Au souffle de Pentecôte


Lors de la dernière fête de la Pentecôte, Mgr Duval adressait une lettre à tous les catholiques français au nom de leurs évêques. En voici le texte complet. Il rejoint les préoccupations de ceux qui œuvrent au service de l’appel de Dieu.

"Il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent... Ils furent tous remplis de l’Esprit-Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit... Tous, nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu..." (Ac. 2, 1-11). Le livre des Actes, l’histoire de l’Eglise qui le continue, sont jalonnés de ces interventions de l’Esprit de Jésus.

Il y a trente ans, Vatican II a été pour la fin de ce millénaire chrétien une irruption de l’Esprit Saint. Il nous redit que nous sommes un "peuple messianique qui a pour chef le Christ..." et qui "constitue pour tout le genre humain un germe très puissant d’unité, d’espérance et de salut..., l’instrument de la rédemption de tous..., envoyés au monde entier comme la lumière du monde et le sel de la terre" (L.G. 9).

Il y a vingt ans, au terme du Synode des évoques sur l’Evangélisation, Paul VI écrivait : "L’Eglise évangélise lorsque, par la seule puissance divine du message qu’elle proclame, elle cherche à convertir en même temps la conscience personnelle et collective des hommes, l’activité dans laquelle ils s’engagent, la vie et le milieu concrets qui sont les leurs... Pour l’Eglise, il s’agit d’atteindre et comme de bouleverser par la force de l’Evangile les critères de jugement, les valeurs déterminantes, les points d’intérêt, les lignes de pensée, les sources inspiratrices et les modèles de vie de l’humanité qui sont en contraste avec la Parole de Dieu et le dessein du salut" (Evangelii nuntiandi, 18-19).
Aujourd’hui encore, l’Esprit nous est donné : l’Esprit qui éclaire la nuit de notre histoire, l’Esprit qui conduit le peuple de l’alliance et qui confirme chacun dans la foi au Christ ressuscité, l’Esprit qui nous comble de ses dons pour vivre en ce monde et franchir le seuil de la maison du Père.

1. Célébrant la fête de Pentecôte, nous nous voulons fidèles à notre vocation et nous supplions l’Esprit Saint de nous en faire la grâce.

Comme les autres évêques, je côtoie tous les jours ces hommes et ces femmes saisis par l’Esprit Saint qui prennent au sérieux l’Evangile et en témoignent dans leur vie.

Ils sont nombreux les témoins qui vont au devant des personnes blessées, ceux qui choisissent le coude à coude avec les plus fragilisés et les plus exposés, ceux qui font de leur existence une proximité et un service de leur frère.

Ils sont nombreux ceux qui choisissent la prière, la fidélité et le partage pour donner souffle à leur vie. Un peu partout se cherchent et se trouvent des réponses chrétiennes aux défis du monde moderne.
La question n’est pas de savoir si les chrétiens sont ou ne sont pas minoritaires ; la seule question qui importe est de savoir s’ils se laissent conduire par l’Esprit pour être ensemble le germe puissant d’unité, d’espérance et de salut que le Concile appelait de ses vœux.

2. Célébrant la Pentecôte, nous voulons nous laisser convertir par la force de l’Evangile.

Au soir du Vendredi Saint, les disciples du Christ s’étaient enfermés au Cénacle, dominés par la peur. Cette peur nous menace toujours devant les difficultés du témoignage à donner. Nous sommes mis à l’épreuve quand se dressent sur notre route la dureté du débat, l’incompréhension, le jugement malveillant, le soupçon ou le rejet.

Nous faisons nous-mêmes l’expérience du découragement et parfois de l’infidélité. C’est alors que nous éprouvons le bienfait du souffle de la Pentecôte pour que l’inquiétude ou le doute laissent place à la liberté et à la force intérieure. Nous sommes toujours les témoins imparfaits du message qui nous a été confié. Nous peinons pour créer un climat suffisant de confiance ou de dialogue. Nous ne parvenons pas toujours à trouver les mots justes pour porter aux hommes un message qui soit de compréhension et d’exigence.

Durant ces derniers mois, ont surgi des questions importantes sur notre vie en Eglise et sur notre service des hommes. Des inquiétudes ont été exprimées, parfois aussi des souffrances. Toutes sortes de contentieux sont réapparus.

3. Ensemble, nous allons à la rencontre des hommes.

Si nous avons, nous, évêques, à assurer les conditions d’un bon discernement, nous devons, pour cela, pouvoir compter sur le sens de la foi de tout le Peuple de Dieu. Celui-ci comporte la réception confiante de ce que le Magistère présente comme devant être accueilli par tous, comme aussi la réflexion de tous sur les chemins à ouvrir pour favoriser l’accès à l’Evangile et à la vie en Eglise.
A cet effet, j’encourage le dialogue autour des prêtres dans les paroisses, dans toutes les instances de vie chrétienne et dans les divers conseils.

Pour enrichir cette réflexion, le cardinal Coffy, à notre demande, a rédigé des notes sur l’Eglise. Elles sont à votre disposition. Elles nous invitent à nous ouvrir au mystère de l’Eglise comme grâce donnée au monde en Jésus-Christ. Nous n’avons pas à inventer l’Eglise. Elle est don de Dieu. Les institutions ecclésiales et leur fonctionnement sont au service de la vie en Eglise comme mystère de communion. Ces notes peuvent nous aider à mieux percevoir la mission de l’Eglise et le sens de sa présence au monde. Elles peuvent aussi éclairer les questions concernant la vie de l’Eglise auxquelles l’actualité nous oblige à être particulièrement attentifs.

Les évêques réunis en assemblée plénière à Lourdes au mois de novembre mettront en commun les fruits de ces réflexions. Ils confronteront leurs pratiques de gouvernement et d’animation de leur diocèse et chercheront ensemble les conditions de la fidélité à l’Esprit.

4. Dans nos diocèses, les groupes et les mouvements de jeunes manifestent de multiples manières l’action de l’Esprit-Saint et la vitalité de l’Eglise.

Au cours de l’année 1995-96, nous proposons à tous les partenaires de la pastorale des jeunes, instances diocésaines de coordination, services, aumôneries, mouvements, communautés, de préparer l’Assemblée plénière qui rassemblera tous les évêques avec les jeunes et leurs éducateurs les 23 et 24 avril 1996. Cette assemblée devrait faire apparaître le dynamisme des jeunes. Elle sera aussi une étape vers la journée mondiale de la jeunesse qui aura lieu à Paris en août 1997. Proposer aujourd’hui l’Evangile aux jeunes, accueillir des jeunes dans une Eglise toujours soucieuse d’une plus grande fidélité à Jésus-Christ, voilà des perspectives qui ne doivent laisser personne indifférent.

5. Notre pays, grâce aux élections qui se succèdent, prend une conscience plus vive de ses besoins, de ses difficultés et surtout de l’effort à réaliser pour éliminer les sources d’injustice et les causes d’exclusion. C’est sur ce chantier que nous pousse avec force le souffle de l’Esprit Saint. Soutenus par cet Esprit, soyons aussi les artisans de la justice et de la paix dans le monde entier.

En cette fête de Pentecôte, nous sommes conviés à aller au devant des hommes de notre temps. Un tel appel , nous fait un devoir de vivre la mission dans une recherche inlassable de fidélité au Christ et dans la communion de l’Eglise, Temple de l’Esprit Saint.

"Allez par le monde entier, proclamez l’Evangile à toutes les créatures" (Mc 16, 15). o

Mgr Joseph Duval, Président de la Conférence des Evêques de France


Tous les partenaires de la pastorale des jeunes sont donc invités à préparer cette assemblée plénière entre les évêques et des jeunes avec leurs éducateurs les 23 et 24 avril 1996. Voici quelques informations supplémentaires sur cette rencontre. Elles sont extraites d’une lettre du secrétariat de l’épiscopat, adressée à tous les acteurs de la pastorale des jeunes en France.

Cette rencontre aura pour thème : "Proposer la foi aux jeunes dans la société actuelle" et se déroulera au Lycée St Michel de Picpus à Paris. Elle concerne les jeunes de 15 à 25 ans.

En avril 1994, les évoques de France ont déjà vécu une assemblée de ce genre animée par Mgr Rouet sur le thème de la solidarité : plus de soixante services et mouvements d’Eglise ont participé à cette rencontre qui a confirmé de très nombreux acteurs de la solidarité dans leur engagement et les a incités à développer encore plus la concertation. (...)

Pour l’Assemblée d’avril 96, les évêques désirent associer les jeunes et des éducateurs aux travaux préparatoires et à l’assemblée elle-même. (...)

Pour préparer cette assemblée, nous sommes en train d’élaborer un document préparatoire qui sera remis dès le mois de janvier à l’ensemble des participants. Il comportera :

- une description de la situation des jeunes en France accompagnée d’éléments de comparaison avec les autres pays européens ;

- une description des différentes pédagogies pastorales mises en oeuvre par les partenaires de la pastorale des jeunes.

Nous désirons composer un recueil de témoignages provenant de jeunes situés différemment et vivant différents chemins dans la foi. (...)

(Cette rencontre s’inscrit dans l’esprit du) rapport de Mgr Dagens :

"Il faut donner encore davantage la parole aux croyants, pour qu’ils puissent dire librement comment leur adhésion au Dieu de Jésus Christ et leur pratique de l’Evangile façonnent leur existence d’une façon durable, comment ils gardent confiance tout en traversant des passages difficiles, pourquoi ils ont en eux le désir de partager leur expérience et d’éveiller chez d’autres le goût de Dieu et l’amour de l’Eglise. L’initiation à la foi et à la vie chrétienne a aujourd’hui des chances nouvelles d’être reconnue pour ce qu’elle est : une forme d’éducation qui s’adresse à toute personne humaine dans son intégralité, avec son intelligence et son affectivité, avec son cœur et son imagination, pour qu’elle accueille pleinement le don de Dieu en Jésus Christ. "

II ne s’agit pas d’organiser de nombreuses choses supplémentaires mais de saisir des occasions pour que les échanges entre des jeunes et des éducateurs de jeunes portent sur cette proposition de la foi. (...) L’intention des évêques n’est pas de réinventer la Pastorale des Jeunes mais avec leurs partenaires d’évaluer ce qui se passe et de provoquer un nouvel élan. Cette assemblée, comme le travail préparatoire, sera une étape vers la Journée Mondiale de la Jeunesse qui aura lieu en France en août 1997. (...)

P. Paul DESTABLE
Mgr Michel COLONI