VOCATION CONTEMPLATIVE


Terminons par ce qui devrait être le plus simple et qui, pourtant, semble bien être aujourd’hui une des grandes sources de difficultés entre les Services des Vocations, les Congrégations religieuses et certaines Communautés Nouvelles : la question de la VOCATION MONASTIQUE.

Cette forme de vie est, historiquement, à l’origine de toute forme de vie religieuse. A la suite de Saint Antoine qui part au désert vers les années 290, une multitude d’hommes et de femmes, s’inspirant de l’intuition fondatrice du "Père des Moines", partira au désert, à cause de Dieu Seul. Cette forme de vie connaîtra une grande diversité et évoluera considérablement au cours des siècles.

Elle est librement choisie chez les hommes à la suite de Pacôme, Benoît, Bruno, Bernard...

Chez les femmes aussi, elle proviendra souvent d’un choix avec Mélanie, Macrine, Scolastique, Claire ou Thérèse. Mais il pourra arriver qu’elle soit imposée à une fondatrice (Jeanne de Chantal) et elle sera jusqu’au XIXème siècle le modèle quasi unique de la vie religieuse féminine.

Chez les hommes comme chez les femmes, le signe de l’entrée dans la vie monastique sera la prise d’habit, manifestant la rupture définitive et l’engagement total dans la plénitude d’une vie seule avec le Seul. C’est cette "vêture" qui entraînera les trois vœux (n’apparaissant que quelques mille ans plus tard). La rupture, signifiée par le vêtement monastique, sera en particulier manifestée par la séparation stricte des "sexes" (qu’il nous suffise de relire la Règle de Pacôme) et l’interdiction de l’entrée des "laïcs" dans l’enceinte monastique.

Il ne s’agit nullement de mépriser la valeur de la vocation au mariage ou de la considérer comme inférieure. Mais il s’agit de permettre, dans sa plénitude, la radicalité du signe que l’Esprit a donné à son Eglise par St Antoine et ses successeurs. Un signe, pour être signe, ne peut souffrir ni mélange ni confusion. Tout baptisé peut et doit vivre la dimension contemplative de son baptême. Mais en érigeant la vie monastique comme signe pour le monde de la radicale et absolue Transcendance de l’Unique Trinité, l’Eglise a nettement délimité le sens des mots moines et moniales.

N’est vie monastique, au sens du Code de Droit Canonique, et donc au sens où tout baptisé doit l’entendre, que la Vie Religieuse signifiée par la vêture monastique (qui accompagne la profession des trois vœux) et comportant la séparation (séparation des hommes et des femmes, séparation des consacrés et des non consacrés).

En ce sens, la forme de vie contemplative, vécue dans les Communautés Nouvelles ne correspond pas à ce que le Code définit comme la Vie Monastique, masculine ou féminine.

Mais ceci étant posé, il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître qu’au sein des Communautés Nouvelles, certains et certaines sont bien appelés à signifier de manière plus radicale la dimension contemplative de toute vie chrétienne.

Lorsqu’on va y parler de "postulat", de "noviciat", de "tenue communautaire" ou "d’habit religieux", il s’agira incontestablement d’une terminologie impropre. Mais il y a derrière ces mots, un authentique appel de l’Esprit et une vraie et nouvelle démarche de contemplation.

Ces imprécisions de langage entraînent des confusions nombreuses dans l’esprit des jeunes et sont dommageables pour tous. Avec Marie-Aleth TRAPET (1) et avec le Père DORTEL-CLAUDOT (2) nous pensons que "ces emprunts et ce mimétisme sont regrettables" et qu’ils constituent un danger pour les Communautés religieuses comme pour les Communautés Nouvelles. "Ils empêchent ces dernières de dégager ce qui fait leur originalité et leur nouveauté", et ils font courir aux premières le risque de paraître poussiéreuses ou dépassées alors qu’elles sont Signes et charismes pour aujourd’hui.

A cause de tout cela, il était très important pour nous de demander à deux contemplatifs, un moine cistercien et un consacré dans la Communauté du Lion de Juda, de dire à nos lecteurs, au-delà des mots et des formes extérieures ou canoniques, le sens de leur vocation, sa signification dans l’Eglise et pour le monde.

NOTES : -----------------------------------------------

1) Marie-Aleth TRAPET : "POUR l’AVENIR DES COMMUNAUTES NOUVELLES DANS l’EGLISE" D.D.B. 1987 [ Retour au Texte ]

2) Père DORTEL-CLAUDOT : "DOCUMENT DE l’EPISCOPAT" n° 5 - avril 1991 [ Retour au Texte ]