Ils proclament ce qu’ils ont reçu



Vingt-et-un témoignages de jeunes. Vingt-et-une tranches de vies que nous vous proposons de lire. ces témoignages ont été choisis parmi la cinquantaine que nous avons reçu au SNV. Ils font partie des quelques 1400 expressions de 15/25 ans réunies à l’appel des évêques de France pour la conférence d’avril 96.

D’emblée, il me faut remercier ceux qui demandent que les jeunes prennent la parole. C’est déjà le signe d’une Eglise qui s’ouvre et qui laisse l’Esprit Saint bousculer les institutions ; en espérant que ces paroles ouvrent un écho dans notre Eglise !!

Je me présente : jeune homme de 20 ans, étudiant, je suis engagé en paroisse, en Conseil Pastoral des jeunes d’un secteur et en lien avec le MRJC, l’ACE et le Service Diocésain des Vocations. Ce qui me réjouit aujourd’hui, c’est ma jeunesse, la chance d’être en forme et d’avoir des amis, sans oublier la vie d’étudiant. Ce qui me dynamise c’est l’action de ceux qui luttent pour que le monde change et devienne un peu plus humain chaque jour. Quant à mes inquiétudes, ma peur, elles sont celles de tout jeune, je pense : le chômage croissant, la violence, le sida, les exclusions, la sélection omniprésente, la "fracture sociale", bref l’avenir et mon avenir m’inquiètent parfois, à l’heure où notre société, et aussi l’organisation mondiale, révèlent leurs failles...

Alors ce qui me semble prioritaire pour réussir et construire ma vie, c’est bien entendu d’être heureux et de m’épanouir dès aujourd’hui dans ce que je fais ; c’est aussi trouver ma place dans la société et y être reconnu, et puis c’est rencontrer des hommes et des femmes heureux et dont la vie ne soit pas seulement un long fleuve tranquille que rien, ni personne ne saurait troubler !

Malgré le doute, les questionnements et l’aridité de certains moments, je me dis "chrétien" aujourd’hui. C’est sûrement parce qu’un jour on m’a tenu sur les fonds baptismaux et que j’ai grandi au contact de chrétiens, de communautés (famille, paroisse...) où je me suis senti accueilli. Mais c’est peut-être, et sûrement bien plus encore, parce que j’ai vécu, je vis et ne cesse de vivre l’étonnante rencontre, ou du moins la découverte, du Tout-Autre, celui qui s’appelle Dieu . Ainsi, j’ai aussi compris qu’être chrétien c’était marcher à la suite de Jésus de Nazareth qui trouble nos ordres établis. Par là, être chrétien, c’est donc être au service d’un monde à construire et y apporter un rayon d’espérance !

Pour aujourd’hui, ce qui est central dans ma foi pourrait se définir en un mot "Emmanuel". En effet, c’est bien "Dieu avec nous", la présence de Dieu au milieu des hommes, son humanité, comme témoignage d’un Amour qui accompagne et relève et d’un Royaume déjà commencé, qui me dynamisent dans ma foi. Cependant, comme jeune, je connais encore beaucoup de points d’ombre et de problèmes dans ma foi : je pourrais ne citer que des questions éthiques ou morales, mais de façon plus profonde par exemple : "pourquoi tant d’injustices entre les hommes si Dieu nous aime tous d’un même amour ?" Quel mystère, n’est-ce pas ?

Finalement, cela mène souvent à une remise en cause générale, à un doute systématique dans la foi : "Dieu créateur de l’homme, Dieu qui chemine et nous aime !! quel bidon !!..." Cependant, dans ces moments, je me dis que je rejoins Bernanos lorsqu’il dit "La Foi c’est vingt-quatre heures de doute, moins une seconde d’espérance".

Ainsi donc, la foi, est un combat : à la fois le combat intérieur, où je reprendrai l’image du Combat de Jacob contre l’Ange (pour moi, l’aurore ne s’est pas encore levée !), mais aussi le combat avec et pour les hommes de ce temps... J’en viens donc à dire que si la foi est d’abord un "être", elle implique aussi et surtout des "faire". Cela signifie que je n’envisage pas ma foi sans m’impliquer dans la vie sociale, de façon ponctuelle ou régulière. Je citerai ici la Commission CCFD et l’animation de camps de vacances avec l’ACE. Un autre aspect de vivre sa foi, c’est aussi en vivre dans sa vie de tous les jours et c’est là que les choses se compliquent : pour moi, c’est à l’IUT, au village, entre copains, ou en famille.

Même si ce témoignage n’est pas toujours rayonnant, j’ai la conviction qu’en écoutant un copain dont la vie familiale n’est pas rose, en étant présent auprès de celle qui pleure un proche, en incitant au sourire, en suscitant, au sein d’un groupe, l’attention sur celui qu’on aurait tendance à oublier parce qu’il est plus discret, en essayant d’être un pont entre des personnes qui ne s’entendent pas, en ayant des petites attentions de rien du tout (mais qui comptent plus qu’on ne croit), oui, à travers tout cela, je crois être un peu "Sel de la Terre". C’est ainsi qu’aujourd’hui je vis la Mission !

Au travers de ces actes, le nom de Jésus-Christ est rarement prononcé. J’en viens ainsi à la difficulté de dire Dieu, de parler de sa foi : peu connaissent la foi qui m’anime, certains connaissent le "chrétien sociologique", beaucoup ne sauront rien. Rares sont les occasions d’en parler ! Si pour certains, je lâche quelquefois des bribes de ma foi, pour d’autres la peur du ridicule et la peur de perdre confiance qu’ils m’accordent me font taire. Quand l’occasion d’en parler m’est donnée, j’insiste cependant sur trois choses importantes pour ma foi et qui me semble communicables : la conviction en la Résurrection ; la dignité de l’Homme et la place centrale dans la foi ; l’importance de la prière dans la relation à Dieu. Je noterai encore que dans mes échanges sur la vie chrétienne, bien plus que la foi, c’est l’Eglise qui suscite les passions et les interrogations.

A présent, j’exprime ma joie et mon besoin de rencontrer d’autres chrétiens : la rencontre avec le tout Autre implique une relation forte, privilégiée et directe avec lui, elle a besoin aussi de l’expérience des autres pour se construire, se trouver des repères, pour faire communauté et former ensemble le Corps du Christ. Cela suscite un sentiment d’appartenance à un Peuple en marche, à une longue histoire, à l’Eglise, c’est un sentiment de communion. La rencontre est aussi un réconfort et une lumière dans la nuit du doute, au risque d’entraver la quête personnelle de vérité. Avec d’autres chrétiens, c’est l’occasion d’échanger sur ce qui est notre foi, ce qui nous réunit et ce qui nous différencie pour envisager un avenir pour nos communautés : en un mot, la rencontre de l’Espérance.

Etienne


Je m’appelle Arthur, j’ai 16 ans, je suis en classe de seconde. J’ai une sœur aînée, étudiante en licence d’histoire. Mes parents travaillent tous les deux.

Ce qui me réjouit : d’être avec mes parents, ma sœur et ma grand’mère. J’aime beaucoup parler de Dieu. Je suis un passionné de rugby, et je fais de la musique, en particulier de la clarinette, de la flûte et du synthé. Cependant ce qui m’inquiète est le passage de la vie terrestre à la vie immortelle. Ce qui me semble prioritaire dans ma vie aujourd’hui, c’est de vivre avec ma famille en pensant à Dieu et de pouvoir en parler avec eux. Je voudrais réussir des études en biologie pour obtenir une licence car je voudrais faire l’IUFM pour m’occuper d’enfants en maternelle.

Oui je dirais que je suis chrétien car j’aime parler de Dieu régulièrement et de plus en plus. La découverte que Dieu m’aime depuis toujours, qu’il me pardonne malgré mes fautes répétées, m’encourage, me donne envie de faire découvrir cela aux autres. Ce qui me pose problème dans ma foi c’est l’existence de Satan et le doute en l’avenir. Ma relation permanente avec Dieu m’aide à affronter les problèmes de la vie même au quotidien. Je parle à mon Ami et sa présence m’aide chaque jour un peu plus, même dans les difficultés qui ne me sont pas inconnues.

J’aime parler de Dieu mon meilleur Ami. Qu’il ne faut pas avoir peur de lui confier nos soucis et de lui demander son aide et que nous sommes tous ses enfants et que j’aime beaucoup m’adresser à lui par la prière à différent moments. Je ne raconte pas toutes les marques de tendresse de Dieu à mon égard car bien souvent les gens sourient, voire se moquent.

Oui je rencontre d’autres chrétiens au SDV, aux Hommes d’Affaires du plein Evangile : chrétiens de différentes Eglises mais qui partagent le même amour pour Dieu, et me montrent que Dieu a moins de limites que nous. J’aime prier avec eux et je peux découvrir par leurs témoignages tout ce que Dieu fait dans la vie des Hommes encore aujourd’hui.

Les personnes grâce auxquelles ma foi a grandi sont mes parents, mes grands parents, ma sœur, un vieux prêtre décédé maintenant et l’aide de Marie à Lourdes, lors des pèlerinages avec les malades avec l’Hospitalité. J’étais aussi marqué par les pèlerinages à Lisieux. Ma première communion à l’âge de six ans et ma confirmation à 14 ans ont été des moments forts et de partage avec d’autres chrétiens qui sont venus m’entourer à ces occasions.

Mon désir de faire ce que Dieu me demanderait depuis tout petit prend de plus en plus de place dans ma vie et dans la manière de préparer mon avenir. La découverte de la prière et de la Bible avec un Dieu qui me parle à moi, aujourd’hui, m’aide et me fait aimer Dieu de plus en plus.

L’appel de Dieu que j’ai eu à l’âge de cinq ans dans mon cœur est que le Seigneur me demande de parler de lui, de travailler pour lui au cours de ma vie, de faire ce qu’il me demande. Ce qui m’attire dans cet engagement c’est de vivre intensément et quotidiennement avec Dieu et de le faire aux enfants en école ou lieu de vie et de leur dire qu’ils sont aimés de quelqu’un même si parfois ils ont manqué d’amour.

Ce que je regrette c’est que certains adultes ne croient pas à l’appel de Dieu des jeunes enfants et disent "on verra plus tard", aussi j’ai été très souvent silencieux sur mon avenir. J’ai même rencontré plusieurs prêtres qui ont sourit en disant : "il est jeune, on en reparlera plus tard". Certes, mais ce n’est pas encourageant pour un jeune de ne pas sembler être pris au sérieux. Ce qui me fait peur c’est de ne pas réussir à témoigner de Dieu de manière adéquate.

Arthur


Je m’appelle Bertrand, j’ai 15 ans, je suis en seconde. Ce qui me dynamise aujourd’hui, c’est le scoutisme . C’est l’avenir qui m’inquiète : l’emploi, le chômage… Ce qui me semble essentiel pour réussir, c’est une bonne Foi et une bonne formation scolaire.

Dire que je suis chrétien ? ça dépend. Oui, mais ce ne serait pas moi qui aurai soulevé "le problème" car je n’ai pas honte de ma foi mais dans un monde où être chrétien "c’est la honte", il vaut mieux ne pas avoir que des ennemis. Ce qui est prioritaire, c’est que ma foi me fasse progresser dans ma vie de chrétien, de scout et dans la vie de tous les jours. Mais rester dans la bonne lignée est dur…

Comme je le disais, ma foi m’aide à progresser aussi bien dans les petite choses de tous les jours que dans mes réflexions. Quand je parle de ma foi, c’est déjà qu’on me le demande. Je dis alors qu’il suffit d’aller une seule fois à la messe, d’écouter attentivement tous les textes (pour en comprendre le sens) ou alors de réciter les prières que tout le monde connaît en réfléchissant à ce que l’on dit, pour ressentir la "joie" d’être croyant. Mais je garde pour moi que certaines fois, le dimanche matin, je resterais bien au lit.

Je rencontre souvent d’autres chrétiens, plus particulièrement aux scouts mais aussi au SDV et à la messe : j’y vais régulièrement et je suis enfant de chœur. Cela est important pour moi car je vois qu’il y a plus de jeunes croyants que certains le font entendre et cela me renforce dans la foi.

J’ai grandi dans une famille très chrétienne. De plus, certains membres de la famille sont prêtres, tel mon grand-oncle l’abbé Picard.

Ma foi grandit chaque fois que je découvre quelque chose de nouveau dans la messe. Au début, les rites de la communion n’étaient guère qu’un "babillage" inutile, mais en écoutant sérieusement les paroles, j’ai compris ce qu’elles signifiaient.
Ce que je ressens aujourd’hui est moins fort qu’avant. L’engagement que j’envisage,c’est d’être chrétien laïc mais annonciateur de la Bonne Nouvelle, témoin de Jésus-Christ.

Bertrand


Je m’appelle Luc, j’ai 16 ans, je suis en seconde. Je suis né dans une famille chrétienne, pratiquante et engagée, j’en ai donc reçu tout l’héritage.

Ma vie, depuis que je suis né, se construit autour de l’évolution de ma découverte de Dieu : lente, irrégulière, mais toujours ascendante. C’est ma progression dans la foi qui me dynamise, qui me pousse à aller toujours plus loin. Et cette recherche continuelle me mène à des événement, des situations, des partages, des découvertes qui font que je suis heureux de vivre ! Hélas une telle progression est bien souvent constituée de choix, parfois difficiles, et qui créent de vrais dilemmes. Il est donc prioritaire que je sois soutenu dans ma famille ou dans des groupes de jeunes.

M’affirmer comme étant chrétien me paraît plus qu’important : dès mon baptême, je faisais partie de l’Eglise des chrétiens, pierre parmi les autres pierres. Mon éducation n’a fait que confirmer cette certitude. Deux choses me paraissent prioritaires dans ma foi : - la certitude que Dieu est amour, qu’il nous a donné son Fils Jésus, ressuscité. En résumé le symbole des Apôtres. - Aimer. C’est sans doute cette deuxième priorité qui est la plus difficile à réaliser. La première a été facilitée par mon milieu familial. J’en suis maintenant convaincu, mais ce serait trop facile d’en rester là. Parvenir à Aimer, c’est-à-dire à "imiter" Jésus, est donc mon problème principal (et celui de la nature humaine). Concrètement, ma foi change, ou essaye de changer, mes relations avec les autres.

Quand je parle de ma foi, j’affirme surtout des convictions. Je ne parle pas vraiment de ce en quoi elle m’aide dans ma vie de tous les jours, et des progrès que j’ai faits dans la découverte de l’amour de Dieu. Ce qui est peut-être dommage : un partage pourrait être enrichissant. Mais ce qui me bloque, c’est surtout le manque d’approfondissement de certains de mes camarades. Dans quelques groupes, j’arrive tout de même à exprimer des choses : c’est alors très réconfortant de voir que les autres ont aussi une recherche, un "but" à atteindre dans leur vie, leur propre découverte de Dieu.

Comme je l’ai déjà dit, j’ai été éduqué dans une famille chrétienne : l’évolution de la foi a donc été facilitée grandement. Pourtant, jusqu’à l’âge de onze ans à peu près, la religion, Dieu, Jésus... tout me paraissait comme une évidence extérieure. Ma prière quotidienne, j’allais à la messe tous les dimanches, mais c’était surtout pour suivre l’élan familial. Puis à onze ans "Dieu nous aime, il est infiniment bon. Je peux me confier à lui, lui donner tout". Pourtant Dieu sait combien de fois j’avais entendu cela avant. Depuis, Dieu est vraiment entré dans ma vie, présent au quotidien auprès de moi.

Maintenant je continue à progresser dans cet amour grâce à ma famille (toujours), à mes contacts avec mes camarades et ma vie scolaire, à la messe dominicale et communautaire, et au SDV. En effet, depuis très longtemps je pense offrir entièrement ma vie à Dieu. Et ceci devient de plus en plus sérieux à mesure même que je grandis. Ma découverte de l’existence d’un SDV m’a aidé à mieux ressentir l’appel de Dieu. Mais j’y ai découvert aussi la diversité des vocations qui me sont proposées.

Aujourd’hui, mon but personnel est donc de savoir vraiment à quoi Dieu m’appelle, d’où l’importance d’une pastorale des vocations.

Luc


Je m’appelle Sophie, j’ai 23 ans et je suis professeur stagiaire. Je fais partie d’un mouvement de jeunes qui veulent entrer en ACO. Je fais également partie depuis deux ans et demi d’une équipe accompagnée par un prêtre et une religieuse, et qui réfléchit à un éventuel engagement dans une vie religieuse. Dans ma vie actuelle, ce qui me motive, c’est mon futur métier d’institutrice. Je fais un travail que j’ai choisi et ceci contribue grandement à mon équilibre personnel.

Ce qui m’inquiète aujourd’hui, ce sont tous les gens qui n’ont pas la chance d’avoir comme moi un métier qu’ils aiment et qui en arrivent à être désabusés de leur travail, des conditions dans lesquelles ils l’exercent, de leur salaire. Il y a aussi tous les chômeurs parmi lesquels des copains, même ayant fait plusieurs années après le Bac. Le chômage mène rapidement à l’exclusion. On n’est plus dans le circuit. C’est dramatique !

Une autre chose qui m’inquiète aussi grandement en cette fin de siècle, c’est la solitude. Je crois que c’est l’une des maladies les plus répandues actuellement ; personne n’est fait pour vivre seul et pourtant, de plus en plus, les gens vivent côte à côte mais sans jamais se voir, se parler. Je n’ai jamais autant qu’aujourd’hui ressenti la solitude comme de la tristesse, tristesse de ne pas savoir partager, s’arrêter pour écouter ou pour être là tout simplement parce que l’on a pas le temps.

Il y a tellement de choses à faire avant d’aller voir untel ou untel ! Je critique cette façon de faire mais je suis bien consciente que, moi la première, il m’arrive d’agir comme cela. Cependant tout n’est pas à voir en noir. La société d’aujourd’hui est aussi faite d’hommes et de femmes militant pour les droits de l’homme, la dignité humaine, l’égalité de tous face au travail, etc... Des hommes et des femmes qui ne comptent pas leur temps parce que justement ils n’ont pas le temps de le faire tant il y a à s’occuper dès que l’on se tourne vers les autres.

Il faut aussi savoir regarder le positif parce qu’il est là, bien présent et que c’est lui qui doit nous donner l’envie d’aller de l’avant et d’essayer, à sa mesure et comme on le peut, de s’ouvrir aux autres, d’être attentif, d’aider. Dans ces cas-là, on donne alors beaucoup mais on reçoit bien plus encore.

Par ailleurs, en tant que chrétienne, il faut pouvoir avoir une attitude en accord avec ce que ce terme implique, à savoir, d’après moi, le partage, l’écoute, l’aide. Etre chrétienne, pour moi, c’est ça et c’est sans doute pour cela que c’est difficile. Parler de sa foi, faire de grands discours, aux autres, ça ne sert pas vraiment, je pense. Ce sont plutôt toutes nos attitudes, nos façons d’agir, de penser et d’être qui doivent questionner, interpeller. La foi doit s’exprimer en actes et non en paroles. C’est vraiment un fait qui me paraît essentiel dans une vie de chrétienne et qui justement change concrètement notre vie : avoir la foi, c’est le traduire en actes, même si cela est loin d’être évident tous les jours.

C’est un des messages que j’ai reçu au sein de ma famille. Mes parents sont en effet catholiques et pratiquants. Je prends le mot "pratiquant" au sens essayer de vivre quotidiennement selon le message d’amour, de partage, de paix et d’écoute de Jésus-Christ, et non au sens "aller à la messe tous les dimanches" comme beaucoup le pensent ! J’ai donc été élevée dans une famille pour qui la religion a un sens profond. J’ai été baptisée, confirmée. J’ai suivi le catéchisme et j’ai fait de l’ACE puis de la JOC. A l’adolescence, j’ai tout laissé. Je disais croire en l’homme et non en Dieu. Mes parents ont respecté mes convictions du moment et je les en remercie infiniment. Puis une cousine de mon âge a demandé à se faire baptiser. Elle voulait que ma mère et moi nous entrions dans son équipe de préparation. Et c’est grâce au cheminement de ma cousine que j’ai redécouvert Dieu, le Christ, la foi. Tout a alors, petit à petit, pris une autre dimension. La foi a pris une place de plus en plus grande dans ma vie, jusqu’à penser, à partir de 18 ans environ, à devenir religieuse. Cinq ans après, cette idée est toujours présente, mais trop de choses me freinent et puis, je ne suis pas sûre que ce soit le chemin qui m’est destiné.

C’est grâce à l’équipe qui s’est constituée autour d’un prêtre et d’une religieuse et grâce aussi essentiellement à l’aide d’une religieuse qui m’aide depuis plusieurs mois à discerner mes pensées que j’en suis là actuellement. Je dois dire que j’ai toujours eu énormément de chance car j’ai toujours croisé sur ma route des gens formidables qui pouvaient m’aider à mieux me comprendre, à savoir où j’en étais dans cette question de foi et de vie religieuse. Question parfois difficile à porter quand on a 18 ans et que la plupart des amis ne sont absolument pas interpellés par la foi et la religion.

Toutefois, même si je crois en Dieu, j’ai du mal à accepter parfois l’Eglise. Je suis allée à Rome, il y a deux ans, au moment de Pâques. J’ai vu le Vatican, les lieux où vivent le pape et d’autres hommes de foi. Ca m’a tout simplement écœurée, je dis les choses telles que je les ai ressenties au moment. En effet, voir un tel étalage de luxe et de richesse me semble en total désaccord avec le message du Christ. Et puis toute cette hiérarchie dans l’Eglise, ces prises de position absurdes concernant le divorce, la sexualité me mettent hors de moi.

Je crois en l’Eglise parce qu’elle est vitale au ressourcement des chrétiens, mais je crois en une Eglise proche des gens, une Eglise faite de prêtres, de religieux, de religieuses, de diacres, de laïques au service des autres, une Eglise faite de simplicité et de respect d’autrui. Je crois en cette Eglise et je sais qu’elle existe dans bien des quartiers du monde. C’est cette Eglise qui vit au rythme du message du Christ et non celle du Vatican ! Et c’est cette "Eglise des quartiers" uniquement qui peut interpeller des non-chrétiens, à mon avis. En effet, j’ai beaucoup plus d’amis non-chrétiens que chrétiens et de par les discussions vécues à propos de la religion, la foi, l’Eglise, je me rends compte que ce sont essentiellement leur rencontre avec des gens animés d’une profonde croyance en Dieu et en l’homme qui les interrogent et non tous les dires émanant d’une certaine autorité religieuse. Je ne tiens pas à critiquer tout ce qui constitue la hiérarchie de l’Eglise mais je ne pense pas vraiment que l’on pourra rendre les gens sensibles au message du Christ, leur faire comprendre tout le bonheur éprouvé quand on a la foi si le Vatican par exemple, reste autant en décalage dans ses prises de position avec ce qui fait la vie quotidienne des gens.

Il est difficile de mettre par écrit en quelques pages tant de choses ressenties au plus profond de soi-même, concernant la foi, la religion, l’Eglise. Mais une chose est sûre, l’Eglise est faite d’hommes. Elle ne peut donc être parfaite ! Mais sa présence est irremplaçable. Elle est ce qui soude les hommes dans la foi. Et je suis heureuse de l’avoir comme au sein de ma famille car elle m’aide chaque jour à continuer la route qui n’est pas toujours si facile à suivre !

Sophie


Avoir 23 ans et devenir femme, ce n’est pas évident tous les jours. Après un an de chômage, je viens de décrocher un petit boulot. Je suis animatrice dans un centre de loisirs et dans une école primaire. Une à deux heures par semaine ! Le côté positif, si on veut en trouver, est que je peux continuer à m’investir dans les mouvements d’Action catholique. Cela fait déjà six ans que je suis en équipe JOC, trois ans que j’accompagne une équipe de jeunes de 11-15 ans en ACE et deux ans que je participe à l’équipe fédérale de l’ACE pour le monde ouvrier.

Je reçois vraiment beaucoup des personnes (adultes, jeunes, enfants) que je rencontre dans les mouvements. Pourtant ce qui me rejoint le plus aujourd’hui, c’est ce petit boulot, cette bouffée d’oxygène que je reçois chaque jour de la part des enfants, des autres animateurs, des instits. Ce petit boulot est un trésor, une chance que je savoure chaque fois avec davantage de plaisir. Ce n’est pas rien d’avoir une identité sociale, d’être reconnue par d’autres ! Malheureusement, en juin je ne sais plus ce que je ferai. Alors, je prépare les concours pour entrer à l’école d’éducatrice de jeunes enfants en septembre prochain.

Mais préparer mon avenir alors que je suis encore chez papa-maman, ce n’est pas évident pour moi, et aussi pour eux. Heureusement pour faire face à tout ce qui contient une vie, il y a les copains. Les copains sont des acteurs essentiels de ma vie. Avec des copains, on peut tout faire : on affronte les problèmes, on se soutient, on partage des moments forts de notre vie : un mariage, une naissance, un décès... Il y a aussi des choses lourdes à porter : le choix d’un avortement, la peur d’être séropositif. Malgré tout, on continue d’avancer, de se battre les uns avec les autres, les uns pour les autres !

Je crois que le fait d’être chrétienne m’aide à voir la vie autrement. Pour moi, être chrétienne, c’est avoir la foi en Dieu. Croire que le Dieu de Jésus-Christ est un Dieu d’amour qui veut le bonheur de tous les hommes quelle que soit la route qu’ils se sont tracés. Avoir la foi, je ne crois pas que ce soit un truc en plus ; pour moi, c’est plus apprendre à avoir un autre regard sur la vie, un regard éclairé par l’Evangile. Pourtant, je ne parle pas beaucoup de ma foi. Pour moi, la foi ça ne s’explique pas, ça se vit. Vivre sa foi, c’est accepter d’accueillir, d’écouter l’autre malgré ses différences ! C’est aussi accepter de par des événements, des paroles ! Vivre sa foi, c’est tout simplement accueillir la vie.

Pourtant je ne peux accueillir la vie avec les yeux de la foi si je reste seule, c’est pourquoi je prends le temps de rencontrer d’autres chrétiens. Je les rencontre le dimanche à la messe, c’est un moment important où je me ressource. Je les rencontre sur la paroisse tout simplement : à la chorale, au collectif de mission ouvrière..., autant de lieux qui peuvent paraître insignifiants mais qui ont toute leur place dans ma vie de chrétienne. En ACE, en JOC, je croise des chrétiens, amis, je croise aussi des jeunes en recherche, des enfants qui découvrent comment vivre leur foi. Je crois que ce sont toutes ces rencontres qui me permettent de vivre pleinement ma foi car je suis sans arrêt interpellée, bousculée. Cela me permet d’avancer sur le chemin de Dieu.

Pour moi, être active dans l’Eglise d’aujourd’hui est quelque chose d’essentiel à ma foi et à ma vie de chrétienne : j’ai envie de témoigner d’une Eglise vivante et joyeuse, et je crois que j’ai ma place à prendre pour y parvenir aujourd’hui mais aussi demain... Je ne sais pas très bien de quoi sera fait demain pour moi et quelle place je prendrai dans l’Eglise ; une seule chose est sûre : je continuerai à accompagner des jeunes ou des enfants dans des mouvements d’action catholique car je veux permettre à d’autres de vivre, de découvrir ce que j’ai moi pu vivre ou découvrir.

Mais aujourd’hui, je ne sais pas si cela se fera dans le mariage ou la vie religieuse. La question est ouverte et posée ! Depuis un petit moment je réfléchis à un éventuel engagement dans la vie religieuse. Cette forme de vie m’attire. Pour vivre j’ai besoin des autres mais aussi d’un Autre. Pourtant des questions m’arrêtent, me font douter. Je crois que ce qui me gêne le plus c’est la mobilité : être appelée ailleurs. Souvent lorsqu’on construit quelque chose, lorsqu’on donne de la vie à un quartier, on y met tout son cœur, toutes ses tripes et si l’on est appelée ailleurs, on laisse un chantier, des fondations. Cela doit être frustrant et décevant ! On laisse aussi tout un réseau de personnes avec qui l’on a vécu des moments forts de partage et d’écoute.

Je ne sais pas si je serai capable d’accepter la mission. Déjà, aujourd’hui je me dis que je ne quitterai pas tout de suite Bellevue car il y a beaucoup de choses à faire, des jeunes et des enfants sont en attente. Malgré tout, la question est posée et je continue d’y réfléchir dans un groupe lié à la JOC ; je continue aussi à me laisser façonner par la Parole de Dieu et par les paroles et les gestes de ceux qui m’entourent. Les autres, je crois que ce sont eux qui m’aident à grandir et à avancer dans la foi. Ce sont les prêtres, les religieuses, les séminaristes, les animatrices en pastorale, les laïcs, croyants ou non qui me permettent de vivre ma foi, qui me permettent d’accueillir la vie.

Lydie


J’ai 22 ans, je suis embauchée en contrat à durée déterminée en tant qu’agent de service hospitalier dans une maison de retraite rurale. Depuis ma profession de foi (en 1985) jusqu’à ce que je commence à préparer ma confirmation (en 1993) j’avais cessé toutes les activités par rapport à la foi. Mais maintenant, je suis engagée depuis trois ans en JOC. Parallèlement, les deux premières années, j’ai préparé ma confirmation, cela a été une étape très importante. Depuis septembre cette année, je me suis lancée dans l’accompagnement du groupe de confirmands. Nous sommes une petite équipe d’accompagnateurs qui s’entendent bien. Cela fait sept mois environ que je me penche sur un sujet très important : "Quoi faire de ma vie ?" En d’autres termes, je me demande très sérieusement si je dois donner ma vie à Dieu.

Dans ma situation actuelle, ce qui me motive beaucoup ce sont les personnes qui ont pris au sérieux ma réflexion. Ces personnes donnent elles-mêmes leur vie à Dieu, elles m’appuient et m’aident dans ma recherche.

En tant que jeune en recherche, je me sentais un peu seule. Alors j’ai pris contact avec le SNV, puis le SDV de mon diocèse. Ce qui m’a permis de rencontrer d’autres jeunes dans la même situation que moi. Cette rencontre était vraiment la bienvenue car nous avons vécu un week-end dans une abbaye cistercienne. Grâce à toutes les étapes que j’ai vécues dernièrement, je vis dans une joie grandiose. Malgré cette joie, par moments j’ai des questions importantes que j’aurais envie de soulever mais... Enfin disons que ce qui me fait le plus peur, actuellement, c’est l’avenir de notre société. Qu’allons-nous devenir ?

Pour moi, être chrétienne, c’est faire partie de l’Eglise et vivre en tant que disciple. J’apprécie de parler de la foi, dire aux copains, copines, non croyants, ce que je vis dans l’Eglise ainsi que l’importance que j’y perçois. Ce que je préfère ne pas dévoiler pour l’instant, c’est ma réelle recherche actuelle car j’ai peur des réactions d’autrui vu ce que les médias diffusent de la vie en Eglise..

Il y a deux choses qui me paraissent prioritaires dans la vie chrétienne : - Agir ensemble et ne pas attendre que tout se fasse tout seul - La prière. A la période à laquelle j’ai repris des activités, ce qui m’a beaucoup aidée, c’est l’entre aide entre jeunes. Je regarde la vie différemment depuis mon engagement en JOC, je me suis découverte... et oui, c’est là que j’ai compris de quoi j’étais capable. La foi m’a ouvert les yeux sur certaines choses importantes de ma vie.

A travers mon engagement dans l’Eglise, je souhaite être au maximum auprès des personnes en difficulté : personnes âgées, handicapées ou autres.Vous pourriez dire que j’y suis déjà par l’intermédiaire de mon travail. Mais je crois que sans l’amour de Dieu, je ne pourrais pas donner le meilleur de moi-même pour accomplir cette tâche pas toujours facile.

Je pense très fortement donner ma vie à Dieu. Ce qui est le plus important pour moi, c’est d’aider les autres, être auprès des plus petits. La JOC, au tout début, m’a aidée à avancer, après il y a toutes les personnes auxquelles j’ai parlé. Elles ont pris mes propos au sérieux et sans elles, je n’en serais pas là.

Nathalie


J’ai 17 ans et je prépare un CAPA d’ouvrier horticole. Ce CAPA se passe en deux ans. Je suis une semaine en classe et une semaine en entreprise. Dans ma paroisse, je m’occupe des servants d’autel et fais partie du SDV de la région Alsace depuis deux ans.

Ce qui me réjouit dans ma vie, c’est de me réveiller le matin, de voir que le Seigneur m’offre une nouvelle journée. Chaque nouveau jour appelle des rencontres, un sourire qui permet d’aller de l’avant. Ce qui est regrettable dans le monde d’aujourd’hui, c’est que de plus en plus de gens ne se regardent plus, ne se parlent plus. Chacun vit dans son coin sans penser à l’autre. Le Seigneur nous enseigne à trouver dans l’autre un frère, un prochain, quelqu’un avec qui nous devons faire un bout de chemin.

Ce qui est prioritaire dans ma vie, c’est de créer un monde plus fraternel où chaque homme se dit frère, donc plus de guerre, plus de sang ! Mais je ne peux le faire seul ! A nous de nous investir dans ce combat pour la non-violence et l’amour du prochain. Dans notre vie nous devons avoir des bases solides pour être des chrétiens qui tiennent la route. Oui je proclame ma foi parce que je voudrais la rayonner autour de moi dans la vie de tous les jours, en vivant de la Bonne Nouvelle que le Christ Jésus nous donne par sa mort et sa résurrection. ce qui est central dans ma vie de foi, c’est de servir mes frères ; en servant mes frères, je sers Jésus-Christ.

Ma foi me donne aussi des inquiétudes pour ce qui est des jeunes. Ils sont de moins en moins nombreux à venir aux offices, à se dire chrétiens. Ces jeunes qui ne viennent plus sont pourtant l’avenir de l’Eglise, ils sont le peuple de Dieu ! Mais je reste confiant, car l’Eglise a toujours réussi à attirer vers elle des hommes, depuis bientôt deux mille ans. Il faut être patient ! La foi demande des sacrifices, ce n’est pas toujours facile.

Quand je parle de ma foi, c’est très souvent dans un milieu hostile. J’espère que j’arrive par ma vie à faire passer un message ! Ce message, c’est que le Christ n’est pas seulement venu pour les grands, mais qu’il est venu pour tous. Il nous connaît chacun par notre nom et il nous ouvre ses bras. Rencontrer d’autres chrétiens est très important, car un chrétien seul est un chrétien perdu. Le témoignage des autres peut nous aider à toujours chercher en chacun de nos frères cette petite flamme qui n’attend qu’un souffle pour devenir grande et briller sur ceux qui cherchent encore le chemin de vie que notre Seigneur Jésus-Christ nous propose jour après jour.

Les personnes qui m’ont aidé dans ma vie de foi sont tout d’abord un prêtre, celui de ma paroisse qui m’a dirigé vers le SDV où j’ai pu vivre des rencontres avec d’autres jeunes ; mais aussi les Bénédictines du Sacré Cœur et les Sœurs du Carmel, congrégation dont j’ai le scapulaire. Ces communautés m’ont aidé, appris à prier, fait connaître la vie des saints, ces grands frères et grandes sœurs qui nous montrent un chemin de simplicité et d’abandon à l’amour du Seigneur.

Le jour où j’ai vraiment senti l’appel du Seigneur dans mon cœur, ce fut le jour de ma première communion et depuis ce jour je m’approche aussi souvent de la table que le Seigneur me prépare. Elle est source de vie, de sainteté. Car la sainteté c’est être ami de Jésus, suivre la petite voie de confiance que nous enseigne St Thérèse de l’Enfant Jésus.

Dans notre vie nous devons dire au Seigneur que nous l’aimons et que nous sommes prêts à cheminer avec lui. Alors prenons notre croix et, à l’exemple des amis du Seigneur, marchons vers la lumière qui brille sur notre route : c’est Jésus et nous ne serons pas déçus de notre choix.

Jonathan


Lycéen, j’ai 16 ans et je fais partie du SDV de Strasbourg depuis deux ans. Aujourd’hui je crois que l’intolérance est partout dans les relations avec autrui et je crains qu’elle ne détruise l’Amour entre les hommes. Les philosophes du 18ème siècle comme Voltaire, Diderot étaient athées mais ils condamnaient l’intolérance religieuse qui peut nuire à la société. Pour construire ma vie, je pense qu’il faut être tolérant et je suis heureux d’avoir autour de moi des chrétiens qui m’aident à être tolérant d’abord envers eux et ensuite envers tous les autres.

"Je suis chrétien, voilà ma foi" est un chant bien connu mais il a perdu de sa valeur.
Il ne suffit plus de dire "je suis chrétien" dans notre société, mais il faut le montrer par des actions aux autres personnes qui désirent avoir des preuves de notre foi qui doit être une foi vivante et vécue. Le point crucial de ma foi est l’amour que je porte envers mon prochain : un amour basé sur l’absence de préjugés ; un amour porté à Jésus-Christ et à Dieu par la prière quotidienne. Cependant ma foi n’est pas un long fleuve tranquille. Il y a des rochers et des cascades qui la rendent difficile à vivre parfois : je pense que les hautes sphères de l’Eglise ne sont pas assez à l’écoute des fidèles et que leurs prises de position ne sont pas assez claires et précises, d’autant plus que les médias les interprètent souvent mal. A côté de cela ma foi évolue librement et elle me fait parler de Dieu aux autres et avec les autres : "Je n’ai pas honte de l’Evangile, il est puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit" (Rm). Je m’ouvre aux interrogations et aux points de vue des autres grâce à ma foi et je les accepte tels qu’ils sont.

Il y a un paradoxe dans le fait d’exprimer sa foi : c’est à la fois simple et compliqué . Chacun a sa foi selon sa personnalité mais c’est toujours la même car elle a ses racines en Dieu. La foi est compliquée car dans les moments de doutes, on croit qu’elle nous a abandonnés, mais c’est pendant ces périodes de pessimisme et de tension que notre foi chrétienne est indiciblement la plus présente. Je rencontre également d’autres chrétiens au SDV, par exemple ; la foi doit se partager, se propager pour être féconde et ces rencontres avec différents jeunes nous permettent aussi d’approfondir notre propre foi.

J’ai vécu plusieurs moments très importants dans ma vie de chrétien comme ma confirmation et ma première communion. C’est en recevant ces sacrements que ma foi a vraiment progressé. Mais à part ces deux moments précis, je peux aussi dire que ma vie quotidienne fait avancer ma foi. A part cela, mon histoire avec Dieu a connu un point culminant, le jour de mon baptême (dont je n’ai pas grand souvenir, malheureusement).

Bruno


"Donnez leur vous-même à manger"... Cette phrase de l’Evangile résonne à mes oreilles depuis le jour où j’ai réfléchi à l’appel de Dieu. Ce désir est né il y a bien des années, j’avais alors 12-13 ans. Jeune enfant d’un patronage j’étais émerveillé par l’attention que nous portaient le Père et le Frère qui dirigeaient l’œuvre. Eux étaient là pour nous, pauvres enfants. Don total de soi-même aux autres pour l’amour de Dieu. Voilà ce qui me revient au cœur lors de ma confirmation, j’avais alors 21 ans. C’est ainsi que je laissais tout pour devenir prêtre de Jésus !

Thierry


L’histoire de ma vocation est une "histoire d’amour" avec Dieu, commencée il y a longtemps. Ma famille a eu un rôle important dans l’éveil de ma vocation. En effet mes parents ont su, par leur vie, leur exemple, leur engagement dans la paroisse, me faire connaître et aimer Dieu. Sans ce premier Amour, sans ce premier contact, je n’aurais pas connu cette soif de Dieu, cette envie de mieux le connaître encore et toujours.

Au fil des années, Dieu prenait une place de plus en plus grande dans ma vie ; jusqu’au jour où la question de la vie religieuse est venue me bousculer dans ma tranquillité. Lors d’un pèlerinage à Paray-le-Monial, j’ai entendu plus précisément l’appel de Dieu à Le suivre. Ce lieu m’est très cher, il est porteur de Paix, de l’Amour de Dieu pour les hommes puisque c’est là qu’est apparu le Sacré-Cœur de Jésus. Ce Cœur transpercé, meurtri mais débordant d’Amour, m’a séduite ; j’ai pris conscience d’être vraiment aimée de Dieu, et je ne devais pas garder égoïstement cet Amour pour moi, mais le porter aux autres, à ceux qui ne le connaissent pas, à ceux qui manquent d’amour. Mais cet appel à la vie religieuse me dérangeait. Pourquoi moi ?

J’avais une mauvaise image de la vie religieuse, je la connaissais très mal. Pour moi, les sœurs ne pouvaient pas être heureuses parce qu’elles devaient renoncer à tout : à leur famille, à leurs amis, à leur personnalité, à leurs désirs, à leur indépendance pour vivre entre elles, en communauté fermée. Bref, je n’avais pas envie de m’enfermer dans un couvent, je voulais rester dans le monde car il y a tant à faire.

Au tout début, j’ai donc eu beaucoup de mal à accepter cet appel de Dieu, j’avais envie de vivre dans le monde, je voulais bien m’engager dans l’Eglise mais pas donner ma vie à Dieu. A ce moment-là, j’ai eu la chance de faire un pélerinage à Rome qui a transformé la vision de la vie religieuse grâce à une rencontre merveilleuse. Le regard aimant et heureux d’une personne s’est alors posé sur moi, ce regard m’a traversée, j’ai eu l’impression que cette personne lisait en moi et me disait combien servir Dieu et les autres pouvait rendre heureux car, oui, en face de moi j’avais quelqu’un d’heureux. Il rayonnait de Paix, de Joie, de Bonté, de Simplicité... ce regard plein de tendresse était pour moi comme le regard aimant de Jésus m’invitant à Le suivre.

A partir de cette rencontre, je n’ai plus lutté contre l’appel de Dieu, j’acceptais de Le suivre, de Lui donner ma vie. Mais comment répondre à cet appel ? Qui contacter ? Vers qui me tourner ? C’est a lors que j’ai commencé ma véritable recherche.

Un autre lieu, un autre pèlerinage, une autre rencontre a répondu à mes attentes. A Lourdes, j’ai rencontré un prêtre qui a accepté de m’aider dans ma recherche. Ce n’était pas chose facile, tant de questions se bousculaient en moi, tant de souffrance m’accablait, tant de difficultés encombraient mon chemin, je me trouvais aussi confrontée à l’incompréhension, voire à l’hostilité car la vie religieuse semble tellement "hors normes", inutile, marginale, à contre-courant.

Je continuais donc d’avancer sur ce chemin, rencontrant le doute, le découragement, la souffrance. Mais je dois dire que ces souffrances ont toujours été fécondes, elles m’ont toujours permis d’avancer sur cette route, oh combien difficile, mais tellement belle ! J’avais au fond de mon cœur le désir d’aimer, d’aider, de soutenir, d’accompagner ceux qui souffrent de toutes sortes de solitudes, de manque d’amour. Ma souffrance était un tremplin, elle m’a sensibilisée, m’a ouverte à la souffrance des autres. Et plus j’avançais dans ma recherche, plus je sentais que je devais répondre à cet appel, c’était bien ça le véritable sens de ma vie.

Mais ce n’était pas si facile de trouver ma place, c’est ce que j’ai appelé mon "parcours du combattant". Quelle est la congrégation qui répond le plus à ma nature, à mon désir ? Il en existe tant ! Où me sentirais-je le mieux pour servir ?

La prière a beaucoup accompagné, soutenu ma recherche. J’aimais souvent me retrouver dans un petit village de la Loire : Valfleury, où je priais Marie depuis mon enfance. Je crois sincèrement qu’Elle a guidé mes pas vers un petit Institut qui est né précisément à Valfleury et que j’ai appris à connaître. Mon pèlerinage en Terre Sainte a également fortement orienté ma recherche vers ceux qui souffrent de solitude, puisqu’un lieu, un des derniers moments de la vie du Christ m’ont profondément marquée.

La dernière étape de ce "parcours du combattant" m’a conduite à passer par le SDV où j’ai trouvé une aide très précieuse qui me conduit aujourd’hui à faire le pas décisif dans un petit Institut qui répond tout-à-fait à mes attentes. La partie n’est pas encore gagnée mais cette décision a mûri lentement, elle est le fruit d’un parcours difficile sur lequel j’ai pu avancer grâce surtout à des rencontres, à des moments très forts de partage car pouvoir poser toutes ses questions à quelqu’un c’est le plus important, c’est ce qui m’a permis d’avancer dans ma recherche, dans ma réflexion, de trouver au fond de moi la réponse.

J’ai vraiment eu cette chance formidable de rencontrer la personne avec laquelle j’ai pu partager en profondeur, lui confier toutes mes questions, toutes mes peurs, toutes mes attentes, toutes mes joies aussi, heureusement, la personne qui a accepté dans la disponibilité de faire ce bout de chemin avec moi et grâce à laquelle je peux enfin librement répondre à l’appel de Dieu.

Grand merci à cette personne, mais aussi à celles qui l’ont précédée et qui ont commencé à défricher le chemin, ma reconnaissance envers toutes ces personnes est infinie puisqu’elles m’ont aidée à trouver le bonheur. Malgré les difficultés, les obstacles, l’hostilité, la souffrance, je suis heureuse d’avoir enfin répondu à l’appel de Dieu car "ça vaut le coup" !! Dieu a besoin de nous parce que le monde a besoin de Lui.

Estelle


Chers Pères évêques,

J’ai 26 ans, j’exerce le métier de programmateur et de formateur dans une SSll. Au cours de ma vie j’ai accumulé des expériences, bonnes ou mauvaises, des expériences formatrices. J’ai essayé d’être à l’écoute du monde, essayé d’être à l’écoute de ceux qui m’entourent, et d’autres m’ont écouté. Etre à l’écoute, c’est aujourd’hui cette figure du Christ qui me porte.

Etre à l’écoute des jeunes dont je m’occupe comme chef Scout de France, j’ai choisi de m’engager en personne libre pour fonder la promesse de garçons et de filles sur la Charte des Scouts de France. Connaissant ses buts, principes et méthodes, j’ai choisi le Scoutisme catholique. Cette Charte se nourrissant de l’enseignement de l’Eglise nous demande d’apprendre à libérer nos jeunes. Elle nous demande de faire vivre aux jeunes, à travers leurs rêves, leurs jeux et leur vie, le pardon plus fort que le péché.

Ainsi en ai-je fait l’expérience récemment avec Emmanuel : condamné sur un mensonge, devant mentir pour se protéger, ne trouvant qu’auprès de ses chefs la proposition du sacrement de la réconciliation et la possibilité de se dire, de se libérer. Las, dans la maîtrise, rares sont les chefs qui connaissent et qui essayent de vivre selon l’enseignement de l’Eglise ; nombreux sont ceux qui ne se reconnaissent pas chrétiens ; trop peu sommes-nous à vouloir faire vivre aux jeunes la cinquième relation du scoutisme : la relation à Dieu. Pourtant, ce mouvement est chrétien, catholique.

Chers Pères évêques, ce que j’attends de vous c’est que chaque jeune puisse rencontrer tous les ans, sans en exprimer le souhait, leur prêtre ou leur évêque. Ce que j’attends du presbyterium, c’est qu’il soit sur le terrain et non pas retranché derrière l’autel, visible mais plus inaccessible que l’invisible : le Christ qui nous rejoint quand il se donne dans son Eucharistie. Le Christ ne nous commande-t-il pas encore aujourd’hui : "Laissez venir à moi les enfants". Pastorale des jeunes : "Mon évêque, où es-tu ?!"

Etre à l’écoute du monde, de la société dans laquelle nous vivons, des sociétés qui nous sont étrangères. Etre à l’écoute sans vouloir les suivre. Je me suis tourné vers le Secours catholique ; l’équipe locale n’avait pas besoin de mon aide, alors me voilà membre du CCFD, non pas à regret mais parce que j’y ai été invité, accueilli. CCFD, être à l’écoute ici de ceux qui sont là-bas. Etre à l’écoute ici des paroles sur ceux qui sont nés là-bas. Le CCFD m’a permis de réfléchir, de réfléchir sur ce qu’est le don gratuit : merci à toi Renée, à toi Josée mère seule d’une future française, béninoise, obligée de venir en France chercher le travail que des français t’ont volé là-bas. Merci à toi, Josée, mère seule, sans travail, tu nous montres que, malgré les épreuves, il reste toujours quelqu’un en qui croire. Réfléchir comment les aider là-bas et écouter ici ce qui est dit. Ecoutez : - ils prennent nos emplois - ils sont fanatiques, dangereux, violents - pourquoi les aider, alors qu’il y a tant à faire ici ?

Lire Khaled Khelkal, c’est lire le désespoir, c’est lire la désespérance de tant de jeunes qui ne savent pas qu’ils ont un à-venir, de trop de jeunes qui sont déjà morts à la vie. Ecouter, voir les hommes et les femmes défiler non pas pour l’avenir, mais pour le passé. Ai-je, avons nous chrétiens, catholiques, le courage de transmettre la doctrine sociale de l’Eglise qui appelle sans cesse au partage, qui appelle à construire quelque chose de nouveau, qui appelle à bâtir. Ai-je, avons-nous, chrétiens, catholiques, le courage de dire que notre mode de vie n’est pas viable à l’échelle mondiale, que le gaspillage de nos richesses, que le repliement sur soi, que l’exploitation de l’autre ne sont pas viables.

Ai-je, avons-nous, chrétiens, catholiques, le courage de dire que, pour vivre, il faudra se lancer sur une voie nouvelle ; il faudra se dessaisir de nos richesses et inventer un monde nouveau où chaque homme aura les mêmes chances, un monde où le plus fort ne sera pas différent du faible. Avons-nous le courage d’annoncer au monde qu’il nous faudra vivre sa Passion pour vivre ; que seul un dessaisissement volontaire nous permettra de vivre et de ne pas mourir. De vous, Pasteurs, j’attends que vous soyez auprès des plus pauvres. De vous, Pères évêques, j’attends que vous n’ayez pas peur d’annoncer et de vivre la Croix. De nous, Eglise, j’attends qu’elle ne cache pas sa préférence pour les plus pauvres. J’attends de l’Eglise qu’elle cherche à remplir les bâtiments existants avant d’en construire de nouveaux. Pères évêques, n’ayez pas peur d’être les prophètes de l’Apocalypse. Pastorale du monde : "Mon évêque où es-tu ?!!"

Etre écouté. Dans mon histoire d’Eglise, j’ai beaucoup souffert de ne pas rencontrer des chrétiens à l’écoute. Pourtant je suis sûr qu’ils m’entendaient. Entendre l’appel, entendre le désir, proposer un cheminement adapté, voire personnalisé. Pas écouté, lorsque après leur profession de foi, quatre jeunes ont désiré continuer à cheminer à la suite du Christ : personne pour les accompagner. Pas écouté lorsqu’en essayant à nouveau de me préparer au sacrement de Confirmation, je me retrouvais dans une équipe où les discussions n’étaient qu’une suite de monologues. Pas écouté et pourtant obligé de cheminer vers la Confirmation dans une équipe où la doctrine et le dogme de la Sainte Eglise catholique étaient annoncés comme un mode de vie équivalent à tous les autres... peut-être un peu meilleur. Equipe dans laquelle, la croyance en la réincarnation était acceptée à l’égale de la Foi en la résurrection. Pourtant, aujourd’hui confirmé. Pas écouté lorsque, suivant une année de discernement, il m’a été dit en substance : "Tu choisis de discerner, ou tu choisis les jeunes dont tu t’occupes !". Avoir à choisir entre un cheminement personnel ou ceux dont j’ai la charge ; j’ai choisi : "Aider les jeunes à discerner qu’au-delà des épreuves il y a la vie ; et que celle-ci nous est donnée par Jésus, le Christ, notre Seigneur".

De cette période, je regrette que ce ne soit pas mes animateurs qui m’aient permis de mieux connaître le Christ, mais les lectures faites pour connaître celui auquel j’adhérais. Etre écouté, d’abord par de jeunes adeptes d’un groupe sectaire. Ils ont su profiter de ma détresse à vouloir m’engager, de ce manque du Dieu que l’on ne m’avait pas dit. Heureusement, Jésus était là, toujours à mes côtés, et en venant à une pratique régulière du sacrement eucharistique, c’est à Pâques 89, lors d’une marche dans la nuit que je L’ai rencontré ; notre évêque je ne l’avais pas rencontré parmi nous. Etre écouté par le prêtre de ma paroisse : Philippe. Etre écouté par André, aumônier militaire à Vincennes, où j’effectuais mon Service national. C’est grâce à toi, André, que j’ai compris que l’écoute libérait ; c’est grâce à toi, André, que je me suis mis à l’écoute de ceux qui m’entouraient et plus particulièrement de Guy : jeune paumé dans un monde sans espoir et sans rêves, à l’exception de ceux que procure le hash. C’est encore toi, André, qui m’a poussé à discerner si ce n’est pas comme prêtre que le Seigneur m’appelle. Ecouté aussi par Georges, prêtre, aumônier militaire, chargé de préparer pour le diocèse aux armées la rencontre de Denvers 93. Et dans l’armée, ce qui m’a marqué, c’est d’abord une grande détresse mais surtout un sens de la liturgie et la présence de Michel Dubost, au milieu de son peuple.

Ecouté encore aujourd’hui par ceux qui m’accompagnent, prêtres et laïcs. Et aujourd’hui je travaille cette écoute car je pense que, sans elle, il n’y a pas de résurrection pour celui qui ne peut pas se dire. De vous, Pères évêques, j’attends que vous réunissiez votre peuple autour de vous, autour du Christ à l’image de ce que fait Jean Paul II. De vous, pasteurs, j’attends que vous soyez à l’écoute de ce monde qui bat et se bat. De nous, Eglise, j’attends que nous sachions proclamer comme seule et unique source de vie la résurrection. J’attends que nous entendions le Christ : "Je demeure avec vous". Enseignement des jeunes : "Mon évêque, où es-tu ?!!".

Eucharistie dans une communauté accueillante, réunie autour de son Pasteur, Passion annoncée, enseignée et vécue, résurrection proclamée sans crainte ni peur, voilà ce que j’attends de vous chers Pères évêques. Ce que j’attends de vous, pasteurs de vos troupeaux, c’est que vous alliez à la recherche de la brebis égarée pour lui annoncer le mystère du Christ toujours présent dans son Eucharistie, toujours souffrant sur la Croix et déjà Ressuscité. Mon évêque, je t’en prie, n’oublie pas d’annoncer le partage et qu’au delà du ras-le-bol, il y ait un raz-de-Dieu.

Chercheur de Dieu à votre suite, Tobie


Issue d’une famille chrétienne et pratiquante, je fis mes études dans des écoles privées. En 1966, alors âgée de 13 ans, j’étais élève dans une école religieuse de Saint Etienne. Pendant les récréations j’aimais me retrouver à la chapelle, dans le silence. Un soir, je rentrais dans le bureau de Mère Y.. et je lui dis : "En l’an 2000 vous aurez une nouvelle religieuse dans votre communauté". Elle me dit : "J’espère que ce sera avant l’an 2000 !". Un an après je partais dans une autre école. Quelques années plus tard, Mère Y.. quittait l’école pour une destination que j’ignorais.

En 1988, après un cheminement avec un prêtre et un voyage à Fatima, je téléphonais au monastère de Pradines. Lorsque je déclinais mon identité au téléphone, ce fut le silence puis : "N’étiez-vous pas à l’école X.. ?" "Oui ! seriez-vous Mère Y.. ?" "Oui !". Nous nous retrouvions 22 ans plus tard. En février 1990, je rentrais définitivement dans la communauté de Pradines.

Anne-Laure


J’aurai 23 ans ce 21 avril et je suis en 2ème année au séminaire St Irénée de Lyon. Si ce témoignage a un intérêt, c’est peut-être par mon histoire, celle qui m’a conduit à choisir la voie dans laquelle je suis aujourd’hui.

Je suis né dans une famille où la foi tient une grande importance "catholiques pratiquants réguliers" mes parents m’ont transmis cette foi qu’ils ont essayé de mettre au centre de leur vie. Mon père, d’abord professeur de philosophie dans un lycée catholique, a accepté de s’engager dans la responsabilité d’un établissement. Ma mère, sans profession, s’engage toujours dans des activités de catéchèse, paroissiales.

Jusqu’en 5ème sur Valence, en tant que servant de messe auprès d’une communauté de Rédemptoristes, j’ai été sensible à la simplicité, joie profonde et humilité de ces pères. Je crois avoir perçu un appel du Seigneur à le servir comme prêtre à l’âge de sept ans. Au collège St Victor, en 6ème, je relis un événement comme étant une de ces "pierres" d’achoppement où discerner l’appel. Et pourtant je suis aujourd’hui très critique face à de telles méthodes.

Cette année-là, un prêtre, jeune, vient exposer à l’ensemble des classes comment être prêtre n’est pas "ringard", dépassé. Par une sorte de bon jeu de comédien, il essaie de nous montrer cette joie qui l’habite, parcourant l’estrade, d’un pas dynamique et déployant humour, boutades... pour s’acheminer vers une question : "Pourquoi pas vous ?... la situation de l’Eglise..." Il a fondé une "association" de prière pour les vocations sacerdotales. Pour y adhérer il suffit de remplir le bulletin ci-joint... Je ne le remplirai pas. Mais terminant par un "Je vous salue Marie", je me trouve très profondément "remué" car cette exhortation rejoint un désir préexistant, ou du moins une question profonde sous-jacente.

Ce projet reste pourtant enfoui et je n’en parle pas. Il est vrai que d’autres passions : la météorologie, puis l’écologie me font rêver à quelques professions passionnantes. Ce projet est bien là, au plus profond et je me souviens que je le formule à mon père en 3ème, mais avec quelle difficulté et émotion ! Jusqu’en terminale, ma vie chrétienne tente de grandir de groupe de catéchèse en groupe de réflexion, finalement en bon paroissien régulier (!)

Mais à la paroisse, bien que non impliqué, je suis là aussi sensible au témoignage de vie du prêtre, cette force de foi qui lui garde cette espérance, cette joie, malgré une bien petite communauté vieillissante. Je porte aussi le souci de cette Eglise que j’aime. En terminale, c’est l’heure des dossiers en vue des études "supérieures" et, dans cette démarche d’orientation, je suis le cours naturel des choses : j’aurai bien le temps de penser plus tard à cet appel, ce désir profond. J’entre donc en Bio-Math- Sup. à Grenoble.

Cette année est une année charnière (1991-92). Je viens en effet d’un milieu qui était finalement très protégé, n’ayant pas vu grand chose d’autre que l’école et ma famille. Pour la première fois je me retrouve livré à moi-même, à mes questions, face à un monde d’incroyance : rationalisme des professeurs, des amis. Je découvre aussi en certains de ces amis toute la recherche spirituelle qui parfois existe, se tournant vers le mysticisme oriental.

En fait, je suis en train de redécouvrir ce à quoi je tiens vraiment et profondément : la foi en Jésus-Christ. Je redécouvre la spécificité de mon baptême, de cette confirmation. Cette foi en quelque chose à dire au monde d’aujourd’hui, une espérance à apporter. Et resurgit ici ce qui fait aussi la spécificité de ce que je suis, ce désir profond qui m’habitait. Dieu semble m’appeler, me faire confiance. Je deviens pressé de devenir prêtre. Je ne désire qu’une seule chose : entrer au séminaire dès septembre prochain. J’écris donc directement à l’évêque qui m’a confirmé, Mgr Marchand (court-circuitant complètement le SDV et montrant ainsi toute mon ignorance des services diocésains !).

Mais mes parents sont un peu affolés. Il leur semble préférable que je continue mes études. Le responsable de la formation au ministère me propose alors d’entrer en GFU. Ayant obtenu le passage en Bio-Spé, je demande l’équivalence de la 1ère année de DEUG de Géologie : le cursus universitaire, plus souple, me permettra d’arrêter lorsque je le souhaiterai, c’est-à-dire après le DEUG ou, au pire, après la licence ; il me laissera du temps pour m’engager. J’ai terminé en juin dernier une Maîtrise de Géologie. Je viens donc de suivre trois années de formation en GFU.

Dès le départ, je profite de davantage de temps pour passer mon BAFA. Je propose mes services pour l’animation de groupes de 4ème et de 3ème en aumônerie, je m’investis au Centre Catholique Universitaire.

Pendant trois ans, les week-ends et les sessions GFU vont être des lieux de partage profond, des lieux de soutien où je retrouve appui et souffle. Décapant mes a priori sur le portrait-robot du séminariste moyen (forcément austère), me découvrant habité de questions, de désirs avec d’autres (je ne suis plus seul avec mon projet), le discernement s’enrichit de l’expérience humaine vécue à l’université. Je suis amené à porter un peu de ces attentes, angoisses qui prennent place dans ce souci de mission et dans ma prière. Finalement, c’est une unité qui semble peu à peu s’établir entre mes propres questions, celles du monde dans lequel je vis et la formation au ministère. Etudiant comme d’autres, avec d’autres, mon projet est mis à l’épreuve de ce monde étudiant, m’aidant sur plusieurs dimensions du discernement : manière de vivre l’engagement apostolique, vie de prière avec l’apprentissage difficile d’une fidélité, vie affective...

Mais encore une fois je ne suis pas seul et la diversité des expériences fait toute la richesse des partages de vie, cœur des week-ends GFU. Finalement, je passe de l’impatience de la formation au ministère à une attitude où je prends conscience de cette dimension capitale du temps, "savourant" ces expériences vécues, essayant d’être plus attentif à ces "traces" de Dieu.

L’année dernière, après discussion et conseils de ceux qui m’accompagnaient, je suis donc entré en 2ème année de premier cycle à St Irénée. Je suis aussi entré dans un autre type de discernement, en communauté, et où toute activité est axée vers la formation au ministère de prêtre. Aujourd’hui, cette vie est pour moi encore source de joie. Et lorsque le doute tend à m’envahir, ces instants passés "sur la montagne" et où j’ai éprouvé la tendresse et le "si tu veux" de Dieu, sont comme ces "pierres du gué".

Jean-Etienne


Je m’appelle Arnaud et je suis d’origine kurde. J’ai 17 ans et demi, je suis lycéen à l’Institution Notre Dame de Valence où je suis les cours de seconde. Je vais à l’aumônerie du lycée depuis septembre 1995.

Ce qui me dynamise actuellement c’est de devenir conducteur de TGV. En effet, depuis quelques mois je suis tombé amoureux, si je puis dire, des TGV. La seule chose qui m’inquiète actuellement c’est d’être en échec scolaire. Ce qui me semble prioritaire, ce sont, bien sûr, les études. D’abord je réussis mes études, ensuite j’organiserai concrètement ma vie.

Je vis au Foyer Jacques Laval. C’est un Foyer de jeunes qui veulent approfondir leur foi chrétienne. Quand mes camarades du lycée me demandent où est-ce que j’habite, je leur réponds toujours : "Dans un Foyer chrétien". Je n’ai aucune honte à dire que je suis chrétien.

Pour moi, ce qui me semble prioritaire dans la foi c’est la prière. Pouvoir prendre cinq minutes en remerciant le Seigneur pour ses merveilles. Ma foi est importante car elle me permet d’aller à l’Eglise dans la joie.

Je ne peux quasiment pas parler de la foi avec mes camarades de classe car à 90 % des cas, ces derniers ne croient pas en Dieu. Je rencontre d’autres chrétiens lors de divers rassemblements. Cet été je suis allé à Paray-le-Monial pour une session de jeunes et j’y suis retourné pour "Planète-mission" les 2 et 3 décembre. Ca compte énormément pour la foi. Pouvoir parler de la religion sans que quelqu’un se moque de vous sans cesse, mais c’est formidable !

J’ai été baptisé le 12 mai 1995 et confirmé le 20 mai 1995. En étant suivi par des personnes que je ne remercierai jamais assez, j’ai pu découvrir ce qu’était une ambiance chrétienne. Je me suis préparé à recevoir mon baptême avec mon groupe de confirmation. Le fait d’être accepté dans une école catholique, alors que je ne croyais pas en Dieu, m’a fait réfléchir. Pas longtemps ! car huit mois après j’étais un vrai chrétien en étant baptisé et confirmé.

Dieu m’a beaucoup aidé car j’ai eu d’énormes problèmes familiaux et sans lui je n’aurais jamais tenu ces problèmes et je n’aurais certainement pas écrit cette lettre. Amicalement.

Arnaud


A 20 ans, je suis étudiant en école d’ingénieur, plus par raison que par passion. Toutefois celle-ci se démultiplie au sein d’activités para ou extra-scolaires dans lesquelles j’ai le sentiment de bien plus m’épanouir et me réaliser que dans le travail purement scolaire. Toutes ont le point commun de présenter un aspect relationnel et humain, marqué en outre, souvent, par une prise de responsabilités qui, tout en me motivant grandement, m’inquiète, voire m’angoisse, par peur de ne pouvoir les assumer pleinement en raison de difficultés scolaires. J’attribue celles-ci à un manque d’efficacité dans mon travail (on me dit tellement que j’ai les moyens de réussir !) alors que, par ailleurs, je crois être, avec mes insuffisances, assez efficace dans tout ce qui n’est pas scolaire, ce qui ne facilite pas les relations déjà difficiles avec mes parents.

Passionné par la musique et les lettres, dans leur acceptation la plus large (domaines où je retire paradoxalement plus de bonheur que dans les sciences), je suis également passionné par tout ce qui touche mon engagement de chrétien, particulièrement dans ses dimensions liturgiques et apostoliques. La liturgie - de sa conception à sa réalisation - m’habite (je suis animateur depuis déjà près de six ans) ; j’éprouve un bonheur toujours plus grand de contribuer à faire vivre ce moment unique qu’est la messe à une communauté, quelle qu’elle soit. Quelle action de grâce monte de mon cœur lorsqu’un étudiant vient me dire qu’après deux ans d’éloignement, il a redécouvert la beauté d’une liturgie sobre et digne dont j’ai participé à l’élaboration.

En parallèle avec ce travail, j’ai constaté depuis quelques temps qu’il me devenait de plus en plus difficile de dissimuler mon engagement, par exemple dans un débat d’idées, fût-il dans un cadre scolaire, voire dans un oral de concours ! Cela me semblerait antinomique avec ce que tout baptisé est appelé à vivre (faut-il cacher la lumière que l’on a reçue sous le boisseau quand elle nous fait vivre !) même si parfois je me sens hypocrite de proclamer une telle Bonne Nouvelle avec tant d’assurance et de vivre si médiocrement dans le péché que je dénonce... J’ai souvent mal lorsque je veille à la dimension spirituelle de la vie de groupes dont je fais partie (attention presque involontaire !) et de tant négliger mon oraison personnelle, alors que précisément le Seigneur m’appelle à vivre autre chose et me donne les moyens de le réaliser au sein d’un groupe...

J’ai ressenti cet appel à la prêtrise depuis environ l’âge de ma première communion auquel je "m’amusais à dire la messe comme un prêtre" (!). Puis, avec des hauts et des bas, je me suis toujours posé la question d’une vocation sacerdotale, jusqu’aux jours relativement récents où la réponse ne fait presque plus de doute. Cela n’est pourtant pas facile quand on aimerait vivre certaines de ses passions à plein temps ; mais je me dis que les ministères sont variés et permettent à tous les charismes de s’exercer !

En outre, depuis plusieurs années, je suis si à l’aise et si heureux au sein de l’Eglise (à tel point que je ressens parfois une attaque contre l’un de ses représentants ou de ses dogmes comme une attaque personnelle !), tant de bonheur à me mettre, avec mes insuffisances et mes défauts, au service du Seigneur - Chemin, Vérité et Vie. Et quel n’a pas été mon bonheur lorsque, en terminale, deux prêtres m’ont demandé (séparément et sans se connaître) avec un zeste de timidité plein de délicatesse, si je ne m’étais jamais posé "la" question. Interrogation reprise depuis par plusieurs amis ou connaissances. Il semblerait que plus je doute, plus le Seigneur "enfonce le clou" de manière surprenante jusqu’à me faire dîner en tête à tête avec un évêque, suite à une série de hasards (?) que je ne maîtrise pas !

Et avec quelle assurance, presque outrecuidante, j’ai répondu à celui qui est devenu mon père spirituel, lorsqu’il m’a demandé si je ressentais plutôt un appel contemplatif ou apostolique diocésain : "apostolique !"

Mon rêve est en effet, aujourd’hui, de mettre un jour tout mon individu, avec les qualités qu’Il m’a données, au service de Celui qui me fait vivre et m’appelle toujours avec un amour éternellement fidèle, même lorsque je m’enfonce dans le péché. Quelle espérance Il me donne ! Quelle paix Il me procure ! Avec quelles persévérance et pédagogie Il me permet de sortir des périodes sinistres et noires où tout m’est violence, lassitude et solitude ! Avec quelle force Il balaye mes hésitations !

"Seigneur je te rends grâce pour tes bienfaits.
Aide-moi à toujours mieux te servir,
Toi seul peut me donner la force de te suivre
Apprends-moi à te prier, moi qui néglige si souvent de ne consacrer qu’à Toi une part de mes journées - que tu me donnes, moi serviteur infidèle d’un Dieu fidèle. Amen".

Xavier


Je m’appelle Nicolas , j’ai 15 ans et demi et je suis en première année de lycée. En septembre, je suis entré dans un Foyer spiritain à Valence. Je cherchais un lieu de prières tout en continuant l’école. Cette vie communautaire rythme ma vie dans la foi. Aujourd’hui, je m’efforce d’être présent dans la prière matin et soir et d’offrir mon cœur au cours de la sainte messe. Je puise mes forces dans tous ces moments. C’est une source de joie et d’espérance dans ma vie. Je suis très proche aussi de l’Esprit car je suis "charismatique". Cependant je n’aime pas trop ce terme parce que toute l’Eglise est appelée à cette nouvelle Pentecôte. Dans toute cette première partie, ma priorité est de vivre pleinement ma Foi tout en essayant de vivre parmi mes camarades pour mon devoir d’Etat.

Je ne laisse pour rien au monde passer ma foi devant mes frères qui se disent athées. Comme je vous l’ai dit au début, je suis dans un Foyer pour la première année. Avec ce changement est venu une nouvelle école, de nouveaux camarades. Depuis ma confirmation, je porte une croix avec une longue chaîne. Au début de l’année scolaire, les jeunes de ma classe ne voyaient que cette croix. Et souvent j’entendais de petites moqueries mais qui mettaient un ravin entre eux et moi. Ce n’est pas pour autant que j’ai enlevé ma croix (c’en était une pour moi). Au fur et à mesure que je vivais en méditant toutes ces choses, ils ont compris qu’il y avait quelqu’un derrière la croix et ils m’ont accepté (rien n’est impossible à Dieu). Au sujet de ma foi, par rapport aux autres, j’aimerais vous raconter deux petites anecdotes mais qui illustrent bien cette question.

La première se situe au niveau du service que je rends au lycée en faisant manger les enfants de maternelle. Je descendais la vaisselle à la plonge et, comme d’habitude, la rangeais sur la table. Le plongeur me dit : "Je ne crois plus en Dieu ; mais à force de vous voir, je commence à y croire". Au début je fus stupéfait par cette parole. Mais en méditant cela, je compris que c’est dans les choses toutes simples que le Seigneur agit.

La seconde remonte à la veille de Noël. Le samedi 23 décembre, pour attendre maman, je suis allé, fidèle, à l’évangélisation de rue avec la communauté de l’Emmanuel. Revivifié et plein de joie, je m’en retournais au Foyer, pressé, peur d’être en retard, lorsque je rencontrai une fille de ma classe avec l’une de ses copines, que je ne connaissais pas du tout. Cette "étrangère" me demanda si je pouvais l’accompagner le temps du même chemin. Je ne puis refuser et ralenti l’allure et le dialogue s’installa. Tout au long de ces cinq, dix minutes ensemble, j’ai pu témoigner à quelqu’un qui avait une soif de comprendre ce que je vivais, car elle est dans la même classe que l’un du Foyer.

En rentrant, je rendis grâce au Seigneur car je ne savais comment témoigner mais Il m’a fait comprendre que l’Esprit est là et qu’il œuvre pour que nous puissions témoigner non pas par nos propres forces, mais par l’écoute de l’Esprit.

Ce que je retiens dans tout cela, c’est qu’il faut que je vive pleinement l’Evangile et que je prie, et tous les problèmes que je peux rencontrer, comme je le disais en début de partie, sont dans le Seigneur et ne restent pas pour encombrer mon cœur. Cet apprentissage de l’écoute de l’Esprit change mon regard par rapport aux autres et change mes attitudes envers eux. Au bout d’un cheminement, j’ai appris le partage : l’écoute de l’autre et ce que je peux lui apporter. Je pense que sans ma foi, j’aurais vécu ces choses autrement.

Nicolas


Je suis entré dans l’Eglise à l’âge de trois ans. Mon baptême a été célébré le 25 décembre 1983 par le prêtre avec qui j’ai vécu environ six ans. Ce prêtre m’a beaucoup touché dans sa façon d’être et de célébrer la sainte messe. Avec lui j’ai appris le service de l’Eglise en devenant enfant aussi bien de chœur que de cœur. Ayant compris assez jeune que le Seigneur m’aimait, je décidai de recevoir le Corps de notre Sauveur à sept ans. Cette première moitié de ma vie, je l’ai vécue dans la joie d’un enfant avec ma communauté paroissiale. Avançant doucement sur le chemin, j’ai rencontré la communauté des Apôtres de la Paix qui m’ont offert la grâce de la louange. Je découvre là l’amour intime de Dieu et de son Fils comme Jean lors du dernier repas.

Après avoir reçu, de la part du Saint Esprit, différents charismes, j’ai demandé la Confirmation. Elle a été célébrée il y a peu de temps (le 14 mai 1995) et à la suite de cette célébration, j’ai commencé à m’offrir aux autres dans la simplicité de l’amour. Les moments les plus importants que j’ai vécus avec Dieu sont les différents sacrements.

Depuis tout petit, dans l’esprit d’un enfant, j’avais le désir de devenir prêtre pour servir mes frères. Puis ça partait et ça revenait.

Un jour, après une nuit de prière, c’était même un dimanche, j’ai senti que le Seigneur voulait me dire quelque chose, ou bien qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Je me suis agenouillé devant l’icône de la Trinité Sainte et j’ai ouvert mon cœur. D’un coup, le Seigneur m’a rempli de son amour en plénitude et Il m’a dit qu’il voulait que je serve mes frères dans son Eglise. Sur l’instant, j’étais comme fou d’amour pour Dieu et je lui ai répondu : "Oui, Seigneur ! qu’il me soit fait selon ton désir". J’étais comme sur un nuage tout contre le cœur du Christ, ce cœur transpercé pour nous.

Jusqu’à aujourd’hui, ma réponse est toujours oui, mais je me suis calmé et je médite cet appel divin. Ce qui m’attire c’est l’Eglise, ma foi, cette joie que je donne à mes frères. L’attente me fait peur. Cela m’angoisse d’attendre pour réfléchir mais je sais que c’est nécessaire.

Que la volonté de notre Seigneur se fasse en moi. Amen.

Jean-Marie


Rencontre avec "Manue"

- En ce moment, croire j’ai un peu de mal, je pense que quand j’essaie de faire des trucs pour les jeunes, pour être mieux avec les autres, m’occuper d’eux, tout çà, j’ai l’impression que je rencontre Dieu et c’est cela qui fait que je suis heureuse parce que, par exemple, l’année dernière je faisais du soutien scolaire, rien que cela me fait agir. On pourrait dire "tout le monde peut le faire" mais pour moi c’est agir comme une catho : cette année j’ai arrêté, le gamin est venu me voir, j’ai dit non et finalement ça me manquait et c’est pour ça que je vais aller aux restos du cœur, je fais des bonnes actions !!

- Tu as l’impression que c’est un bonheur superficiel ou un bonheur profond ?

- C’est un bonheur profond : je discutais avec une copine et on parlait du mariage. Je lui disais qu’avec mon ami Stéphane j’avais l’impression que le bonheur que j’avais avec lui ce n’était pas aussi profond que quand j’étais avec les autres, je me demandais si c’était normal. C’est pour cela que je me demande si je ne vais pas être bonne sœur. Pierre m’avait dit que dans la vie, il fallait faire ce qui apportait bonheur et paix intérieure et quand j’étais avec Stéphane, c’était le bonheur mais pas la paix intérieure, alors que quand je suis avec d’autres, des jeunes, là il y a la paix intérieure. Ca doit être la rencontre avec Dieu.

- Quand on te dit "prends ta place", tu te vois où dans l’Eglise ?

- ... déjà c’est ce que les gens disent dans les prières universelles, ils disent toujours "prions pour les jeunes, machin... qu’ils viennent dans nos églises", et moi, je suis à l’église, tous les dimanches et jamais ils ne viennent me voir pour me demander "alors, tu ne voudrais pas faire un petit truc, un petit machin ?" , donc, déjà, ils sont bien gentils ! A part ça, tout le monde a sa place dans l’Eglise, ça au moins, on nous l’a appris au caté. Notre bouquin c’était "Pierres Vivantes". On était chacun une pierre vivante, on avait construit une église, chacun apportait sa pierre, son petit effort par semaine. Alors ma place, je la vois soit en tant que bonne sœur, soit en tant que femme mariée, ou peut-être célibataire si je ne trouve pas de mec génial. J’aimerais bien trouver un mec, histoire d’avoir des enfants... non, enfin ça sera soit bonne sœur, soit mariée en étant témoins, avec mon mari, en essayant de s’investir dans l’Eglise, tout ça...

- Quand tu dis, je me vois bonne sœur ou femme mariée, pour toi les deux sont une vocation ou l’un se fait parce qu’on n’a pas l’autre ?

- Les deux c’est une vocation : il ne faut pas faire l’un parce qu’on n’a pas eu l’autre, que ce soit le mariage ou la vie religieuse, c’est un choix. Il ne faut pas dire, je ne trouve pas de mec, je me fais bonne sœur, la bonne femme elle n’est pas bien dans sa tête ! Dans les deux cas, tu renonces à plein de choses parce que si tu es bonne sœur, tu renonces à l’amour physique, à avoir des enfants. Mais si tu es mariée, tu n’as pas la même relation avec Dieu, enfin ce n’est pas le même style.

- En étant religieuse, tu as l’impression que tu peux davantage t’investir auprès des autres ?

- Oui, si tu as ta famille, tu peux penser aux autres mais tu dois t’occuper de ta famille alors que si tu es bonne sœur, t’as toi mais tu te donnes à Dieu, mais tu es là pour être disponible aux autres, j’ai l’impression que tu vis pleinement, tu peux te donner plus facilement.

- Quand tu disais, tout à l’heure, que lorsque tu étais avec Stéphane, c’était le bonheur mais pas la paix, tu penses que c’est parce que c’était Stéphane ou bien parce que c’était pas ta vocation ?

- Peut-être parce que c’était pas ma vocation. Ca se pourrait... ce serait grave ! C’est peut-être parce que c’était Stéphane, ce que j’espère sincèrement. Mais c’est peut-être lié au fait que c’était pas ma vocation. C’est ça qui est un peu cracra dans l’histoire, non mais sérieusement, ça me fout les boules : je reçois le DBA et je lisais un article, il y avait une fille, elle avait l’air cool... elle est bonne sœur !. Elle racontait qu’elle est arrivée en seconde chez les salésiennes, elle a trouvé les bonnes sœurs proches des jeunes, elle trouvait ça génial, elle disait "moi aussi je veux être proche des jeunes, mais pourvu que le Bon Dieu ne m’appelle pas ! Et puis un jour je me suis dit que finalement ..., et puis finalement je suis bonne sœur" . Je me suis dit bon c’est tout ! ça craint ! Si c’est comme ça pour moi, ça me fout les boules, sérieux !

- Justement, on dit que Dieu ne veut que ton bonheur

- T’es là pour souffrir ! t’as signé c’est pour en baver ! Chaque vocation est difficile : la bonne sœur c’est dur parce que bien des fois elle doit avoir envie d’être mariée, elle se dit qu’elle s’est peut-être plantée et celui qu’est marié, il est engagé à vie, si sa vocation est d’être curé et qu’il s’est marié, ça craint, ça aura des répercussions sur sa famille, ses enfants ; une fois qu’on a fait un choix, il faut que la voie qu’on a choisie ce soit la bonne, c’est pas facile, la vie est une lutte !

Je me souviens pendant un week-end salésien, j’étais avec Stéphane, c’était la paix intérieure. Le soir, j’ai discuté avec un salésien : "ouais si ça se trouve, je suis faite pour être bonne sœur"... Il m’a dit qu’il fallait laisser les choses se faire, faire ses expériences, et puis Il saura bien te le dire, mais ce n’est pas facile à savoir ! C’est comme Myriam qui me dit "si t’es mal à l’aise c’est bon signe", elle est gentille !

- Tu as l’impression que si ta vocation c’est bonne sœur, tu as l’impression que c’est malgré toi, contre toi ou avec toi, pour toi ?

- C’est avec moi, pour moi, je me verrais bien là-dedans, mais je me verrais bien mariée aussi... Je serais plus vers la bonne sœur mais j’ai quand même envie d’essayer d’avoir des copains pour voir si c’était dû à Stéphane ou pas, parce que tu t’imagines, tu te fais bonne sœur chkling ! et puis après t’en croises un et paf ! oh ben merde celui-là c’était le bon ! qu’est-ce que je fais ?

- As-tu l’impression que ce que tu vis en église ou avec les jeunes cela t’aide à voir quelle est ta vocation ?

- - Ça m’aide à voir que je ne sais pas, que j’hésite... Ce qui me brancherait, ce serait de faire des trucs avec des jeunes qui croient à fond : par exemple la route rouge, il y avait des jeunes qui y croient à fond. C’est cela qu’il faudrait toute l’année, ça existe dans les week-ends salésiens mais ce n’est pas souvent, donc. Pour l’instant Diaspora ça ne me branche pas ou je ne suis pas assez au courant.

- Qu’est-ce que Dieu a fait dans ta vie pour que tu sois toi, aujourd’hui ?

- ... ! (cri qui tue)

- Le plus beau cadeau qu’il t’ait fait ?

- Certains diraient "mes parents" moi je dirai de me mettre chez les salésiens : c’est eux qui m’ont faite. Mes parents m’ont dit "nous on est catho, donc tu viens à la messe..." Quand je suis allée au week-end salésien on m’a dit : vous les jeunes, vous avez des richesses, vous avez des choses à faire, allez-y". On s’intéresse à moi, c’est génial ! j’ai fait tout le parcours : le plus beau moment de ma vie c’est quand j’ai fait le pélé de Turin, avril 94.

- Qu’est-ce que ça t’a apporté ?

- On m’a dit après que j’étais rayonnante, épanouie. Cette semaine-là, ça a commencé par, la rencontre avec un missionnaire, dans un temps fort Gospel. Et dans un sketch on disait "toi aussi tu peux être missionnaire, c’est pas la peine de partir hyper loin". Et pendant le pélé de Turin j’ai essayé de mettre en application ce que j’avais entendu. On a mis l’ambiance, tout le monde y a mis du sien, c’était génial !

- Est-ce que tu en vis encore aujourd’hui ?

- Oui, pour moi c’est les week-ends, les pélés, j’aime bien, c’est ça qui me fait vivre

- C’est l’action ?

- L’action !

- Et la contemplation dans tout ça ?

- Elle est là ! on trouve la force de nos actions dans la prière. C’est là que j’ai commencé à prier. Cela donne la force pour agir, la prière c’est l’énergie

- Qu’est-ce que ça t’apporte, à part l’énergie, de prier ?

- Plein de questions ! des fois, cela me calme mais en ce moment j’ai des problèmes pour prier alors je mets la cassette de Taizé et je m’endors avec cela en chantant jubilate deo et cela suffira ! C’est tout ce que je peux faire ça me prend un peu le "ouch" (en verlan :"chou". NDLR)

- Si Dieu te dit "je t’envoie", cela te fait penser à quoi ?

- Cela me fait penser à mon cahier Gospel : j’ai collé une carte où est notée la phrase suivante : va, dit le Seigneur, avec la force que tu as, c’est moi qui t’envoie. Côté bonne sœur, ce serait en Afrique, j’aimerais bien mais cela peut être aussi en étant mariée parce que j’hésite encore. Tu peux être missionnaire en étant mariée, vivre en chrétienne pour que les autres voient, c’est ça être envoyée...

- Etre religieuse, c’est vivre en communauté, comment tu le vois ?

- je te raconte pas... tu sais, comme dans "Sister Act" : ça passera...

- Ça te semble plus facile que la vie de couple ?

- Les deux ont leurs problèmes. Quand tu es religieuse, tu te maries avec Dieu, avec ton mari, tu t’adaptes !

- "Pour toi qui suis-je ?" dit Jésus

- ... Moi, je suis baptisée parce que je viens d’une famille chrétienne

- Mais aujourd’hui, tu continues alors que tu n’es pas obligée, t’es maso ?

- C’est un besoin : le dimanche j’ai besoin d’aller à la messe. Ça me fait pas grand-chose, cela me fait du bien, ça me donne de l’énergie, en fait je ne sais pas répondre.

- Pourquoi pas grand chose ?

- Parce que c’est un concert, j’aime pas ! les sermons, j’y comprends rien, c’est pas pour moi, ou je ne me sens pas concernée, t’es pas actif. J’ai pas ma place dans l’Eglise.

- Tu peux faire évoluer les choses ?

- Non, ça craint. Quand tu vois que c’est les petites vieilles qui font la quête, ça pourrait être des enfants : il suffit d’avoir la force de porter la corbeille avec tous les billets... Alors quand j’arrive avec ma modeste pièce de un franc !... Les jeunes sont dans le chœur mais je n’aime pas ce qu’ils font.

- Pour l’instant, à l’âge que tu as, sans parler de vocation as-tu l’impression d’avoir pris ta place dans l’Eglise ?

- Dans l’Eglise, pas tout à fait, j’aimerais faire plus, être active...

- Tu n’as pas l’impression d’être trop exigeante, de vouloir toujours le top ?

- Si mais il faut viser haut, on peut faire mieux que cela !