A vous de juger


A propos du clip "Je te promets"

Le clip produit par le SNV fait couler beaucoup d’encre. Il y a les "pour" et les "contre". Nous cédons ici la parole à un "représentant" de chaque tendance. En premier lieu, Bernard Mercier de l’Acnav, suivi d’Anne Ponce, journaliste à La Croix.
A vous de juger !

CONTRE

A l’exception des deux clochards qui vont se passer la bouteille, en plan serré, de la célébration, en plan d’ensemble, on peut vraiment dire que (dans ce clip) il n’y a pas de rencontres. Les quelques embrassades, en gros plan, coupées de tout environnement, évoquent simplement l’affection. On y joue plus sur l’émotif fusionnel que sur la symbolique de groupe.
C’est là que se situe l’ambiguïté. On ne peut pas répondre à la série de questions de notre grille : "est-ce que ça veut démontrer, décrire, raconter, mobiliser, faire exister un groupe, souder un groupe ?" Non plus qu’à celle : "qu’est-ce que l’auteur veut nous communiquer ?"
Le choix ne semble pas fait entre émotif-stimulateur et symbolique de groupe. Avec les blancs du début et de la fin, nous sommes plus du côté de "la vie après la vie" ou du "new âge" que de la symbolique chrétienne. Toutes ces images sont du côté de l’évocation sans être porteuses, ni en elles-mêmes ni dans leur enchaînement, d’une signification précise : elles connotent simplement "du religieux". Et celui-ci est détaché de toute humanité, de toute incarnation, sauf peut-être pour la célébration. Sur une musique qui manque de rythme et de "muscle", le texte est collé à l’image plus qu’il n’entre en composition avec elle. Il y a un côte à côte sans renvoi de l’un à l’autre. Cela me rappelle tant de textes lus ou entendus depuis deux ou trois décennies et que les outils de "l’école des langages" nous permettent de nommer pseudo-disciplinaires. Ce n’est ni descriptif, ni symbolique de groupe : quant à la discipline... Pas plus que les images, ce texte ne véhicule de communication précise. "Qui parle à qui ?" On ne sait.

Où court-il ? A qui parle-t-il ? Si la réponse à ces questions n’est pas portée par le produit, fut-il clipesque, mais vient d’un autre propos, c’est que nous ne sommes pas dans un audiovisuel communiquant. Sur ce que j’ai vu et entendu, je peux dire :

- un homme, qui part du blanc pour y aboutir avec d’autres, court dans un décor évocateur de ville d’aujourd’hui sans jamais rencontrer personne même lorsqu’il traverse une foule ;

- une connotation religieuse est apportée qui me semble assez peu chrétienne (même avec quelques secondes de crucifix) tant elle est "ailleurs", désincarnée ;

- une fausse symbolique jouant mal sur les émotions de visages en gros plan n’éclaire pas plus le propos que le flou du texte dont je pense qu’il n’a pas de spécificité chrétienne. Il n’est donc pas assuré que son lien avec l’immersion-émergence qui, je pense, évoquait le baptême porte signification sans traitement par le groupe. Ce que l’on voit s’approche d’un retour au sein maternel avec sortie dans un costume autre ; pourquoi ?
Jean Vernette, dans un récent article nous invite à l’attention par rapport aux questions posées par le Nouvel Age sous peine de n’être entendu ni pris au sérieux, et nous donne quelques conseils pour évangéliser la nouvelle religiosité. Il me semble que cette évangélisation ne sera pas possible sans le marquage des distances. Je ne suis pas sûr que des pratiquants du Nouvel Age prendraient conscience de cette distance en regardant la cassette.
Alors je suis triste devant un tel produit, signé par un service national. Ce service a mis le paquet pour une qualité d’images certaine. Mais il ne me semble pas entré dans une communication audiovisuelle. Vu son prix modique, cette vidéo sera proposée et sans doute regardée par certains. Il se peut même qu’elle plaise. Alors aidons-les a voir. Contrairement à ce que nous souhaitent les auteurs, attardons-nous sur la forme ; nommons ce que nous avons vu et entendu. Ce peut être un chemin pour évangéliser la nouvelle religiosité, puisque le produit existe.

Bernard Mercier
(extrait de la publication Auvimage)

POUR

"La chanson catho, c’est pas toujours très... Enfin, c’est parfois un peu ringard. Alors quand on annonce un clip musical sur les vocations, on se dit : "Aïe, aïe, aïe". Eh bien non, la surprise est très heureuse. Au milieu d’une série de clips de variétés, il ne ferait pas mauvaise figure. Au contraire. Il est d’ailleurs déjà passé sur M6 et La 5 . "Nous voulions être résolument positifs, professionnels et compréhensibles", expliquent ses promoteurs. Ce clip s’adresse en effet aux jeunes. Commandé par les diocèses au Service National des Vocations, son objectif est de servir de plate-forme de discussion. "Ce n’est pas un cours qui dirait tout de la vocation , précise son auteur-compositeur-interprète Eric Julien. Ce n’est pas non plus une présentation de la vie religieuse. Il s’agit de réfléchir sur l’appel de Dieu et la réponse de l’homme, plus généralement sur le sens de la vie et de toute vocation chrétienne".
Le clip mêle les symboles chrétiens comme l’eau et la lumière avec des visages et des scènes de la vie quotidienne de la ville. "Il présente la vocation comme une histoire d’amour, souligne Eric Julien. C’est l’abord le plus compréhensible pour des adolescents". Il s’appuie aussi sur des langages auxquels les jeunes sont tout particulièrement sensibles : la musique et l’image. Mais ce serait sans doute une erreur de penser qu’un clip sur les vocations est l’alliance de la carpe et du lapin. La musique et l’image parlent aux jeunes, c’est une évidence. Mais la vocation ne leur paraît pas forcément aussi étrange qu’on pourrait le penser au premier abord : une enquête récente du magazine Panorama ne révélait-elle pas que 23 % des 20-30 ans affirmaient avoir un jour envisagé de consacrer leur vie à une vocation religieuse ? A vos cassettes ! o

Anne Ponce
(extrait du journal La Croix )