Synthèse de l’enquête sur la vocation missionnaire


Pour préparer la session de Francheville, un premier questionnaire avait été envoyé aux Services diocésains des vocations. Voici la synthèse des réponses obtenues, proposée par le Père Etienne Perrin, des Missions Etrangères de Paris.

Avant de vous faire un compte-rendu du dépouillement des questionnaires, un constat s’impose : seulement 18 Services Diocésains des Vocations ont répondu.
Parmi les explications possibles de ce faible nombre de réponses :

  • soit le sujet intéresse peu. Si c’est le cas, il sera important que l’on puisse s’en expliquer ici.
  • soit le questionnaire a été mal fait et n’incitait pas à répondre. Il est sûr que la période d’expédition n’était pas favorable. A la fin du mois de juin, les vacances arrivant, les réponses ont été mises en attente et certains ont sans doute oublié.
  • soit une certaine allergie à ce genre d’enquêtes... On peut aussi imaginer la réaction de certains :"Le manque de candidats est angoissant. Ce n’est pas en remplissant des questionnaires qu’on va améliorer la situation"...

    Quoiqu’il en soit de ces hypothèses, le faible taux de réponses ne permet pas de tirer des conclusions représentatives. Néanmoins, je vous propose de bâtir une réflexion à partir des réponses existantes, sans toutefois les reprendre dans le détail. J’en profite pour remercier tous ceux qui ont pu nous répondre. Je sais que les S.D.V. sont surchargés : votre participation est d’autant plus méritoire.

    Je traiterai ensemble les réponses concernant l’identité missionnaire et celles concernant le travail des SDV en faveur de ce type de vocations, car les deux éléments se recoupent et s’appellent. Ensuite, je ferai écho à vos réactions par rapport aux moyens mis à votre disposition. Enfin, je vous proposerai quelques réflexions d’ensemble pour ouvrir le débat.

La vocation missionnaire et les Services Diocésains des Vocations

Dans l’ensemble, ceux qui en parlent ont un regard juste sur la spécificité de la vocation missionnaire. En témoignent :

  • La qualité des critères que certains ont donné pour discerner une vocation missionnaire. Vous avez relevé par exemple la nécessité :
    - d’être bien enraciné dans son église diocésaine
    - d’avoir déjà un engagement concret dans son Eglise d’origine
    - d’être apte au partage, au dialogue
    - d’avoir le sens de l’ouverture aux autres
    - d’avoir une certaine capacité d’enracinement et d’enfouissement dans une autre culture
    - d’être ouvert au dialogue inter-religieux, etc...
  • Les références à l’Encyclique Redemptoris Missio, pour ceux qui ont eu le temps de la lire. Signalons l’importance de cette Encyclique qui fait le point sur la Mission aujourd’hui. Un bon guide de lecture a été publié par "Mission de l’Eglise" dans son numéro spécial de mars 1991.
  • Le souci d’inviter des missionnaires dans diverses occasions pour que les jeunes puissent y réfléchir
  • Le n° 55 de la revue Jeunes et Vocations a été reçu comme une bonne mise au point sur la vocation missionnaire qui souffre d’une image vieillotte et passéiste.
    Mais le travail autour de la vocation missionnaire n’apparaît pas comme une priorité : beaucoup reconnaissent qu’ils ont déjà bien du mal à motiver des jeunes pour un engagement local. Certains s’en remettent totalement à la coopération missionnaire (par désintéressement ou par bonne coopération avec le D.E.C.M., qui dans certains cas fait partie du S.D.V.) . La Semaine missionnaire est envisagée par beaucoup comme assurant cette ouverture sur l’universel auprès des jeunes. Cela reste à vérifier...

    La question missionnaire ne semble donc pas être la préoccupation directe des S.D.V. Par contre, si l’occasion se présente (l’initiative venant d’un jeune), le S.D.V. semble l’honorer avec un bon discernement. L’ouverture sur l’universel semble se vivre surtout dans l’accompagnement et le suivi des coopérants, des fidei donum issus du diocèse. Là, l’intérêt local apparaît comme plus net car ces personnes sont destinées à revenir sur le diocèse. Ceci est conforté par les exemples des jeunes suivis par des S.D.V. : s’ils sont intéressés par la mission ad extra, ils ne sont pas pour autant prêts à s’engager à vie.
    Ainsi donc, dans leur ensemble, les S.D.V. ne semblent pas avoir le souci de promouvoir des vocations pour la Mission à l’extérieur, et certains d’ailleurs se demandent si c’est leur rôle.

A propos des moyens mis à votre disposition

Tous s’accordent pour déplorer la multiplicité des publications et informations en provenance des Instituts. Ils attendent une meilleure coordination, une simplification des liens entre les S.D.V. et les instances missionnaires. En matière de publications, l’attente semble se porter sur du "mieux ciblé", comme le montre l’intérêt pour l’article du Père Rossignol ou pour les montages missionnaires, et le désintérêt pour des revues de réflexion sur la mission à l’extérieur, telle Spiritus qui ne répondent pas aux préoccupations immédiates des S.D.V.
Ceci explique l’intérêt que certains ont exprimé à propos de l’atelier "Vocation missionnaire". Sans se décharger sur lui de la préoccupation missionnaire, les S.D.V. semblent attendre de cet atelier qu’il soit une instance de coordination pour simplifier leur travail, sans pour autant le faire à leur place, bien entendu !

Quelques réflexions

Plusieurs diocèses affirment cependant l’importance des vocations missionnaires pour le dynamisme de l’Eglise locale. Citons un diocèse :
"La vocation missionnaire ad extra, temporaire ou à vie, est un don de Dieu fait à une église particulière pour le service de l’Eglise universelle, signe d’ouverture à toutes les Eglises."
Cette affirmation est fondamentale pour aborder sainement la question de la vocation missionnaire. Tant qu’on aura le sentiment de s’appauvrir en laissant partir un de ses membres au service d’une autre Eglise, on ne pourra pas avancer. Les diocèses qui ont eu l’occasion d’envoyer ainsi un des leurs, disent bien que c’est une grâce, un enrichissement pour le diocèse.
A ce propos, un point d’attention nous est indirectement renvoyé : plusieurs responsables des vocations notent que les vocations missionnaires ne passent pas par eux et souvent ils n’en découvrent l’existence que très tard, au moment de l’ordination par exemple. Dans la perspective d’enrichissement diocésain que je viens d’évoquer, il me semble qu’un suivi réciproque serait très profitable à la fois pour que le diocèse se sente partie prenante d’un tel envoi en mission, et pour que celui qui part se sente envoyé par l’Eglise particulière dont il est issu.

Une nécessité se dégage unanimement des questionnaires : coordonner les informations et les contacts.
La multiplicité des Instituts et des publications est perçue comme un facteur de confusion. Il serait bon de réfléchir sur les possibilités d’offrir un visage plus unifié, voire unique, pour savoir à qui s’adresser, sans risque de récupération partisane. Une simplification des structures est réclamée. Certains souhaitent voir ce rôle d’intermédiaire rempli par l’atelier "vocation missionnaire". Cette attente de coordination est très forte : il faudra réfléchir ensemble sur la manière d’y répondre efficacement.

Conclusion

Une question fondamentale mériterait sans doute l’attention de tous les délégués aux vocations :
Peut-on présenter la "vocation", peut-on répercuter l’appel du Seigneur : "Viens, suis-moi...", sans en montrer plusieurs composantes essentielles ?

En particulier :

  1. Peut-on présenter la vocation sans parler de vie contemplative :
    "viens, suis-moi..." c’est à dire : "sois avec moi, constamment..." ?

  2. Peut—on présenter la vocation sans parler de la Mission, telle que Jésus
    lui-même la présente à ses Apôtres : "Vous serez alors mes témoins à Jérusalem (...) et jusqu’aux extrémités de la terre" (Ac.1,8) ?
    Jésus appelle pour l’évangélisation du monde.

Parler aux jeunes avant tout, ou surtout, des besoins des communautés chrétiennes en France ne reviendrait-il pas à présenter une image réductrice de l’appel du Seigneur ? Il n’est évidemment pas question d’ignorer ou de minimiser le besoin crucial de vocations pour l’Eglise en France ; mais il est tout aussi important et non moins urgent de parler de la nécessité d’annoncer la Bonne Nouvelle au monde entier, comme le fait Jean Paul II dans son Encyclique Redemptoris Missio.

En définitive, une présentation globale de la Mission de l’Eglise avérerait sans doute plus mobilisatrice qu’une présentation restreinte. Cela ne susciterait pas moins de vocations pour la Mission en France, mais peut-être davantage !

"La grâce du renouvellement ne peut croître dans les communautés à moins que chacune d’entre elles n’étende le rayon de sa charité jusqu’aux extrémités de la terre et qu’elle n’ait, pour ceux qui sont au loin, une sollicitude semblable à celle qu’elle a pour ceux qui sont ses propres membres" (A.G.37)

Peut-être pourrait-on paraphraser cette déclaration du Concile et dire : "On ne suscitera pas des vocations pour l’Eglise qui est en France, à moins qu’on ait un souci semblable de la nécessité de vocations pour la Mission à l’extérieur..." !

Voilà les quelques éléments que j’ai retenu à partir des 18 réponses recueillies. Leur représentativité est faible, mais ces réflexions nous donnent une base pour échanger fructueusement sur la manière d’aborder la vocation missionnaire au sein des S.D.V. n

P. Etienne Perrin
M.E.P.