.