Débat avec Sr Françoise et P. Paul


Cet échange entre les deux intervenants précédents et l’assistance, est retranscrit dans le style oral.

- Je voudrais savoir, après ce qu’a dit Sr Françoise sur la communauté, comment cette communauté se montre partie prenante des jeunes qui viennent ? Est-ce que les jeunes sont en contact avec la communauté ou avec simplement une ou deux sœurs ? Parce qu’il me semble que, dans des communautés , il y a quelquefois des sœurs qui ont du mal à comprendre la mentalité actuelle et si elles ne sont pas en contact avec des jeunes c’est difficile.

Sœur F. de Fouchécour  : Par rapport à la communauté : Si la première approche se fait avec l’accompagnatrice, selon les communautés, la prieure ou la maîtresse des novices, ou les hôtelières, dans l’expérience que je peux apporter ; si les premiers contacts sont tout à fait personnels, dès qu’il y a une recherche plus proche c’est à dire quand une jeune se met à fréquenter assidûment, il y a quand même une parole à la communauté pour dire que cette jeune est en recherche, pour la porter dans sa prière. Quand on en arrive à l’approche d’un stage, il y a l’élargissement du contact pour que l’accompagnatrice, qu’elle soit prieure ou maîtresse des novices, ne soit pas seule à percevoir. Il y a une entrée en contact d’une autre personne pour que la décision de stage soit déjà partagée un peu et qu’avant le stage par exemple il y ait un contact avec toute la communauté qui est mise au courant non du for interne, mais en gros des grandes lignes et ensuite pour que la communauté la connaisse directement.
Ce que nous faisons souvent c’est qu’avant le stage on invite la fille à venir passer une journée à l’intérieur avec nous pour que la première entrée en clôture ne soit pas un traumatisme, qu’elle ne soit pas obnubilée par les lieux, les choses, qu’il y ait un préalable de connaissance des lieux et du senti de la communauté. Ensuite, à la fin ou au cours d’un stage la parole peut être donnée à la jeune pour s’exprimer sur son vécu, outre les rencontres spontanées. Il est important que la communauté qui aura ensuite à prendre la décision de l’accueil, ait un panorama suffisant et un senti direct, suffisant. Ensuite, après le stage il y a toujours une relecture du stage, en communauté sur la jeune et sur la communauté elle-même.

Sœur M. Maréchal : Dans le deuxième point que le Père Paul a partagé sur ceux qui fréquentent les monastères, il a dit que, en fait, l’Eglise n’était pas perçue. Je me disais que, pour beaucoup de jeunes qu’on accompagne dans les monastères ou qu’ils fréquentent après par eux-mêmes, c’est cela leur lieu d’Eglise, c’est une cellule d’Eglise réelle. Ce n’est pas une Eglise à côté, mais ce n’est pas ce que nous appelons dans nos discours, dans ce qu’on pense en parlant Eglise. On entend souvent plus l’Eglise comme institution, paroisse, mouvement, aumônerie. J’ai envie de demander à Père Paul, est-ce que dans l’accueil qui est fait au monastère de Timadeuc ou dans d’autres monastères, on aide les jeunes à faire ce lien ou à découvrir ce passage au monastère comme un moyen de rencontrer l’Eglise ?

Eric Julien : C’est à dire qu’en fait la communauté monastique n’est pas la communauté des jeunes ; ce serait plutôt par définition, la paroisse. Comment la communauté monastique fait-elle pour les renvoyer à leur paroisse ?

Père P. Houix : Nous sommes tout à fait d’accord dans les monastères pour être les passeurs. La question que je me pose : les faire passer où ? Voilà le problème, c’est là qu’est la question, à mon sens.
Je suis tout à fait d’accord : de formation liturgique je crois tellement au baptême que je ne cesse de parler du baptême et que je crois que le baptême est le lieu par excellence où on est vraiment dans l’Eglise, la foi de l’Eglise. Alors les gens qui arrivent, il faut leur dire de fait, le monastère est un lieu privilégié mais sachez que ce n’est pas toute l’Eglise. Là je crois qu’ils font vraiment une expérience d’Eglise car en tant que moine, je suis moine chrétien dans l’Eglise, là c’est vraiment l’Eglise, j’espère la vraie ! Cependant il faut leur dire que cela ne suffit pas pour leur expérience.

Donc nous, nous devons, de fait, essayer d’être des passeurs. La question c’est : les faire passer où ? des tremplins pour aller où ? dans les paroisses ? Moi je suis entièrement d’accord pour les faire passer dans les paroisses mais - je m’excuse pour les prêtres qui sont là - il y a, comment dire cela avec beaucoup d’humilité et de douceur évangélique et en même temps de vérité... je ne veux pas dire qu’il y a le monastère qui est la plénitude et à côté il n’y a rien, le vide. Ce n’est pas cela du tout. Mais il est sûr que pour la plupart des jeunes, beaucoup de paroisses ne sont pas accueillantes à ce qu’ils vivent parce qu’il n’y a pas de jeunes. Si effectivement il y a des mouvements dans les paroisses qui peuvent les accueillir, tout à fait. Il y a les mouvements, par exemple le MRJC, le MEJ... les mener plutôt vers ce genre d’expérience ecclésiale. Mais je suis tout à fait d’accord pour dire, qu’en soi, l’expérience monastique pour un jeune ne suffit pas.

Mais par ailleurs, il faut dire aussi que je connais des jeunes qui ne font l’expérience de l’Eglise qu’à travers le monastère de Timadeuc. Je le regrette mais c’est comme cela, pour le moment. Et même très souvent à travers un frère, même pas la communauté. Par exemple, samedi dernier (la messe est à 11 h.30), un groupe de 90 jeunes est là, ils communient tous. Et je sais que là dedans il y en a qui vont à la messe tous les...ils ont un rythme ecclésial de pratique qui n’est pas du tout le nôtre. Ca ne fait aucun problème, on est devant des situations tout à fait nouvelles. Alors on va se dire, parmi les 90, il y en a bien un ou deux qui pourrait ne pas communier mais en fait ils vont tous communier, sans problème. Que faire ? Si les prêtres qui sont là peuvent me le dire, je veux bien. Les jeunes d’aujourd’hui ont un rythme de pratique tout à fait différent de ce que l’Eglise peut leur demander. Leur demander la messe tous les dimanches, j’ai l’impression que cela devient impensable maintenant.

Sœur M. Maréchal : En fait dans ma question, je veux aussi faire ressortir que nous, je dis nous en englobant les prêtres là aussi, aurions peut-être plus à accepter que pour un temps donné, ou peut-être pour tout le temps pour un certain nombre de jeunes, leur Eglise ce soit tel ou tel lieu. Je crois, par expérience, pouvoir dire que souvent ils ne se sentent pas accueillis justement localement parce qu’ils sont trop d’un lieu précis, que ce soit Taizé ou Lourdes ou Timadeuc, ou La-Pierre-quiVire... On a du mal à les accueillir comme étant de l’Eglise parce qu’ils ont une expérience de Eglise trop particulière.

Père P. Houix : Pour nous, il n’y a aucune difficulté à accueillir les jeunes d’aujourd’hui et à leur donner un enseignement et leur donner la possibilité de vivre une expérience spirituelle qui nous paraît authentique. Mais nous regrettons parfois qu’il y ait un certain discours qui semble dire que leur expérience spirituelle n’est pas suffisamment large, complète... La question n’est pas de notre côté à nous, c’est la question de ceux qui accompagnent les jeunes, de ceux qui les envoient vers nous, au fond, je crois.

- Dans les trois autres pistes à peine évoquées ce matin par G. Lescanne, la première était : mieux faire droit à l’altérité et d’abord à l’altérité de Dieu. Sur ce point-là, j’aurais tendance à dire que les monastères peuvent jouer un rôle important, mais comment ? Vous disiez tout à l’heure ceux qui fréquentent les monastères que s’attendent-ils à trouver, le dernier point c’était : des chercheurs de Dieu. Vous constatiez que tel ou tel moine était passé de la "bête noire" au chercheur de Dieu. Comment s’était fait ce passage et qu’est-ce qui avait pu révéler un peu l’altérité de Dieu ?

Père P. Houix : Cela m’est facile parce que j’ai le témoignage de ce jeune-là, qui est maintenant marié et père de famille d’ailleurs. Il dit ceci : "La première fois que je suis venu à Timadeuc j’étais furieux, fougueux. Que faites-vous là ? vous êtes fous de vous priver de la vie, vous ne devez pas être normaux. Je ne pensais pas revenir. Pourtant cela a été plus fort que moi, j’ai commencé à vous analyser, vous découvrir à travers des témoignages, des échanges puis des prières. J’ai commencé à respecter votre choix de vie puis à comprendre que votre place dans notre société, en étant hors du temps, en passant votre vie au service de la vie éternelle, en portant aussi intensément les misères du monde en étant en réelle communion avec nous..." C’est très frappant de voir cela parce que d’une part il affirme très bien la verticalité : chercheurs de Dieu, la vie éternelle, et en même temps, aussitôt : les misères du monde, la communion avec nous.
C’est très frappant de voir combien ce jeune a saisi ce que les moines essaient de vivre. "... cette espérance c’est évidemment celle de Dieu car dans tous les signes de la vie des moines, il y a les signes des paroles de Dieu : Dieu nous invite à ne pas juger sur l’apparence, à vivre personnellement notre foi en osant croire... ", cela rejoint exactement Guy Lescanne : en osant croire,"... à apprendre à être en communion avec les autres pour y parvenir" je lis ce qui est écrit : "...dans une paroisse près de chez nous le prêtre n’est pas aussi extraordinaire, sa vie est très proche de la nôtre, par contre le moine c’est la bête rare, celle qui ne peut pas nous laisser indifférent."
"Quand j’ai commencé à admettre que certaines phrases entendues à Timadeuc je ne pourrais les faire miennes que quelques années plus tard, j’ai écrit pour le rassemblement
(c’est lui qui a été à l’origine du rassemblement des jeunes)  : certes la vocation du moine n’est pas l’accueil du jeune, la vie des moines et celle des jeunes sont deux extrémités de vie, mais au fil du temps dans la tête du jeune qui un jour a été accueilli, le moine se transforme de "bête rare" en "serviteur de Dieu". Je ne sais pas si je réponds mais ce qui est sûr c’est que ce jeune-là que je connais très bien, Thierry, père de famille maintenant, c’était un garçon qui n’avait pratiquement aucune expérience d’Eglise, de Dieu, qui ne priait pas. Je ne sais pas comment il est arrivé à Timadeuc, j’imagine que c’est avec un car scolaire. Il le dit : "J’étais furieux, fougueux"...qu’est-ce que vous faites là ?" Il nous a vus comme des bêtes rares, cela faisait un peu un zoo, des survivants de la préhistoire ! Ce jeune-là, au fond, c’est en rencontrant des moines et surtout un frère avec qui il a dialogué et cela a duré 5, 6, 7, 10 ans peut-être et il s’est aperçu que cette bête rare qu’était le moine était en fait un homme qui avait un secret qui était Dieu. Il s’est aperçu que cet homme-là, en fait, était entré pour chercher Dieu. C’est un long cheminement et il faut du temps je pense pour passer de la bête rare au serviteur, au chercheur de Dieu. Et je pense que c’est fréquent cette expérience-là.
Je vous avoue que je connais très bien les prêtres diocésains parce que j’ai travaillé beaucoup au SDV à Vannes et j’ai un oncle qui est prêtre à Vannes, donc j’aime beaucoup les prêtres diocésains ! et j’avoue que je ne vois pas la différence qu’il y a entre un prêtre diocésain et moi ; nous faisons vraiment la même expérience spirituelle du Christ et je suis, pour ma part, persuadé qu’un prêtre diocésain qui dialogue un jour avec un jeune, lui fait rencontrer le Christ Jésus. J’imagine que tous vous faites cette expérience. Mais ce qu’il y a peut-être de particulier dans la vie monastique c’est la communauté et surtout la rupture qu’est la solitude. La vie d’un prêtre diocésain apparaît moins comme une rupture que nous, mais c’est à vous d’avoir aussi votre parole et votre langage pour révéler aux jeunes ce que vous vivez.
J’ai été instituteur avant d’être moine, j’ai assisté à beaucoup de réunions de prêtres. Ce qui me frappait beaucoup c’est que les prêtres diocésains entre eux ne parlaient pas de leur expérience de Jésus-Christ. Les moines en parlent facilement, eux. Est-ce que cela a changé, j’espère. C’est en cours de changement... Un prêtre de Jésus-Christ ; pour rester prêtre, il lui faut avoir fait une expérience fantastique de Jésus-Christ autrement il ne tient pas, c’est pas possible. Donc un prêtre est témoin de Jésus-Christ aujourd’hui, donc il a une parole à dire qui est aussi forte que la parole d’un moine. Nous ne sommes ni des phénomènes ni des privilégiés.

- Je voudrais apporter un peu de baume aux prêtres diocésains au cas où ils en auraient besoin ! Il y a une jeune qui va entrer chez nous au mois de septembre et pendant son cheminement elle cherchait un prêtre accompagnateur. Elle était déjà en lien très fort avec nous, j’aurais pu l’adresser à un moine de nos amis mais en fait, parce qu’elle n’avait pas justement suffisamment d’expérience d’Eglise au sens large, je l’ai délibérément, volontairement , adressée à un prêtre diocésain qui a été responsable d’un SDV et en qui elle a découvert un chercheur de Dieu, avec qui elle a pu véritablement partager une expérience de découverte de Jésus-Christ. Ce prêtre continue à l ’accompagner avec nous et continuera certainement une fois qu’elle sera au noviciat et c’est très riche pour la communauté, pour la maîtresse des novices que je suis, pour la jeune bien sûr, mais je pense aussi pour le prêtre parce qu’il y a une complémentarité et cela nous renvoie l’un et l’autre à notre vocation. Et on peut avoir avec lui vraiment un partage de la découverte du Seigneur et je pense que la fille ne sera pas enfermée dans ce cliché qu’il n’y a que dans un monastère qu’on peut vraiment découvrir Jésus-Christ.

- Dans un monastère en particulier, ils font sans doute une expérience forte de Dieu. Pour ma part je suis persuadée que nous devons à la fois respecter ce qui se passe concrètement dans le cœur du jeune mais avoir aussi dans notre discours et notre intention le souci de leur faire découvrir l’Eglise. Autrement dit, vous disiez être des passeurs, mais vraiment déjà dans les discours et dans les dialogues avec ces jeunes, leur faire aimer et découvrir l’Eglise de plein vent parce que ce que je constate quand même, dans certains cas, c’est que nos monastères peuvent être des lieux-refuges au sens négatif : c’est là que je fais l’expérience de Dieu, le reste n’est pas vraiment Dieu.

Père P. Houix : Je crois qu’il faut rappeler ce que, hier, Mgr Cornet nous disait : "laisser le temps au temps." C’est à dire que pendant un certain temps il faut accepter que des jeunes privilégient leur expérience de Dieu dans un monastère mais peut-être que peu à peu, graduellement, ils pourront découvrir d’autres choses...

- C’est ce que je dis : que nous, dans notre intention, on ait bien ce souci. Certains entreront dans nos monastères mais la plupart seront renvoyés à une vie chrétienne de laïcs, de couples et donc il faut qu’ils soient armés pour cela.

Père P. Houix : On peut demander à sœur Françoise justement : cette jeune qui devait entrer au noviciat et qui s’est mariée, quelle expérience d’Eglise fait-elle ?

Sœur F. de Fouchécour : A l’origine elle avait déjà une expérience d’Eglise, c’est-à-dire elle a l’expérience d’Eglise de célébrations régulières, disons à court terme, et l’expérience d’Eglise type FRAT, type rencontres. Si des jeunes s’engagent dans un service d’Eglise et en général, pour ceux qui frappent : c’est quand même vers cela qu’on les oriente, un service d’Eglise effectif. Non seulement ils peuvent recevoir, et participer à des assemblées mais aussi il faut qu’ils puissent s’engager dans un service. C’est donc par cette voie du service qu’ils connaissent par co-naturalité ce qu’est l’Eglise. Pour cette jeune c’est l’expérience d’Eglise qui a été son premier terreau proche, avec des groupes de vie proches, mais on lui a demandé d’élargir un petit peu sa visée. Maintenant en couple, puisque le couple est revenu nous voir et nous partage grosso modo leur implantation, etc... Ils ont dit : pendant un an on se donne à nous, et ensuite on se mettra au service des groupes de jeunes foyers locaux, et en plus, les services qu’ils auront organisés entre eux. Je crois que l’Eglise se perçoit dans la mesure où on la sert.

Mère Marie-Jean Courtot : Ce que je voulais dire surtout c’est que du côté des monastères, il faut que nous soyons tout de même prudentes. Dans nos monastères, il y a une certaine atmosphère et il faut que cette atmosphère reste saine car quelquefois il y a des atmosphères qui sont trop chaleureuses. Je pense en particulier, il y a déjà longtemps de cela, il y a au moins quinze ans, un prêtre qui nous avait envoyé une jeune et qui nous avait dit : "votre chant les captive" et c’est vrai. Je pense que dans nos monastères il y a tout de même des risques de créer une atmosphère "mystérieuse" au mauvais sens du terme et qui ne révèlerait pas le vrai mystère de Dieu que nous vivons. C’est une des choses qui me soucie beaucoup même au point de vue des paroisses de la ville, par exemple à Nancy où, le dimanche, on fait église archi-pleine. Même en semaine maintenant le nombre augmente. C’est à dire, je le dis ouvertement, que les gens qui viennent chez nous risquent de devenir consommateurs de liturgie et non plus participants d’une Eglise. J’ai l’air pour l’instant de me défendre contre un certain accueil mais je crois qu’il ne faut pas avoir peur de prendre conscience de cela. Il faudrait que ce soit vraiment le mystère de Dieu et pas une atmosphère chaleureuse que les jeunes pourraient retrouver dans n’importe quelle communauté nouvelle aussi. Or les jeunes actuellement cherchent ces atmosphères-là que nos paroisses ne peuvent pas forcément donner, et pour cause : elles n’ont pas les moyens de la donner. J’ai l’air d’aller contre les monastères, je suis mal placée !

Sœur Solange R.  : Je suis bénédictine du monastère de Jouarre. Il me semble qu’à propos de la découverte de l’Eglise, les monastères peuvent être des lieux qui offrent différents visages de l’Eglise de par leur accueil. C’est sûr qu’on a un accueil qui est très important et les week-ends et les périodes de grandes vacances on a des groupes nombreux et très diversifiés et c’est notre souci au niveau de la salle à manger, du repas de midi, de faire rencontrer les groupes . Et j’ai le souvenir de ces jeunes qui avaient rencontré une communauté chrétienne de policiers, donc jeunes et policiers les relations ne sont pas tellement faciles ! et qui avaient découvert que ces gens-là pouvaient vivre leur foi dans ce milieu. Ou bien des jeunes d’aumônerie qui viennent pour un week-end de prière, à partir de la règle de St Benoît qui nous dit : "Jeunes, respectez les anciens et les anciens aimez les jeunes" au fond cela se joue au niveau de l’accueil, les adultes et les personnes âgées s’émerveillent devant ces jeunes qui ont une recherche profonde, qui entrent dans le silence et en même temps les jeunes découvrent qu’il y a des adultes qui vivent des engagements et à travers cela ce sont différents visages de l’Eglise.

P. Christian Defrance (SDV St Etienne) : Je réagissais par rapport à Mère Marie-Jean. Je communie à ce que vous disiez. J’ai envie de dire quand même ne vous privez pas de faire du beau malgré tout ! et puis pour désenclaver la question des monastères je crois que quelqu’un qui découvre quelque chose de profond au niveau spirituel, notamment parmi les jeunes, ce n’est pas seulement dans les monastères. Je connais un certain nombre de jeunes qui sont complètement fascinés par leur animateur pastoral, en aumônerie scolaire ou dans un mouvement. Et la tendance est toujours d’absolutiser, c’est à dire, lui c’est bien, les autres c’est rien. Je crois que G. Lescanne, une autre fois, avait dit : il ne faut pas avoir peur d’être une idole, il faut s’en méfier, c’est à dire il faut être conscient si notre liturgie est belle et qu’il y a des risques comme vous le disiez, je crois que c’est important d’en être conscient, et quand ils ont là-dessus un discours qui absolutise il faut leur dire : cela vous passera, parce que c’est vrai en plus ! et pouvoir renvoyer à autre chose mais il ne faut pas casser non plus. Si pour l’instant je suis sa seule référence c’est déjà bien. Il faudra petit à petit ouvrir à autre chose, tandis que si je casse il n’y aura plus du tout de référence et ce ne serait pas mieux. Je crois qu’il y avait quelque chose d’important là pour découvrir l’Eglise.

Eric Julien : Il faut peut-être dire que cette idéalisation de certains adultes ou de certaines communautés est une chose normale pour un certain âge, il faut en passer par là, mais après il faut savoir évoluer . Cela demande du temps.

Père P.. Houix : Mais là le problème n’est pas du côté du jeune, le problème est du côté de l’adulte. Que le jeune idéalise un moine ou un prêtre séculier, il n’y a pas de problème mais est ce que le moine ou l’adulte, prêtre séculier, va savoir se situer non pas comme une idole mais comme un passeur ? Le problème n’est pas du côté des jeunes, il est du côté des adultes comme disait G. Lescanne. Il faut savoir créer la distance. J’insiste beaucoup là-dessus, savoir être des hommes qui créent la distance. Comme Jésus avec la samaritaine : "Allez va, va chez ton mari." Tout de suite la distance, qui est quand même la communication. Mais qu’il y ait un moment de séduction ce n’est pas grave si l’adulte sait se situer en vérité devant le jeune. Autrement ce sont des catastrophes.

Ph. Brach (laïc, SDV Nancy) : Je voulais réagir aux propos de Mère Marie-Jean , je suis du même diocèse et c’est un peu à cause d’elle que je suis là aujourd’hui. En fait ce genre de séduction par rapport à la communauté c’est vrai que cela se ressent mais moi je l’ai vu aussi à travers un jeune, par rapport à ce qu’était le prêtre et on disait, il y a quelques années, quand on en parlait avec mon épouse, finalement lui il est très "cloche", c’est à dire les cloches de l’église, elles l’appellent, tout cela c’était quelque chose qui le faisait vibrer. On commence parfois à vibrer à quelque chose comme cela qu’on ne peut pas exprimer plus à travers des mots, une théologie ou je ne sais quoi d’autre et c’est à partir de là qu’un chemin commence. Et c’est peut-être à travers ces chants, cette chaleur d’une communauté qu’un passage va se faire et permettre d’aller plus loin, à condition, effectivement, qu’il y ait quelqu’un qui permette d’aller plus loin.

- Toujours en lien avec la séduction : j’aurais voulu rendre grâce pour les personnes rencontrées il y a une vingtaine d’années, issues du renouveau charismatique. Après une conversion, on s’est retrouvé une vingtaine de jeunes. Le renouveau charismatique nous a permis, après, de nous resituer chacune, chacun en paroisse et nous a renvoyés à notre milieu de vie, nos paroisses réciproques. A ce moment-là j’ai re-découvert , avec mon curé, l’Eglise ; j’avais été baptisée mais j’ai tout retrouvé et c’était tellement neuf qu’on a commencé à mettre sur pied les laudes du matin, les vêpres du soir, l’adoration ... Finalement c’est toute la paroisse qui est entrée et je dirai que ma vocation bénédictine est née toute seule dans la paroisse et j’ai mis dix ans à savoir que c’était bénédictin parce que je ne savais pas ce que c’était "bénédictin". Pendant dix ans j’ai vécu la liturgie, la fidélité avec les pauvres, à l’eucharistie, c’était les pauvres aussi qui venaient, les gens un peu handicapés, qui n’avaient pas de travail, c’est eux qui ont soutenu notre fidélité, on était étudiant après on a été chacun dans notre milieu professionnel et j’avais une petite question.
Peut-être que ma filière n’a pas été très normale. On s’entendait bien avec le groupe des vocations, mais à l’époque, pour notre cheminement, le groupe des vocations n’offrait pas ce style de vie. On était des filles. On s’est dit "On ne peut vivre une recherche de vocation seules" et à ce moment-là on se retrouvait toutes les semaines, on avait rédigé une petite règle de vie, un partage de nos revenus, etc. cela a duré dix ans et cela nous a permis de tenir dix ans parce qu’on ne trouvait pas où Dieu nous voulait. Certaines sont vite entrées chez des franciscaines, chez des sœurs de Bethléem, dans des ordres actifs. Moi j’étais la dernière à entrer mais cela m’a énormément aidée à tenir dix ans dans un groupe qui avait l’accord du SDV mais nous étions davantage suivies par le responsable des religieuses. Et, par contre, avec Denis Marion, on a pris un autre rythme plus classique. Oui, je rends grâce de cette liberté qui nous a été laissée dans le diocèse pour vivre une expérience autre...

Eric Julien : Vous étiez le Monsieur Jourdain de la vie monastique, pendant dix ans ! Aviez-vous une question à formuler par ailleurs ?

- Je voulais savoir si cela c’est trouvé ailleurs aussi ce genre de vie où des jeunes en recherche de vocation se regroupent spontanément pour se soutenir, avec une règle de vie, quelque chose qui prépare à la vie religieuse ?

Sœur D. Sadoux : Ce soir, un des carrefours parlera des lieux d’accueil de jeunes en recherche, des jeunes qui vivent ensemble, avec ou sans idée de vocation. Cela correspond à un besoin d’aujourd’hui.

Sœur M. Maréchal
 : L’expérience s’est vécue au Mans mais elles n’étaient que quatre, c’était moins important comme groupe mais elles ont fait cette même recherche. Elles se sont données aussi une charte et elles avaient proposé leur charte à quelques religieuses pour voir comment on réagissait. Sur les quatre, deux sont en institut séculier maintenant.

Père J. Meynier (SDV Grenoble) : J’ai peur de revenir un peu en arrière pour appuyer ce que disait Christian tout à l’heure. Il me semble que la plus belle carte postale que j’ai reçue, il y a dix sept ans déjà, c’était celle d’une gamine de fin de 4e après un camp du MEJ, trois semaines après , disant : "Je te remercie de la découverte de l’Eucharistie qu’on a faite au camp. Maintenant je suis en vacances dans un village où la messe est ennuyeuse et je ne m’y ennuie pas".
Je crois que c’est très important et formateur qu’il y ait des expériences spirituelles fortes en monastère, en camp, avec des accompagnateurs multiples. Mais on risque d’être tous satisfaits de ce qu’on a fait et d’enfermer les jeunes dans ce passé. Or, dans ce cas-là on va les enfermer sur un souvenir et le Seigneur nous dit toujours : "passez sur l’autre rive", c’est plus loin encore. Et j’avais senti cela dans les camps du MEJ : cette ambiance, cette proximité, des Eucharisties gratifiantes... et puis à la fin du camp on retourne à la paroisse et, effectivement, c’est une difficulté supplémentaire peut-être. Alors appuyons-nous les uns les autres en Eglise, faisons saisir qu’il y a des jours avec brioche et des jours avec pain noir, pour l’Eucharistie aussi.

- Je voudrais d’abord faire une remarque. Tout à l’heure quand on parlait de séduction ou de quelque chose de chaleureux, je crois aussi que dans nos monastères chaleur humaine et une certaine épaisseur humaine, au sens de consistance humaine, n’est pas forcément synonyme de séduction et je crois que dans nos monastères on a retrouvé aussi par rapport à une tradition à une certaine époque de plus de froideur et d’une raideur de relation entre nous, quelque chose d’un peu plus spontané et chaleureux en étant attentif à ne pas tomber dans la séduction, mais quelque chose de plus chaleureux dont les jeunes ont vraiment besoin actuellement. Et je pense qu’il y a dans leur quête de quelque chose de chaleureux et d’humain, quelque chose de vrai aussi et qu’il faut y être attentif. Et d’autre part aussi il me semble que dans ce qu’attendent les jeunes, il y a des exigences, mais qu’on puisse leur expliquer que le don précède l’exigence et que s’il y a des exigences c’est pas quelque chose qui écrase mais qu’il y a un don premier, un don de Dieu qui permet de vivre ces exigences.

Père J.- M. Launay (SDV Cambrai) : Sœur Françoise, vous avez dit un moment que vous avez renvoyé la jeune pour qu’elle se fasse accompagner par un père spirituel ?

Sœur F. de Fouchécour  : Je ne sais pas de quel côté se trouvait ce prêtre, mettons Reims. Il devait faire la navette tous les mois pour permettre cet accompagnement. Alors elle est allée faire la quête auprès de ce prêtre qui lui a dit : "Ecoute, non. Cela fait quand même trop loin." C’est lui qui lui a demandé de chercher ailleurs. Alors cela a été un long labeur pour trouver quelqu’un d’autre. Comme elle avait des amis qui faisaient partie d’un groupe un peu informel sur Paris, un jour elle vient et me dit : "Je crois que j’ai trouvé, je ne sais pas ce que tu en penses, il me dit qu’il faut me confesser comme ci comme çà, cela s’appelle Opus Dei, je crois..." Elle m’a demandé ce que j’en pensais... mais elle ne connaissait pas, elle trouvait que c’était pieux ! Ce qui l’ennuyait c’était une exigence de confession un peu contraignante. Alors là je lui ai dit non. "Telle que tu es dans un chemin de libération, ce serait tout le contraire qui se passerait." Finalement, comme elle connaissait des amis dans une paroisse à Paris, elle s’est très bien entendu avec un prêtre de paroisse de Paris qui a continué à l’accompagner.

Père J.-M. Launay  : Ma question n’était pas tout à fait innocente puisque c’était justement pour attirer cette attention de la part de nos communautés par rapport aux renvois qu’on peut faire en disant à des jeunes : il faut que tu te trouves un accompagnateur. Il peut arriver ce genre de catastrophe que vous signalez et c’est pour cela qu’on est en train de réfléchir chez nous à Cambrai pour avoir une petite commission d’accompagnement. Je dirais presque : pour avoir un catalogue d’accompagnateurs dont on sait qu’ils ont une formation, un sens de l’Eglise. Pour aider des jeunes et dire : "Tiens, en fonction de ce que nous connaissons de toi, ce serait peut-être bien que tu ailles demander à Untel , sachant qu’il n’est pas déjà trop pris..." Voyez la réflexion qui est intéressante pour éviter les catastrophes. Parce qu’on risque qu’il n’y ait plus rien après, au bout du chemin.

Sœur D. Sadoux : Je reviens sur quelque chose qu’on a entendu du P. Lescanne : "Pour moi, le noviciat n’est pas un essai mais un apprentissage". Et à partir de là, en écoutant les témoignages tout à l’heure et particulièrement les deux filles dont a parlé Sr Françoise, il m’a semblé qu’elle décrivait un cheminement très proche d’un cheminement de fille que j’aurais accompagnée pour une vie apostolique au sens où elle a parlé d’apprendre à faire des choix, la distance avec la famille en autonomie si ce n’est pas en affectivité, travail, et que finalement le stage est venu très prudemment. Or moi j’avais appris que pour les monastères il y avait davantage le"Venez, essayez", disons, "le discernement se fera une fois que tu seras entrée, tu vas vivre en osmose". Alors que pour des vocations plus apostoliques ou séculières c’était un discernement peut être plus poussé. Je voudrais savoir si les monastères se reconnaissent dans ce cheminement de distance, d’accompagnement avant, de discernement avant, est-ce qu’ils sont d’accord sur ce que c’est un apprentissage et pas un essai, dans quelle mesure il y a des différences ou bien est-ce qu’on est un peu tous dans les mêmes eaux pour ces discernements ?

Sœur F. de Fouchécour : Je pense en effet que le discernement préalable est très important parce que, par tout le chemin qui peut se faire avant, on peut mieux discerner la liberté du choix , là où se trouve la détermination. En effet, au moment de la distance affective par rapport à la famille et aux différentes situations, se manifestent des sous-couches profondes qui affleurent quand la personne dit "J’ai à choisir, c’est à moi de jouer." Donc, si le discernement n’est pas suffisamment opéré avant, cette couche profonde peut se réveiller à l’intérieur du monastère, c’est immanquable. En effet, les problèmes d’immaturité affective et les blocages familiaux s’y réveillent, étant donné que pour vivre la communauté il faut s’engager dans des relations fraternelles. Cela fait éclater les blocages profonds. Le véritable discernement peut en être douloureusement reporté à plus tard.
Quand on entre dans un monastère obligatoirement on est obligé de quitter son travail et sa famille. Il y a un phénomène de rupture très important même une fois les étapes franchies. Il y a vraiment là une expérience. Ce n’est pas un essai.

Père P. Houix : Je suis tout à fait d’accord avec ce que dit Sr Françoise. Quand j’ai été père maître, douze ans, au début je m’étais fixé une règle très orgueilleuse d’ailleurs, je l’avoue, en disant je voudrais ne faire entrer au postulat que ceux dont je suis sûr qu’ils resteront ! Maintenant je me dis c’est monstrueux parce que j’ai accueilli je crois vingt postulants, il y en a huit qui sont restés.
Malgré tout je croyais que c’était cela qu’il fallait faire. On va vraiment discerner avant, ils vont faire des stages avant, de huit jours, d’un mois, après ils retournent en famille six mois, au bout d’un an ils entrent, "ils sont bien cuits", ils vont entrer et pas de problème ils vont rester ! Il faut vraiment avoir discerné avant et quand un jeune, après avoir fait des stages , entre au monastère, moi je disais : "Tu entres pour toujours". Cela a toujours été ma conviction, donc : "Tu n’entres pas pour essayer." Il est possible que durant ton postulat ou ton noviciat, même tes vœux temporaires, ensemble nous discernions qu’effectivement Dieu ne te veut pas ici, mais tu ne "quitteras" pas, comme disait G. Lescanne, tu iras pour te marier. Mais malgré tout tu entres pour toujours, pas pour essayer. Ca me paraît très important, autrement s’il entre pour essayer, il va laisser sa valise au bas et il la videra au bout de 15 jours trois semaines ou un mois. Les ruptures se font dès le départ, mais il reste vrai qu’un postulat c’est quand même un temps où on discerne.

Père P. Agneray (SDV Arras) : Un petit mot très bref en tant que partenaire des monastères. J’aimerais avoir une page expliquant les conditions et la règle du jeu de ce que vous appelez des stages. Cela peut nous arriver de proposer cela, et on sent dans ce que vous dites qu’il y a des mauvaises façons et des bonnes façons de le prendre ? Vous n’auriez pas de mal à écrire une page là-dessus et cela nous rendrait service à tous les SDV. A quelles conditions le "Venez et voyez" peut-il être bon ?

Sœur F. de Fouchécour : Ce n’est pas une manière de répondre mais j’allais dire à l’instant quelque chose qui fait suite à ce que dit Paul. Il m’est arrivé une fois ou plusieurs, peu importe, d’avoir une fille qui a cheminé longtemps et puis à un moment, décide de faire un stage pour faire plus connaissance, donc cela marche toujours bien, cela se présente bien, cela réagit bien, tout se passe très bien et puis au moment où elle entre au postulat, elle pose sa valise là et moi je sens que cela n’ira pas, il y a quelque chose qui fait que la rupture n’est pas faite. Tout va jusque là, on se dit ce coup-ci c’est vrai on a peut-être mis un, deux ou trois ans avant d’embarquer, on embarque avec de bonnes chances comme disait P. Paul tout de suite, et puis il se passe quelque chose, la rupture ne se fait pas. Alors là on sent cela, c’est une espèce d’intuition, de discernement, de je ne sais pas quoi et alors reste à durer jusqu’à ce qu’on puisse tuiler avec quelque chose qui va continuer, cela peut durer très longtemps.

Frère P. Houix : Le stage c’est très simple, un jeune se sent appelé à devenir moine on ne va pas lui dire : "Tu entres demain matin, à Timadeuc". Le maître des novices ne le voit pas, ni le père abbé - surtout pas le père abbé ! Il est à l’hôtellerie et il y a un premier écrémage. J’ai ici un témoignage formidable, j’ai reçu le même jour deux lettres du même gars : "Mon Père, je n’écrirai pas une longue lettre car je n’ai guère le chic pour les longs discours. Je souhaiterais seulement prier et adorer Dieu avec vous, je suis prêt à tout quitter. Il ne tient qu’à vous de m’accepter aujourd’hui c’est le vœu le plus cher , je pense avoir la vocation dans le sang..." Idéal !! "... mon père, je vous en prie, ne m’adressez pas une lettre négative, il faut me donner ma chance , elle m’ a été donnée je n’ai pas su la saisir... avant qu’un employeur ne me contacte. Je pourrais vous être utile : électricien de métier" et il y avait à côté une deuxième lettre "Mon père, je précise que je ne désire aucune rémunération, je ne veux que prier et travailler avec vous, cela est mon idéal, naturellement. Je n’ai plus aucun but dans la vie des hommes. A l’exemple d’un vieux cousin franciscain, je désire entrer dans la vie religieuse".
Je lui ai écrit ceci en gros, "J’ai reçu votre lettre ; avec attention je l’ai lue. Quelques questions : êtes-vous accompagné par un prêtre ? Vous dites que vous avez la vocation dans le sang, depuis quand avez-vous cela ? Vous dites aussi qu’étant électricien vous pourrez nous aider, mais vous entrez au monastère pour chercher Dieu . J’aimerais aussi avoir d’autres renseignements : votre âge, vos parents, des frères, des sœurs..." Pas de réponse. Voilà l’écrémage.

Une fois que l’écrémage a été fait par le père hôtelier, si cela s’avère juste, il commence à voir le père maître qui lui propose un stage de huit jours ou un mois dans le monastère, mais c’est pas un essai. Il ne vient pas pour essayer et voir s’il est fait pour être moine, mais de fait cela joue le rôle d’essai, c’est ce que je veux dire. J’ai connu des stagiaires qui sont partis au bout d’un jour, ils avaient compris ! Après ce bref stage il repart chez lui, il revient après six mois, il refait un deuxième stage s’il le faut et puis il entre au monastère après deux stages ou moins, peu importe. On pourra préciser cela effectivement. Mais cela m’apparaît essentiel aujourd’hui, quoique je crois que de mon temps c’était plus simple. Je suis arrivé à Timadeuc le 2 mars, je n’avais jamais vu le Père maître, jamais, je suis entré le 21 mars et j’ai pris l’habit le 29 avril. C’était possible autrefois, maintenant ce ne l’est plus.