Ce que j’aimerais partager avec les religieuses


Marie-Edith MEENS,
laïque mariée

J’ai été particulièrement interpellée par la proximité entre vocation religieuse et vocation des laïcs fidèles du Christ.

  • Grande complémentarité entre les deux choix de vie du mariage et du célibat. L’un n’est pas plus facile que l’autre. C’est le même engagement dans la durée. Ce sont les mêmes risques d’échec.
    Avec leurs moyens propres, tous deux disent quelque chose de divin au milieu de la société.
    Si dans l’alliance du mariage, les chrétiens sont signes de l’amour du Christ pour son Eglise, dans le célibat le religieux, la religieuse proclame à tous les hommes, au monde, que son a-venir est dans le Royaume, ce Royaume qu’il anticipe déjà par sa manière de vivre, en proclamant son espérance de résurrection.
  • La chasteté n’est pas propre à la vie religieuse. Ceci n’a pas été explicitement formulé au congrès, mais les propos de Mgr THOMAS m’ont amenée à cette réflexion. La chasteté donc, n’est pas réservée aux seuls consacrés qui ont fait un choix de vie dans le célibat, dans le sens où c’est dans la charité que la chasteté s’enracine.
    L’amour de charité, de respect, qui permet de renoncer à l’amour captateur, consommateur, à l’amour-propre est un amour chaste. Cette chasteté du cœur est don de l’Esprit, et tout chrétien marié ou célibataire peut l’obtenir par sa vie dans l’Esprit.
    D’où, il nous faut être constamment attentifs, nous dit Mgr THOMAS, à parler conjointement du mariage et du célibat : tous deux sont significatifs et nobles, car tous deux permettent de vivre la vie chrétienne.
  • Mgr THOMAS dit : "La vocation religieuse est le type d’être chrétien le plus en continuité avec la vocation baptismale et sa logique."
    De fait, c’est bien une forme de vocation baptismale dont l’Eglise a le plus grand besoin : elle l’approuve, elle y tient, elle y reconnaît le plus grand nombre d’initiatives nées en dehors de l’Eglise hiérarchique, de la part d’hommes, mais surtout de femmes particulièrement attentives aux besoins de leur temps, ayant l’intuition des renouveaux nécessaires.
    Beaucoup de fondations religieuses sont nées de la collaboration entre un homme et une femme, associés saintement pour répondre à de nouveaux besoins. Prolongement de la vocation baptismale des fidèles laïcs donc, la vie religieuse cependant en est le moteur, comme un phare qui se démarque pour indiquer et ouvrir la route.
    Elle est :
    - d’une grande richesse pour les laïcs du peuple de Dieu : stimulation évangélique, à l’avant-garde, comme pour ouvrir la porte !
    - d’une grande richesse aussi pour l’Eglise dans sa totalité car elle représente le primat spirituel de la sainteté sur tous les ministères ordonnés et sur toutes les tâches entreprises ad extra par les baptisés.
    Elle témoigne que tout prend sens à partir du choix qu’elle fait à savoir : aimer le Christ par-dessus tout. Rien n’est possible sans cela !
  • Sur les pratiques de l’appel, quelques flashes rapides :
    - ne pas focaliser tous les efforts des Services Diocésains des Vocations sur la vocation sacerdotale, mais : choisir de parler joyeusement de la vocation religieuse. Dans nos équipes, donner la parole aux religieuses.
    - faire une année de la vie religieuse (je le dis pour nous confirmer dans les intuitions et les initiatives de notre service diocésain).
    - donner l’occasion aux jeunes de vérifier "intra muros" que la pauvreté, la chasteté, l’obéissance ne sont pas incompatibles avec la joie, le goût, la chaleur fraternelle, la grande liberté intérieure,
    que la vie évangélique est désirable comme hypothèse de vie chrétienne,
    que l’amour de Dieu et des autres comble une existence.
    Ces expériences existent. Il faut peut-être les multiplier, j’en connais une et je promets de suivre son évolution pour essayer d’en mesurer les chances et les risques.