La pastorale des vocations ou une pastorale de partenariat


Une intervention du P. Claude Digonnet lors de la rencontre régionale de Bordeaux d’octobre 94.

1 - "Pastorale de partenariat" : c’est vrai à plusieurs niveaux et il convient de les garder tous à l’esprit et plus encore dans notre pratique quotidienne.

  • 1er niveau : C’est l’Esprit qui est le premier partenaire de notre pastorale, car l’Appel vient d’en Haut Dans Redemptoris Missio on dit et répète que l’Esprit est le protagoniste de la Mission. Un mot surprenant que l’on emploie souvent au pluriel alors que le terme lui même signifie quelque chose comme agent principal... et il ne peut y avoir plusieurs agents principaux. Le principal du lycée peut avoir des adjoints. Il est le principal.

    N’oublions pas dans notre pastorale Celui qui est plus qu’un partenaire. "Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain... "Moi j’ai planté, Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui donne la croissance... Nous sommes les coopérateurs de Dieu" 1 Co 3, 6-9... Nous sommes les partenaires de Dieu... C’est aussi vrai de dire que Dieu a voulu être notre partenaire : "La moisson est abondante... Priez..."

  • 2ème niveau : Même si ce modeste topo ne vise pas d’abord ces partenaires-là, n’oublions pas les plus proches, à savoir les équipes diocésaines des vocations et ce qu’on pourrait appeler le bureau de ce véritable conseil pastoral : les trois ou quatre personnes travaillant en étroite liaison avec le responsable mandaté par l’évêque.

    Je crois beaucoup à ce partenariat. Et pour qu’il soit vrai et efficace, il est bon de veiller soigneusement à la composition de l’équipe en tenant compte des diverses vocations, de la diversité hommes-femmes, prêtres laïcs. On parle parfois de triple mixité (mariés-célibataires).
    C’est la largeur de notre partenariat, comme on évoque la largeur d’un fleuve ou son débit, avant de parler de son cours et de sa longueur.

  • 3ème niveau : Le thème de cette CRV est lié à cette troisième forme de partenariat. En ce sens sont partenaires du Service des Vocations les divers acteurs qui peuvent coopérer avec nous à l’éveil et au discernement des vocations.
    Faut-il pour autant négliger de développer un partenariat avec celles et ceux qui dans les lieux de formation (noviciats et séminaires) accueillent les jeunes que nous avons contribué à éveiller et que nous avons aidés dans leur discernement ? C’est l’aval du fleuve. Dans l’intérêt de l’Eglise et des jeunes eux-mêmes des liens réguliers sont indispensables et largement souhaités de part et d’autre. Mais il ne s’agit pas là d’un véritable partenariat, les institutions de formation ayant un autre objectif et une mission autre que celle des services de vocation. Sur ce point, il semble important de mieux préciser les choses par exemple par rapport aux "périodes propédeutiques".

    Par contre, tous les éducateurs, tous les éveilleurs de la foi et de la générosité des jeunes sont de vrais partenaires, qu’il s’agisse des parents, des divers responsables d’associations et de mouvements de jeunes, des aumôneries et paroisses. Tous ceux auxquels s’adresse précisément Mgr Duval dans ce discours de clôture de l’Assemblée de Lourdes 93 "aux familles, aux catéchistes, aux responsables des paroisses et des aumôneries et mouvements de jeunes, invitation à se demander s’ils aident enfants et jeunes à répondre à une vocation éventuelle en cultivant ce qui est de nature à y disposer."

2 - Une question importante et toujours débattue se pose à nous. Quels partenaires devons-nous privilégier parmi ceux qui sont à ce 3ème niveau et qui constituent l’amont du fleuve ?

Nous avons l’habitude de dire, en parlant des moins de 18 ans et surtout des plus jeunes dans cette tranche d’âge : "Trop tôt pour décider, pas trop tôt pour y penser". Il se trouve que depuis plusieurs années, dans notre pays au moins, l’âge de la majorité a été abaissé de 21 à 18 ans. C’est tout de même significatif. D’autre part 18 ans correspond en gros à la fin des études dites "secondaires".

Il semble bien que ces deux observations nous invitent à distinguer nettement en pastorale des vocations, et donc en matière de partenariat, les plus de 18 ans et les moins de 18 ans. Deux catégories d’âge qui génèrent deux types de partenariat.

Avec les moins de 18 ans
Parce qu’à cet âge-là, il est trop tôt pour décider mais pas trop tôt pour y penser, je plaide pour une pastorale discrète, de type informatif, laissant aux éducateurs toute leur responsabilité, qu’il s’agisse des parents chrétiens, des éducateurs en établissement chrétien d’enseignement, des aumôneries diverses et des paroisses (catéchèse).

Cela suppose une réflexion en vrai partenaire avec :

      • la catéchèse
      • la pastorale familiale
      • la pastorale du monde scolaire
      • la pastorale des établissements catholiques d’enseignement
      • la pastorale des jeunes en mouvements éducatifs et d’action catholique.
        Pour ce dernier secteur, on va vers une pastorale unifiée et c’est une chance à saisir.
        Dans ce créneau des moins de 18 ans, être spécialement attentif et présent à certaines étapes, temps forts ou lieux significatifs.
      • profession de foi et confirmation
      • pèlerinages, rassemblements (FRAT)
      • forum des métiers...

A cet âge-là (moins de 18 ans) plutôt repoindre les initiatives prises par les partenaires.

N.B. Liens plus forts avec des structures, services, mouvements plus accordés à nos propres objectifs (Foyers-séminaires, Servants d’autel, Scouts et MEJ).

Avec les plus de 18 ans
Il s’agit de jeunes "majeurs et vaccinés", capables déjà de décider d’un certain nombre de choses par eux-mêmes, mais aussi très jaloux de leur autonomie.
Avec cette tranche d’âge, mettre en place une pastorale plus typée et spécifique invitant à des choix plus marqués et des expériences plus fortes où les SDV prennent des initiatives.

A ce niveau-là, je vois deux partenaires à privilégier

      • la mission étudiante
      • les lieux de formation permanente.

Un des dossiers sur lequel nous aurons à réfléchir encore dans les années à venir, c’est celui des "périodes propédeutiques" selon l’expression de Pastores dabo vobis. Il semble bien qu’en haut lieu, du côté des évêques et des formateurs de séminaires, on soit d’accord pour dire que cela relève des Services de Vocation.

Mais tout de suite se posent de nombreuses questions :

  • Faut-il restreindre ces propositions à ceux-là seuls qui se préparent à un ministère ordonné ou faut-il envisager des groupes mixtes (garçons-filles) ?
  • Faut-il préférer le niveau diocésain ou le niveau régional ?
  • Faut-il préférer l’internat ou une série de week-ends ?
  • Quel contenu donner à ce temps de formation ?
  • A qui le proposer ? (critères d’accueil)
  • Pour atteindre quel seuil ? quelle décision ? quel discernement ?

Pour des initiatives de ce genre, outre un partenariat interne entre membres d’équipe SDV, il conviendrait de développer un partenariat plus fort avec les instances de formation continue existant dans le diocèse ou la région :

Devant l’ampleur de la tâche et sa complexité, acceptons d’entendre deux appels :

      • multiplier les collaborateurs
      • se fixer des priorités.

Acceptons aussi de miser, dans la foi, sur cette parole du Seigneur "Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux". n

Claude Digonnet
SNV