Diacre ? Pourquoi pas ?


Jean-Paul Cazes
prêtre du diocèse de Nanterre,
curé de Saint-Pierre Saint-Paul de Rueil-Malmaison


Le soir du Jeudi Saint, au cours de l’homélie, j’ai dit ceci : « En ce Jeudi Saint, j’ose appeler aussi les hommes mariés à se poser la question du diaconat. Le diaconat n’est pas une réponse à la diminution des prêtres. Le diaconat est une vocation particulière, qui a sa place, même s’il y avait pléthore de prêtres. Il ne m’appartient pas de dire à quelqu’un : “Je t’appelle”, cela est du ressort de l’Evêque ; c’est lui qui devra discerner si tel ou tel est vraiment appelé. Mais il m’appartient, comme à tous les prêtres qui ont la charge d’une paroisse, de dire aux hommes mariés, quel que soit leur âge : “Vous êtes-vous déjà demandé si le Seigneur ne vous appelait pas au diaconat ?” Priez ; réfléchissez-y avec votre épouse et vos enfants ; pesez le pour et le contre ; sachez répondre “non” si telle est votre conviction ; mais ne dites pas : “Cette question est pour mon voisin, elle ne me concerne pas.” Si je lance cet appel ce soir, c’est à cause même de l’Evangile : le Christ, notre Maître et Seigneur, lave les pieds de ses disciples, comme un serviteur. Or, le mot diacre, en grec, signifie serviteur. Si le Christ est notre Grand Prêtre, il est aussi le premier Serviteur de son peuple, le premier diacre. »
Quinze jours après Pâques, je ne souhaite pas que mon appel du Jeudi Saint soit oublié. Voilà pourquoi, au risque de paraître orgueilleux, je me cite moi-même.

Encore une fois, il ne m’appartient pas de dire à quelqu’un : le Seigneur vous appelle à devenir diacre. La seule question que je pose est celle-ci : « N’avez-vous jamais entendu cet appel ? » Ou bien : « Accepteriez-vous de l’entendre ? »
On me dira peut-être : mais à quoi sert un diacre ? Je répondrai : savez-vous donc si bien à quoi « sert » un prêtre ? Si c’est si clair pour tout le monde, on peut alors s’étonner qu’il y ait si peu de vocations dans les familles chrétiennes !
Mais, avant de se poser la question de l’utilité du prêtre et du diacre, avant de se demander ce qu’ils font, peut-être faudrait-il se demander ce qu’ils « sont », ce qu’ils doivent être à l’intérieur du peuple chrétien : les (re)présentants du Christ Prêtre et du Christ Diacre, les « incarnations » de la fonction sacerdotale et de la fonction diaconale du Christ.
Par son ordination, le diacre fait partie du sacrement de l’Ordre. Ce sacrement est formé de trois composantes : l’évêque (qui est la composante fondamentale), le prêtre et le diacre qui sont comme les deux bras de l’Evêque.
Pour aller plus loin, le diacre est le représentant « naturel » des plus pauvres et des plus petits à l’intérieur de la communauté chrétienne ; il est leur porte-parole ; il est le porte-parole de celles et ceux qui sont encore comme « au seuil » de l’Eglise, n’osant pas (pas encore, ou pas du tout, ou plus du tout) faire partie de la communauté chrétienne.

En disant cela, je n’ai dit que très peu de choses sur la réalité du diacre : tant reste à découvrir ! Ce n’est pas en une page que l’on peut tout dire, ce n’est pas en une page que l’on peut convaincre. Mais qui ne risque rien… Alors, je risque cet appel. Je suis convaincu que l’Eglise qui est à Rueil, l’Eglise du diocèse de Nanterre, l’Eglise de France, l’Eglise tout court, a besoin de diacres.
Hommes mariés, pères de famille, en activité ou retraités, vous qui aimez le Christ et l’Eglise, posez-vous la question : elle en vaut la peine ! Merci d’avance !

paru dans Pipau, feuille paroissiale du temps pascal