La Mission Etudiante


Henri Aubert
Aumônier national de la Mission Etudiante
chargé des Chrétiens en Grande Ecole

Présentation de la Mission Etudiante

La Mission Etudiante (1) est la fédération des 254 aumôneries d’Université et de Grande école de France. Ces aumôneries sont établies dans 121 villes de France, regroupées en 8 régions. Elles sont animées par 390 permanents nommés ou reconnus par les évêques des diocèses concernés. Elles accueillent environ 22 000 étudiants qui participent d’une manière suivie ou ponctuelle à l’une ou l’autre des activités des aumôneries. Chacune des aumôneries a un fonctionnement autonome et un programme qui lui est propre, avec une équipe d’animation composée d’aumôniers et d’étudiants.

Un conseil national se réunit quatre fois par an avec les 8 délégués étudiants et les 8 aumôniers des régions. Une équipe nationale assure le lien entre les communautés composée de trois aumôniers nationaux (Michel Clémencin, Marie-Jo Deniau et Henri Aubert) et de deux présidents étudiants (Emmanuelle Forestier, présidente de la Mission Etudiante, et Grégoire Catta, président des Chrétiens en Grande Ecole).

La Mission Etudiante et les vocations

L’âge étudiant est une période de la vie humaine où la personnalité achève de se construire et se prépare à prendre des décisions qui vont l’engager pour longtemps. La question de la vocation est donc nécessairement au coeur des préoccupations de la Mission Etudiante. La pédagogie de la Mission Etudiante vise clairement l’émergence chez le jeune étudiant d’un désir de faire quelque chose de sa vie pour les autres et, ainsi, de répondre à l’appel de Dieu.

Nombre de jeunes sont attirés par les aumôneries d’étudiants parce qu’ils y trouvent d’abord l’accueil et la convivialité qu’ils ont de plus en plus de mal à trouver ailleurs. Cependant, elles rateraient leur objectif si elles ne répondaient qu’à cette attente !

En effet, le souci des aumôniers et des équipes d’animation est de constituer des communautés chrétiennes rassemblées par la personne du Christ. C’est là que, peu à peu, se structureront des personnalités capables d’entendre l’appel universel du Christ, capables de discerner la manière d’y répondre qui leur sera propre et capables de s’y lancer. La qualité de la vie communautaire de nos aumôneries (accueil et convivialité, formation humaine et spirituelle, vie de foi et de prière), devrait permettre à des vocations de s’y épanouir.

C’est dans ce cadre qu’il convient de signaler trois points d’attention.

1. Le goût de la responsabilité et du service.

Après une période de désenchantement où les étudiants s’étaient apparemment retirés des responsabilités étudiantes à la suite des grands chamboulements des années 60, ils semblent revenir - certes en moins grande nombre et d’une autre manière - à une prise en charge responsable de leur réalité étudiante. Ils trouvent peu à peu du goût à travailler au service des autres. Ils apprennent à prendre des initiatives, à les gérer et à les mener à leur terme. Les entreprises ne s’y trompent pas qui, de plus en plus lors des embauches, reconnaissent dans un curriculum vitae ces expériences à leur juste valeur. Mais le gain n’est pas uniquement personnel et professionnel car, s’ils trouvent un réel plaisir à vivre ces engagements et développent ainsi leur personnalité, ils apprennent en même temps à répondre aux appels et aux exigences des autres, ceux qui les entourent.

Cela s’exprime d’abord au service des communautés elles-mêmes. Dans les équipes d’animation, ils participent avec les aumôniers à l’organisation de la vie de l’aumônerie. Les formes de partage des responsabilités ne fonctionnent plus comme autrefois. En de nombreux lieux de France, les statuts des associations sont repensés et écrits à nouveaux frais pour donner aux étudiants une place qui soit respectueuse de ce qu’ils sont, de leur générosité et de leur désir d’agir. Dans un certain nombre d’aumôneries qui ont des locaux suffisamment vastes et adaptés, se mettent en place des équipes de résidents. Cinq ou six étudiants habitent sur place et assurent une permanence d’accueil (selon des modalités qui sont fixées contractuellement au début de l’année). Ce sont ces étudiants qui prennent en charge la vie de l’aumônerie, par une présence physique qui n’est pas que symbolique. Il faudrait évoquer les nombreuses commissions et équipes qui assurent le développement d’activités locales, régionales ou nationales où ils assument de véritables responsabilités.

Et à l’extérieur des communautés ? Un des soucis de la Mission Etudiante est d’aider les étudiants à prendre en charge leur réalité étudiante. Certes ils n’ont pas la fibre syndicale de leurs aînés car la situation politique et sociale actuelle les démobilise et ils s’engagent peu dans une action de transformation des structures de l’enseignement supérieur. Par contre, ils sont sensibles aux conséquences de la dégradation du tissu social et un certain nombre se lancent dans des actions humanitaires de proximité. Quelques uns seront conduits ensuite à donner un ou deux ans de leur vie, au terme ou au cours de leurs études, au service des plus pauvres, en France ou à l’étranger. D’autres, enfin, prennent des responsabilités au service des plus jeunes : catéchèse, scoutisme, alphabétisation... C’est en valorisant, développant et accompagnant ces engagements et ce goût du service de l’autre, à leur mesure, que nous les préparerons à entrer de plein pied dans une vie active où l’on appelle des hommes et des femmes capables de prendre des responsabilités, et que nous les aiderons à s’engager durablement au service de la société et de l’Eglise.

2. Les figures nouvelles de responsabilité ecclésiale et pastorale.

Dans l’Eglise et dans la Mission Etudiante, le nombre des prêtres actifs diminue. Et quand il en reste, la surcharge d’activités est leur lot quotidien. Il est demandé à de jeunes prêtres diocésains d’assurer des responsabilités qui, autrefois, étaient prises en charge par des équipes presbytérales nombreuses. Le risque est que des jeunes ne se sentent aucun goût à vivre cette existence.

Et pourtant, il se manifeste dans l’Eglise, et dans le monde étudiant en particulier, un dynamisme extraordinaire qu’il convient de repérer. L’animation pastorale de l’Eglise présente en effet de nouvelles figures qui peuvent séduire et appeler de jeunes générosités. Dans la Mission Etudiante, il y a de plus en plus d’aumôniers non prêtres. Des religieuses, des laïcs assurent une part du ministère presbytéral. La responsabilité étudiante se développe, on vient de le dire, de même que le tissu associatif se renouvelle et propose de nouvelles formes d’organisation des réalités ecclésiales. Des étudiants aujourd’hui sont conscients de vivre une véritable responsabilité pastorale et non pas seulement fonctionnelle. Ce renouvellement appelle à modifier le contenu de la vocation, à l’élargir. On ne peut plus aujourd’hui en parler uniquement dans le sens restrictif d’un appel à remplir la seule charge où les trois missions d’enseignement, de sanctification et de rassemblement seraient pleinement remplies, c’est-à-dire la charge presbytérale.

Une difficulté nouvelle doit être signalée. Un certain nombre d’étudiants quand ils entrent dans la vie "active" ne retrouvent pas dans la vie paroissiale traditionnelle ce qui les a dynamisés dans les aumôneries : qualité de la vie communautaire, propositions d’engagement, accompagnement... Le risque est qu’ils se découragent et s’engagent sur d’autres chemins. Nous avons donc à veiller à les aider à aborder cette étape nouvelle de leur vie.

Ces constats soulèvent plusieurs questions :

  • Quelles figures de responsabilité ecclésiale et pastorale donnons-nous dans nos aumôneries ? Quel type de service offrons-nous ?
  • Quelle Eglise préparons-nous avec les étudiants et les responsables des aumôneries ?
  • Quelle sera la place spécifique du prêtre dans cette Eglise ?

Pour travailler ces questions, la Mission Etudiante a plusieurs instances de réflexion.
Les sessions nationales qui regroupent, chaque année, au début de septembre aumôniers et responsables de communautés étudiantes de toute la France. C’est l’occasion de faire le point sur ce qui est vécu dans les différentes communautés. L’an dernier à Poitiers, nous avons travaillé sur le thème :"Quelles initiatives pour la mission ?" et cette année, à Lille, nous aborderons le thème : "Vivre et espérer l’Eglise". La réflexion se poursuivra toute l’année sur le terrain.

Depuis 1990, un atelier "Mission étudiante et vocations" se réunit plusieurs fois par an. Il a abordé jusqu’en 93 la question de l’accompagnement :

- Comment sommes nous attentifs à la question de toutes les vocations dans nos aumôneries ?

- Quelles initiatives prenons-nous ?

- Quels besoins et difficultés rencontrons-nous ?

A la suite de ce travail, un document a été diffusé à la session nationale de Nantes qui avait pour thème : Profession, engagement, vocation : choisir aujourd’hui pour le service de Dieu et des hommes. Un week-end de formation à l’accompagnement a été proposé aux aumôniers. Depuis deux ans, cette Commission Vocations travaille à partir de l’expérience des aumôneries.

3. La formation et l’accompagnement

Mais tout cela n’aura de sens que si nous aidons les jeunes à se situer dans ce bouillonnement d’activités et de réflexion. Et c’est probablement sur ce point que nous avons le plus à faire et que la responsabilité pastorale des aumôniers et aumôneries est la plus engagée. Et là des questions se posent aussi :

  • Comment donnons-nous aux étudiants le goût de la responsabilité, à la mesure de leur statut d’étudiant aujourd’hui, pour les situer plus tard dans la vie de l’Eglise ? Quelle formation leur proposons-nous ?
  • Comment éveillons-nous les étudiants à la réflexion sur l’orientation de leur vie humaine et spirituelle ?
  • Comment les aidons-nous à trouver le sens de leur existence ? à intérioriser toujours plus la rencontre du Christ et de Dieu dans leur vie ? Aucune vocation ne pourra aujourd’hui se développer s’il n’y a pas cette attache qui les invite à l’aventure et les soutient sur leur route.

De nombreux moyens sont pris par la Mission Etudiante dans cette perspective.

La formation spirituelle : découverte de la prière et de la Parole de Dieu, week-ends, pèlerinages, routes, marches nationales d’été (tous les deux ans : l’an dernier nous sommes allés de Bruges à Canterbury, accompagnés par les Actes des Apôtres).

La formation théologique et humaine : les nombreuses pistes de formation proposées par les aumôneries, les universités théologiques d’été (cette année à Dax sur "Le Dieu des chrétiens"), les universités politiques d’été (l’an dernier à Aix en Provence sur "La Politique, une bonne nouvelle")... Les thèmes des sessions et rencontres nationales portent souvent sur ces questions : en 1998, la Rencontre nationale des chrétiens en Grande école traitera de l’engagement chrétien : "Croire, un élan pour nos vies".

Des sessions sont proposées régulièrement sur le choix et la décision (au carrefour des formations spirituelle, théologique et humaine). La question de l’affectivité et du mariage est régulièrement abordée, à la demande des étudiants.

Et enfin, il y a l’accompagnement personnel et l’aide à la relecture de ce qui est vécu par les étudiants. Certaines aumôneries invitent les résidents (dont on a parlé plus haut), à être accompagnés individuellement. La formation à l’accompagnement prend de plus en plus de place pour les aumôniers. Et il y a, en divers endroits, la formation de groupes de partage de vie, de relecture d’activités sociales ou apostoliques comme le scoutisme.

Pour conclure

Au terme de cette présentation, l’on constatera que l’on ne parle pas toujours de la vocation dans les aumôneries étudiantes. Par contre les conditions sont données pour que des vocations puissent émerger dans le coeur des étudiants que nous accompagnons, vocations qui répondent, de façon adéquate, aux besoins et aux appels humains et spirituels de nos contemporains.

Note

(1) Mission Etudiante Catholique de France - 7, rue Vauquelin - 75005 Paris tél. 01 43 36 21 87- Email- mission etudiante@cef.fr
Chrétiens en Grande Ecole -18, rue de Varenne - 75007 Paris tél. 01 42 84 36 21 - Email : cge@cef.fr [ Retour au Texte ]