Edito


Puisque ce numéro de "Jeunes et Vocations" est consacré au compte-rendu de la session sur la Vocation Missionnaire, permettez-moi, en guise d’éditorial, de reprendre quelques réflexions formulées au moment de l’ouverture de cette session de Francheville.

"Que s’est-il passé dans l’Eglise de France, s’interrogeait l’évêque de Versailles au Congrès de Lourdes, pour que la vocation missionnaire, qui a mobilisé tant d’hommes et de femmes jusqu’aux années 50, disparaisse de nos préoccupations ou de nos propositions courantes ?"
Comme une réponse à cette question, dès la clôture du Congrès, étaient annoncés le thème de la Journée Mondiale 92 "J’ai fait de toi la Lumière des Nations" et le rendez-vous de Francheville pour une session sur la Vocation missionnaire.

En réalité, avec l’amorce de cette réflexion, nous ne partions pas de zéro. Deux numéros de notre revue, en 1980 et 1989, avaient déjà choisi ce thème. Et surtout, à partir de 1986, un atelier "Vocation Missionnaire" s’était mis en place et se réunissait régulièrement au 106 rue du Bac.
Quoiqu’il en soit du retard ou du peu de place apporté à cette prise de conscience, je crois, pour ma part, que cette réflexion arrive au bon moment.

  • D’abord, en décembre 1990 l’Encyclique "Redemptoris Missio", 25 ans après le décret conciliaire "ad gentes", est un message de première importance adressé à toute l’Eglise par Jean Paul II sur la valeur permanente du précepte missionnaire. En la personne du Père Zago pour présenter et commenter ce document nous avons eu à Francheville un expert en la matière.
  • Notre session arrive au bon moment, après cette Encyclique. Mais aussi au lendemain du Synode sur l’Evangélisation en Europe, ce continent où une nouvelle culture est à évangéliser.
    Tout en distinguant bien, comme le fait l’Encyclique, la charge pastorale des fidèles d’une part, la nouvelle évangélisation d’autre part et enfin l’activité missionnaire spécifique,Jean Paul II reconnaît que "les frontières entre elles ne sont pas tellement définissables si bien qu’on ne saurait créer entre elles des barrières ou une compartimentation rigide" (R.M. n° 34).

    La vocation missionnaire spécifique est nécessaire à l’Eglise pour qu’en tout lieu et toute situation elle garde le souffle missionnaire. Il est de première importance que se développent toujours ces familles proprement missionnaires pour que l’Eglise tout entière reste catholique, au sens le plus oecuménique du terme. Les Instituts Missionnaires ont des choses à dire à toute l’Eglise. Nous sommes tous concernés par la Mission et le travail des missionnaires "ad gentes" qui ont fait le choix à vie de cette vocation. Pour moi, le rapport de quelques-uns à tous dans l’ordre de la mission est du même type que le rapport de quelques-uns à tous dans l’ordre de la contemplation . Moines et moniales, engagés à vie, ont quelque chose à dire à toute l’Eglise, tout comme les missionnaires à vie.
    Cette conviction, je l’ai acquise dans mon expérience de prêtre "Fidei donum" pendant 18 ans. j’ai beaucoup reçu de ceux qui ont été pour moi des initiateurs, les missionnaires que j’ai trouvés sur place et qui y sont restés, quand, moi, je suis revenu.

    Dès la première lecture de R.M., une phrase a fait tilt chez moi, et depuis 18 mois, elle est affichée, agrandie sur un panneau de porte de mon bureau :
    "La contribution de l’Eglise et de l’Evangélisation au développement des peuples ne concerne pas seulement l’hémisphère sud pour y combattre la misère matérielle et le sous-développement, mais également l’hémisphère nord exposé à la misère morale et spirituelle engendré par le sur-développement" (R.M. 59).
    Ce n’est qu’un aspect des choses, je le reconnais, mais c’est, sur ce point précis, une invitation à un vrai dialogue entre missionnaires "ad extra" et missionnaires "ad intra". Le Nord est-il suffisamment à l’écoute du Sud ? Le Nord est-il seul détenteur de la vérité ?

    Puisse la lecture de ce numéro favoriser ce dialogue tous azimuths au bénéfice de l’Eglise et de l’humanité tout entière.
    En cette période de voeux, volontiers j’exprime celui-là, et pour chacune et chacun de vous des souhaits de bonne et sainte année.


P. Claude Digonnet
S.N.V.